Intervention du Père Henri de Villefranche - Cycle Droit, Liberté, Foi 2009
Cycle "La parole et le droit" - 3 octobre 2007
Première soirée : Les enjeux contemporains de la parole, Père Henry de Villefranche et M. Pierre Lévy-Soussan
Monsieur le Bâtonnier,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Chargé de la présidence de cette soirée, je voudrais profiter de ce que j’ai la parole quelques minutes pour vous dire la joie qui est la mienne que se tienne cette dixième édition du cycle « Droit, Liberté et Foi ». Je m’associe bien sûr aux remerciements que vous avez formulés à l’instant, Monsieur le Bâtonnier.
Ce soir, nous n’allons pas parler directement du droit. Rassurez-vous : les deux soirées suivantes rattraperont cette lacune. Nous allons d’abord réfléchir un peu à la parole en tant qu’elle est constitutive de notre humanité. Être un homme, c’est parler, utiliser un langage articulé, construire des phrases, raconter des histoires. Crier est inné, parler suppose un apprentissage à la fois merveilleusement rapide lorsque l’on songe à la complexité de cette opération, et très lent, laborieux, que nous ne réussissons pas tous également. La parole humaine suppose une culture, une communauté. Elle suppose aussi peut-être la parole de Dieu, une parole plus englobante, la parole qui crée, la parole qui tire tout à l’être et fait que l’ordre est plus originaire que le chaos et que le droit est plus solide, plus durable, plus structurant que le désordre.
Pour soutenir notre réflexion, nous entendrons d’une part le P. Henry de Villefranche et d’autre part le Docteur Pierre Lévy-Soussan. L’un et l’autre vont nous faire entrer dans ce que l’on peut appeler le « mystère de la parole ». Ils traiteront ce problème ancien, je crois pouvoir le dire, selon deux approches différentes mais également modernes. Car notre époque de bruit, d’agitation, de paroles multipliées, a paradoxalement beaucoup approfondi le fait de la parole. Les deux approches de nos invités de ce soir pourraient être complétées par bien d’autres ; elles le seront par celles des juristes dans les autres séances. Déjà ce soir, vous pourrez leur poser vos questions ou partager vos réflexions.
Le P. Henry de Villefranche est prêtre, il a été ordonné en 1982, il y aura bientôt 25 ans puisqu’il fut ordonné en hiver par une de ces exceptions dont il est coutumier. Il est exégète, professeur à la Faculté de théologie de l’École cathédrale, c’est-à-dire ici-même. Si mes renseignements sont exacts, vous donnez en ce moment un séminaire sur l’évangile selon saint Jean. Relisant avec nous les anciennes Écritures d’Israël, vous allez nous faire sentir comment la Parole se dit et se donne dans l’écrit qui la porte et qu’elle transcende. « La parole et le droit » : ce peut être aussi la parole de Dieu, celle qui fait parler les hommes.
Docteur Lévy-Soussan, vous êtes psychiatre et psychanalyste. Vous êtes aussi médecin-directeur, enseignant attaché à la faculté Paris-VII et membre de la Société psychanalytique de Paris. Vous venez de publier un livre, paru en 2006 chez Hachette Littératures : Éloge du secret. Vous y montrez les ambiguïtés du culte à tout prix de la transparence et le bienfait de certains secrets sur le fond desquels une parole peut se préparer, se nourrir, se donner. J’ai fait votre connaissance récemment et je vous remercie déjà d’avoir accepté de nous faire réfléchir sur le thème : « La parole est-elle libératrice ? ».