Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Journée diocésaine des prêtres de Paris dans le cadre de l’Année de la foi – 5e vendredi de Pâques – Année C

Vendredi 5 avril 2013 - Abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire (45)

Jésus est la personne en laquelle se rencontrent la volonté de Dieu qui veut sauver les hommes, et l’aspiration des hommes au désir de salut qui monte de leurs cœurs. Cette rencontre est confrontée au mystère de la liberté. Les sacrements de l’Église sont pour nous des lieux de rencontre avec le Christ ressuscité.

 Ac 4, 1-12 ; Ps 117, 1-2.4.22-26 ; Jn 21, 1-14

En dehors de Jésus, il n’y a pas de salut, et son nom donné aux hommes est le seul qui puisse nous sauver. Tout au long de l’histoire des hommes, Dieu a cherché à construire le salut de l’humanité. Mais le salut de l’humanité n’est pas seulement une volonté de Dieu extérieure à l’homme lui-même, c’est un désir qui monte aussi de son cœur. L’homme cherche, de quelque façon qu’il l’appelle, un salut qui réalise ce qu’il peut espérer de mieux. Jésus est la personne dans laquelle se rencontrent cette volonté de Dieu et cette aspiration de l’homme. Et les disciples du Christ connaissent la bonne nouvelle de cette rencontre, ils savent que Jésus est le seul qui puisse sauver l’humanité.

Il n’en découle pas que la foi au Christ soit simple et facile, même pour ceux qui y ont été formés dès leur plus jeune âge. Voyez comme les disciples, à la troisième apparition du Seigneur sont encore dans l’expectative. Ils le voient, ils le reconnaissent, ils le nomment, et pourtant ils ne savent toujours pas qui il est. Nous ne pouvons pas surmonter d’une façon légère, cette difficulté à reconnaître le Christ ressuscité. Si nous le faisions, nous ne ferions pas droit à la liberté de l’homme qui cherche la rencontre avec Dieu. Et surtout, nous risquerions de nommer Jésus, en désignant l’objet de notre désir plus que la réalité qui se présente à nous.

Notre chemin pour rencontrer le Christ ressuscité est le même depuis ses apparitions aux disciples. C’est le chemin des signes : le signe de la pêche, le signe du pain partagé, le signe des poissons qu’il donne en nourriture, les signes qu’il a déjà donnés avant sa mort comme une annonce pour que l’on puisse le reconnaître. Et nous aussi, nous le connaissons à travers les signes de l’eucharistie et des sacrements, à travers le signe de l’Église assemblée de par le monde, à travers le signe de sa Parole. Et nous rendons grâce qu’il nous ait associés à l’actualisation de ces signes par le ministère qu’il nous a confié. Comme Pierre et Jean, nous sommes appelés à donner ce que nous n’avons pas, comme Pierre et Jean nous sommes appelés à donner le signe du Christ qui ne nous appartient pas et à guérir la paralysie de l’homme pour qu’il puisse se redresser.

Que le Seigneur nous donne d’éprouver, avec les disciples qui le reconnaissent au bord du lac, la joie profonde de le redécouvrir, jour après jour, à travers les signes qu’il nous donne, la joie profonde de l’annoncer aux hommes pour leur salut, la joie profonde de partager aux hommes la grâce qu’il nous donne. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris

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