Bernardins, le Collège hors les murs
Paris Notre-Dame du 26 août 2010
Depuis deux ans, le succès du Collège des Bernardins ne se dément pas. Expositions, concerts, conférences, cours publics, colloques… Hervé de Vaublanc, secrétaire général, revient sur les différentes activités proposées jusque-là, et les projets à venir.
Paris Notre-Dame : En deux ans, avez-vous l’impression d’avoir trouvé votre public ?
Hervé de Vaublanc : En 2009, 150 000 personnes ont passé les portes du Collège des Bernardins. Cela montre déjà un succès important. Mais nous ne pouvons pas uniquement nous satisfaire de chiffres quantitatifs. Il faut que nous arrivions à toucher un public le plus large possible. Pour cela, nous concentrons nos efforts pour que des femmes et des hommes, plus jeunes et plus actifs, s’intéressent également à nos activités. Nous devons aménager notre programmation et leur proposer des événements cohérents avec leurs centres d’intérêts, leurs interrogations et leurs agendas. A la rentrée, nous augmenterons d’ailleurs les propositions le samedi, le matin tôt ou le soir. Dans cette optique, à partir de septembre, les « Mardis des Bernardins » débuteront à 20h, au lieu de 19h30, pour permettre au plus grand nombre de venir assister à ce rendez-vous hebdomadaire.
P. N.-D. : Avez-vous développé des propositions particulières pour les jeunes ?
H. de V. : Nous avons lancé différentes initiatives à leur intention. En mars, nous avons accueilli plus de 250 jeunes professionnels pour une journée organisée avec le Mouvement chrétiens des cadres et dirigeants (MCC).Pour donner suite, nous créons à la rentrée un atelier « finance de marché », un lundi soir par mois. Nous avons aussi commencé à mettre en place des « after college ».Un peu comme un « Bernardins off », à l’image du festival d’Avignon, nous proposons à de jeunes artistes semi-professionnels de se produire en public. Nous voudrions en faire un rendez-vous régulier. Nous développons également des coopérations avec les bureaux d’élèves des universités et des grandes écoles. Les meilleurs événements que nous pourrons mettre en œuvre, sont ceux que nous concevrons avec les jeunes eux-mêmes.
P. N.-D. : Votre objectif d’être en relation avec la société a-t-il bien fonctionné jusque-là ?
H. de V. : Au-delà de notre propre programmation, nous accueillons chaque année plus de 150 manifestations initiées par d’autres. Monde associatif, institutions publiques, médias, entreprises : nos interlocuteurs sont très variés. Et les relations qui peuvent s’établir avec eux le sont aussi. En amont, le comité des programmations vérifie la cohérence du projet avec celui du Collège. Ensuite, soit nous mettons sur pied un partenariat et accompagnons alors l’élaboration du projet ; soit nous facilitons l’accueil et la communication autour de l’événement, sans prendre part à la production ; soit, enfin, une entreprise cherche un lieu pour une manifestation. Toutes ces organisations ou entreprises qui viennent aux Bernardins ont un point commun : elles sont touchées par le lieu. Un grand événement ou une simple réunion ne s’y dérouleront pas comme ailleurs. Ces manifestations représentent une formidable ouverture, mais également une source de financement indispensable à notre projet.
P. N.-D. : Vous avez déjà un site web très fourni. Comment comptez-vous continuer le développement de cet « e-collège des Bernardins » ?
H. de V. : Les événements du Collège ne doivent pas s’arrêter à ses murs ! Nous avons une richesse de contenu qu’il faut faire partager au plus grand nombre. C’est ce que nous pourrions appeler le ecollège. Nous mettons aujourd’hui en ligne un grand nombre de manifestations sur notre site, mais aussi sur des sites de partage de vidéo comme “Dailymotion”.C’est une première étape. Dès que l’on reçoit une personnalité ou que la conférence concerne un sujet porteur – comme le spirituel dans la vie courante – nous explosons les compteurs. A la rentrée, nous voulons aller plus loin en ayant une politique volontariste de diffusion ciblée de nos contenus. Blogs, forums, réseaux sociaux, nous ferons du « community management » et entrerons en contact avec la communauté d’internautes attirés par nos propositions ainsi que les acteurs du web partageant nos centres d’intérêts.
P. N.-D. : Y-a-t-il des domaines où le Collège des Bernardins n’a pas encore trouvé son équilibre ?
H. de V. : Notre approche du cinéma n’a pas rencontré son public. Nous ne voulions pas être un cinéma d’art et d’essai, mais éduquer le regard. Nous réfléchissons à un nouveau parti-pris. Autre point, la création contemporaine : abstraite ou figurative, il nous paraît important d’être en dialogue avec des artistes vivants, de façon objective, respectueuse et accessible. Notre dernière exposition, “La Pesanteur et la grâce”, ne fait pas l’unanimité parmi nos visiteurs. Son minimalisme volontaire peut troubler d’un premier abord. Cela fait débat et nous avons intégré les remarques qui nous ont été transmises. Mais il faut aller plus loin, et s’interroger soi-même sur son jugement. Notre rôle n’est pas de servir un art attendu et facile, « esthétique » voire décoratif, mais de susciter la réflexion et la discussion. • Propos recueillis par Sophie Lebrun
ÉCOLE CATHÉDRALE : LA GREFFE A PRIS
Ils étaient 2 000 élèves, lorsque l’Ecole Cathédrale se trouvait rue Massillon. Aujourd’hui, ils sont plus de 4 000 à en suivre les cours. Comme le souligne Hervé de Vaublanc : « la greffe a pris ». Le profil des étudiants : des personnes en quête de formation et d’approfondissement de leur connaissance sur la foi. Cette année, le Collège ouvre aux internautes certains cycles : cinq d’entre eux, comprenant douze cours chacun, seront téléchargeables gratuitement, et pourront être écoutés facilement sur un lecteur mp3. • S.L.
UN PÔLE DE RECHERCHE QUI MONTE EN PUISSANCE
Formations des équipes, élaboration des manifestes et des sujets de recherche, partenariats avec des universités et des institutions : sous l’impulsion du P. Antoine Guggenheim, certains départements de recherche, qui ont à peine deux ans, arrivent déjà à maturité. De grands noms ont accepté de s’associer au Collège des Bernardins, comme l’anthropologue René Girard, et actuellement, Marcel Gauchet, qui préside la chaire de recherche. De nombreux colloques et publications sont programmés. • S.L.
BÉNÉVOLES ET SALARIÉS, MAIN DANS LA MAIN
160 bénévoles et 29 salariés : leur point commun ? Ils ont tous reçu une lettre de mission qui délimite très clairement l’engagement de chacun. Ainsi, sont posés les périmètres de compétences, le savoir-faire et les disponibilités. Les bénévoles, au même titre que les salariés, passent un entretien annuel avec leur hiérarchie qui permet de faire un point précis sur leur relation avec le Collège. • S.L.