Sept jours sur sept : j’adore
Paris Notre-Dame du 2 février 2012
Mercredi 25 janvier, à l’issue de la messe, N.-D. du Travail (14e) a lancé une adoration permanente à l’échelle de sa paroisse pour fortifier son élan missionnaire. Reportage.
Le grand ostensoir brille et l’hostie blanche est exposée sur l’autel, face aux regards. Ce soir-là,à l’issue de la messe paroissiale, le P. François Potez et ses paroissiens lancent l’adoration permanente à N.-D. du Travail (14e) ; elle n’aura pour seule interruption que les prochaines vacances d’été. Mûrie depuis quelques années déjà et proposée au mois de septembre, l’initiative a d’emblée reçu l’adhésion de 200 inscrits, soit le nombre de paroissiens présents ce soir-là pour le lancement. « L’idée de fond est de repartir du Christ dans toutes nos actions, souligne le curé. On trouve, dans l’enseignement de Jean-Paul II et de Benoît XVI, une invitation à devenir des spécialistes de l’adoration, mais aussi à la vivre en Église et en paroisse, afin de mettre le Christ au cœur de notre vie commune et de nous mettre chacun en état de mission. » Cette adoration permanente est aussi destinée à soutenir, dans la prière, le lancement des cellules paroissiales d’évangélisation [1] qui se fera pendant le carême. « C’est un succès, témoigne Henri, paroissien d’une quarantaine d’années et futur membre des cellules paroissiales. C’est un appel à nous dépasser. Je suis aussi très touché par le mélange des générations : c’est un beau témoignage. »
Lancement dans l’enthousiasme
Après quelque minutes d’adoration proposées en action de grâce à l’issue de la messe, l’assemblée se dirige en procession vers la petite chapelle immaculée – aménagée un étage plus bas – qui abritera désormais l’hostie exposée et ses adorateurs qui se relaieront du mardi matin après la messe au samedi matin, avant la messe. La petite foule se serre sur les rangs et un nouveau temps d’adoration s’ensuit. Laissant peu à peu les premiers adorateurs inscrits prendre leur tour, les paroissiens s’échappent. À l’extérieur, des mains se serrent et des regards heureux s’échangent. Chacun se manifeste pour que la grille de permanence ne comporte pas de « trous » : « Inscris-moi dans les cases qui te manquent », lance un quadragénaire à l’adresse de Philippe, chargé du roulement.
« Un foyer de prière ardent »
Pour Geoffroy, jeune pro, inscrit le jeudi entre 3 et 4 heures du matin, l’expérience est nouvelle et enthousiasmante. « Je suis heureux de pouvoir approfondir cette expérience de prière : c’est à la fois quelque chose de très profond et de très simple. Une fois en face de l’hostie, on se laisse aspirer et inspirer, on se laisse aimer. Cette démarche s’inscrit aussi dans une belle dynamique de paroisse : nous formons la communauté des adorateurs du quartier. » Un écho à l’analyse du P. Potez : « Une paroisse qui adore nuit et jour est un foyer ardent, un canal d’accès pour que le Seigneur puisse la pétrir de son amour ». Et d’ajouter : « La présence physique du Christ, adoré dans l’Eucharistie, rayonne dans le quartier, comme une lampe qui y brûle en permanence. » • Laurence Faure
Trois questions à… P. Patrick Lecouve, supérieur provincial des religieux du Saint-Sacrement à Paris
P. N.-D. : Qu’est-ce que l’adoration
P. Patrick Lecouve– C’est un culte que l’on rend à Dieu qui ne doit pas concerner seulement le moment précis où nous adorons mais englober toute notre vie. Nous vivons ce moment pour que le Seigneur habite notre cœur, afin « que Lui grandisse et que moi je diminue » (Jn 3, 30). En outre, n’oublions pas que l’adoration est le signe par excellence du Seigneur qui se donne en nourriture : « Ceci est mon corps livré pour vous », nous dit-il. Dans chaque face-à-face avec l’hostie exposée, nous entrons dans cette dynamique du don : le Seigneur se donne et veut nous donner des grâces.
P. N.-D. : Pourquoi la messe et l’adoration eucharistique sont-elles indissociables ?
P. L. –La messe est le moment par excellence où l’on vit l’expérience de l’Eucharistie. On y vit la rencontre avec le Seigneur mais aussi avec nos frères. On y fait l’expérience de la Parole, de la louange et de la Pâque – mort et résurrection du Christ. À la messe, on communie ainsi au corps du Christ tout entier, à son corps mystique qu’est l’Église. Or, l’adoration est l’acte de mémoire de cette communion. C’est un prolongement des grâces vécues dans la célébration de l’Eucharistie. Et de même qu’on ne vit pas « sa »messe pour soi, on ne vit pas l’adoration comme un « cœur à cœur » individuel mais en communion avec toute l’Église. C’est un « écueil » fréquent : durant l’adoration, on se focalise sur la Présence réelle en oubliant ce qui s’est vécu à la messe, notamment l’écoute de la Parole de Dieu et la prière d’intercession pour l’Église et pour le monde.
P.N.-D. :Quelles sont les clés pour adorer ?
P. L. – On peut diviser notre adoration en quatre temps. Le premier est celui de la mise en présence du Seigneur : nous nous laissons aimer par lui avec tout ce que nous sommes et nous lui déposons tout ce qui fait notre vie : joies et pauvretés. Le deuxième temps est celui de la Parole de Dieu qui, grâce à l’action de l’Esprit Saint, vient nous éclairer. Le troisième temps est celui de la réconciliation avec le Seigneur pendant lequel nous pouvons demander la grâce de la conversion.Enfin, dans un quatrième temps, nous pouvons faire une prière d’intercession vers le Père, par le Fils, dans l’Esprit. • Propos recueillis par Laurence Faure
Cycle de conférences du P. Patrick Lecouve sur « l’Adoration eucharistique, un “à-côté” ou un prolongement de la messe ? » les lundis 6 février, 5 mars et 19 mars de 20h30 à 22h. À la chapelle N.-D. du Saint Sacrement, 20 rue Cortambert (16e). Tél. : 01 45 03 24 82.
[1] La « cellule » est un petit groupe de laïcs qui se réunit chaque semaine pour prier, partager la Parole et s’encourager dans le témoignage. Elle est appelée à croître par l’adhésion de nouveaux membres et à se multiplier pour soutenir et animer la paroisse dans sa mission évangélisatrice.
http://cellules-evangelisation.org
Pour participer à l’adoration permanente à N.-D. du Travail :
adoration@notredamedutravail.net