À écouter : Et si on n’arrive pas à pardonner ?
« Demander sans se lasser la grâce de pardonner, c’est reconnaître dans la foi que nos forces sont insuffisantes pour atteindre ce que seul l’Esprit Saint peut opérer en nous. » Une chronique de Mgr Denis Jachiet, vicaire général.
Chaque jour nous redisons dans le Notre Père : « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » Cela nous rappelle, comme l’écrit le pape, que « le pardon des offenses devient l’expression la plus manifeste de l’amour miséricordieux, et pour nous chrétiens c’est un impératif auquel nous ne pouvons pas nous soustraire. » (Misericordiae Vultus n°9).
Il arrive que ce pardon à donner devienne non seulement coûteux mais héroïque. Si nous avons été gravement blessés en profondeur, surtout si c’est par une personne proche, il nous est impossible d’oublier, de simplement passer à autre chose. On voudrait pardonner mais le ressentiment est trop vif et le pardon nous paraît hors de notre portée. Il arrive qu’on se dise : « que celui qui m’a fait du tort commence par reconnaître sa faute et qu’il me demande pardon ! Alors peut-être arriverai-je à lui pardonner ? Pourtant il faut bien reconnaître que si cela se produisait, une véritable réconciliation ne serait pas possible si je n’ai pas d’abord pardonné au fond de moi.
Ce pardon intérieur, si difficile, il nous faut bien le rechercher, le désirer, le demander au Seigneur comme une grâce. Il est vrai que ce chemin peut être long, parfois très long. Tel un pèlerin qui est déjà habité et entraîné sur sa route par les grâces du sanctuaire vers lequel il chemine, le chrétien en quête de pardon est déjà transformé par le désir de pardonner qu’il nourrit dans son cœur. Oui, chercher à pardonner en priant pour ceux qui nous ont fait du mal, c’est déjà vivre de la miséricorde du Seigneur.
Demander sans se lasser la grâce de pardonner, c’est reconnaître dans la foi que nos forces sont insuffisantes pour atteindre ce que seul l’Esprit Saint peut opérer en nous. Soyons assurés que le Christ ressuscité nous rejoint sur cette route, comme il a rejoint les compagnons sur la route d’Emmaüs, pour nous façonner un cœur brûlant d’amour miséricordieux.
Même profondément offensés et blessés, « le pardon est le moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se défaire de la rancœur, de la colère, de la violence et de la vengeance, est la condition pour vivre heureux ». Que l’année de la Miséricorde opère des miracles dans le cœur de ceux qui cheminent vers le pardon.