Une aventure avec Dieu au Myanmar
Carol V. Daria, laïque missionnaire des Philippines, a été envoyée il y a six ans par Fondacio travailler avec l’Église du Myanmar pour accompagner les jeunes à discerner leur vocation. Carol était auparavant consultante en ressources humaines dans le monde de l’entreprise.
« En vérité, en vérité je te le dis, quand tu étais jeune, tu nouais ta ceinture et tu allais où tu voulais ; lorsque tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et c’est un autre qui nouera ta ceinture et qui te conduira là où tu ne voudrais pas. [...] Suis-moi. » (Jn 21, 18-19).
Tel était le message que je reçus, alors qu’en termes de carrière, j’étais en continuelle ascension. J’avais beaucoup de bonnes raisons de ne pas partir : famille, communauté, amis, travail. Mais je ne fus en paix que lorsque j’ai dit « oui » à ma « seule » raison de partir : Dieu.
Une aventure avec Dieu...
« Qu’il sera difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le Royaume de Dieu ! » [...] Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. » (Me 10, 23-25).
Eh oui, j’ai réalisé que pour passer par le chas d’une aiguille, il fallait tout abandonner. Première leçon que j’ai apprise comme envoyée en mission... le détachement. Je suis arrivée au Myanmar avec une seule chose en moi : Dieu.
La souffrance de la séparation et de la distance avec ma communauté philippine a été d’autant plus grande que mon père est mort. Cette période a été une expérience de mort intérieure. La présence des pasteurs qui m’ont accompagnée dans cette expérience m’a beaucoup aidée. De la mort, j’ai reçu une vie nouvelle.
Laïque missionnaire catholique, la mission qui m’a été confiée est d’aider à former des jeunes responsables pour le service de l’Église et de la société. Nous offrons une formation permanente qui propose une approche intégrale des aspects humain, spirituel, pastoral et social. Je me réjouis de voir comment ils se sont transformés et épanouis.
Je crois que l’amour de Dieu déborde de toutes parts dans ma vie aujourd’hui. Je sens que mes relations avec les prêtres, religieux et autres laïcs missionnaires dans le pays sont de plus en plus riches. Et surtout, cela fait chaud au cœur de voir que je touche aussi la vie des Philippins qui travaillent dans ce pays. Je sens que mon témoignage les aide à voir Dieu dans un pays étranger.
Après quelques années de mission, je sens que j’ai trouvé une seconde patrie où toutes les relations me sont chères. La mission me rapproche tous les jours davantage de Dieu. Deuxième leçon : au fur et à mesure que je réponds aux besoins du monde, je deviens ce que je suis. La mission m’épanouit !
Pour un discernement spirituel, il convient de repérer les fruits portés. J’éprouve un profond sentiment de paix et de joie, un sentiment nouveau d’unité et de sens de ma vie, ainsi qu’une compréhension et un amour plus profonds pour les autres. Cela a ouvert mon cœur à une confiance de plus en plus grande envers Celui qui appelle : le Christ.
Le Myanmar est précieux à mon cœur, mais je sais que cette expérience ne durera pas toujours. Un jour je devrai partir de nouveau. Peut-être expérimenterai-je la même souffrance pour lâcher prise, mais c’est la troisième leçon, la plus importante que j’ai apprise comme missionnaire... apprendre à s’approprier et se désapproprier la mission. « L’appel » est permanent, mais la mission peut changer. Elle appartient à « Celui qui appelle ». Aussi ai-je appris à rendre gloire à celui qui donne la mission : Dieu.
Carol V. Daria
Traduction : Edith Bernard
Paru dans "Mission de l’Eglise" n°175 (avril-juin 2012)
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