L’œcuménisme, ouverture indispensable
Paris Notre-Dame du 13 décembre 2012
PN.-D. - Le Conseil d’Églises chrétiennes en France (CECEF) fête ses 25 ans. Quel bilan faites-vous de son action ?
Pasteur C. Baty – Le CECEF a le mérite de maintenir le lien entre les Églises anglicane, apostolique arménienne, catholique, orthodoxe et protestante. Il n’est pas toujours facile de travailler à l’unité. Mais les quatre rencontres annuelles – assemblées plénières et réunions du bureau – entre les responsables des familles ecclésiales [1] font grandir l’estime mutuelle. Des questions théologiques ou sociales sont régulièrement traitées : la traduction des textes de foi, la question des couples mixtes ou encore de l’immigration. Quant à la question du mariage pour les personnes de même sexe, chacune de nos religions s’est exprimée à sa façon. Dans ces moments de crise sociale, on mesure l’importance d’être en lien pour tenir bon. L’organisation favorise également la prière commune des chrétiens, à l’occasion de Pâques notamment, et accorde son patronage à d’autres organismes œcuméniques [2].
P. N.-D. - Comment sont célébrés les 25 ans ?
Pasteur C. Baty – Par une fête qui rassemblera, le 13 décembre, les acteurs de l’œcuménisme à la Maison du Protestantisme (9e). Ce sera l’occasion de remettre deux prix : le premier récompense Christophe Delaigue, prêtre du diocèse de Grenoble, pour son mémoire Le Pape, évêque de Rome, successeur de Pierre, patriarche d’Occident ? Le second valorise le cantique Comme Toi en ton Père. Ce prix, qui sera décerné à son auteur Marie-Antoinette Noury, et au musicien Claude-Julien Thil, montre notre volonté d’encourager les chrétiens à prier ensemble. Les 25 ans seront enfin le moment de préciser les futurs chantiers du CECEF. Parmi eux, pour nous aider à reconnaître ce que nous avons en commun, le CECEF constituera un groupe de travail chargé de rédiger une déclaration de reconnaissance mutuelle du baptême que les Églises chrétiennes pourront ratifier. Il est également prévu d’encourager les initiatives qui permettront de donner aux jeunes chrétiens le goût de la recherche de l’unité et de favoriser la connaissance mutuelle de nos histoires.
P. N.-D. - Aujourd’hui, l’œcuménisme ne semble pas être la priorité des jeunes. Qu’en pensez-vous ?
Pasteur C. Baty – Certains croyants sont plutôt dans une recherche identitaire. Leur religion ayant perdu son influence, la tentation est grande de se replier. Je ne pense pas que cette réaction soit fructueuse. Il faut continuer à avoir confiance et à espérer. C’est bien le sujet de notre foi ! Si les chrétiens restent centrés sur le Christ, ils trouveront cohérent de cheminer avec leurs frères. C’est pourquoi je suis persuadé que l’œcuménisme est indispensable. D’ailleurs, notre unité grandit lorsque nous œuvrons ensemble, comme témoins du Christ agissant contre la pauvreté et l’injustice, plutôt que lorsque nous cherchons à délimiter les territoires de nos communautés. • Propos recueillis par Agnès de Rivière
Pour mieux connaître le CECEF :
www.eglise.catholique.fr, onglets « Foi et vie chrétienne
» puis « Le cœur de la foi » et « L’unité des chrétiens ».
[1] Le cardinal André Vingt-Trois ainsi que le métropolite Emmanuel sont coprésidents du CECEF.
[2] Par exemple : l’Institut supérieur d’études œcuméniques et la revue Unité des Chrétiens.