L’adoration sera mondiale
Paris Notre-Dame du 30 mai 2013
Une heure d’adoration eucharistique simultanée dans le monde. C’est ce qu’a proposé Benoît XVI à l’occasion de l’Année de la foi à tous les catholiques, et pas n’importe quel jour : le dimanche 2 juin, solennité de la Fête-Dieu, à 17h.
À 17h, à Rome, le 2 juin, il sera 23h à Manille, midi à Buenos Aires et 1h du matin en Papouasie. Qu’importe, elles seront au rendez-vous. Les catholiques du monde entier pourront prier ce jour-là au même moment devant le Saint-Sacrement exposé. Une proposition exceptionnelle de Benoît XVI pour cette Année de la foi, relayée aujourd’hui par le pape François. Celui-ci présidera l’adoration du Saint-Sacrement à la basilique St-Pierre à Rome. À Paris, le cardinal André Vingt-Trois la présidera, quant à lui, à la cathédrale Notre-Dame. Parallèlement, beaucoup d’églises parisiennes exposeront également le Saint-Sacrement à l’instant « T » [1]. « C’est l’image la plus belle de l’Église en prière : celle d’un peuple qui se laisse configurer au Christ, souligne le P. Emmanuel Coquet, chapelain de N.- D. du Saint-Sacrement (16e). L’adoration est la prière de l’Église par excellence puisque c’est l’Eucharistie qui fait l’Église et qui la nourrit. L’image du monde en adoration me fait penser à cette phrase d’Ezéchiel : “J’irai vous prendre dans toutes les nations ; je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous ramènerai sur votre terre” ». Un grand rassemblement eucharistique qui prendra tout son sens le jour de la Fête-Dieu – appelée aussi Fête du Saint-Sacrement ou Fête du Corps et du Sang du Christ –, célébrée traditionnellement le dimanche suivant la fête de la Sainte Trinité, instituée depuis des siècles, mais dont les origines sont souvent méconnues…
La tradition de la Fête-Dieu
Généralisée en Occident à partir du XIIIe siècle, l’adoration eucharistique s’est répandue d’abord lors de la messe, au moment de l’élévation, puis lors de prières devant le Saint-Sacrement. C’est dans ce contexte que la Fête-Dieu a été instituée, à l’initiative d’une sainte belge, Julienne de Cornillon (1191-1258). À l’âge de 16 ans, elle reçut une vision de la lune dans toute sa splendeur, qu’une bande noire traversait. La lune symbolisait la vie de l’Église sur terre, la ligne opaque représentait l’absence d’une fête liturgique : une solennité lors de laquelle les croyants pourraient adorer l’Eucharistie pour faire croître leur foi et leur pratique des vertus [2]. Étendue à l’Église par le pape Urbain IV en 1264, cette fête a rapidement donné lieu à des processions, généralisées en France et en Europe au XIVe siècle, rivalisant de splendeur selon les coutumes et les régions : vêtements et chasubles richement brodés, pièces d’orfèvrerie, tapis de fleurs et de pétales de rose – jetées par les enfants sur le chemin du dais abritant le Saint-Sacrement – ... C’est d’ailleurs à cette époque que les premiers ostensoirs ont été fabriqués à la demande du clergé, pour pouvoir montrer la sainte hostie à ses ouailles. La foule bat encore le pavé de nos jours pour la Fête-Dieu, en procession dans les rues de Paris et autres villes et villages de France, d’Europe et du monde. Et ce grâce à Jean-Paul II, qui relança la tradition de la procession à Rome, en 1979, après environ un siècle d’absence. Une volonté de rappeler la grâce de la présence réelle de Dieu dans le Saint-Sacrement qui, comme le précise le P. Coquet, « nous donne Jésus lui-même. L’adorer nous conduit à lui ressembler : plus on fréquente quelqu’un plus on lui ressemble. C’est tout le sens de notre vie chrétienne ».• Laurence Faure
[1] Une cinquantaine de paroisses proposent une adoration eucharistique le dimanche 2 juin, à 17h. Retrouvez aussi les processions de la Fête-Dieu dans Paris sur dioceseparis.fr
[2] Source : catéchèse de Benoît XVI, le 17 novembre 2010. www.vatican.va