À écouter : Quand on voit le mal qui est fait, comment ne pas juger ?
« Ne pas juger ni condamner les personnes, c’est renoncer à se mettre à la place de Dieu le Père. Cessons de prétendre connaître les intentions profondes et les conditionnements multiples qui ont motivé les actes commis. Même devant les criminels, ne portons pas de jugement définitif sur les personnes. » Une chronique de Mgr Denis Jachiet, vicaire général.
Des terroristes tuent aveuglément des innocents, des pédophiles abusent d’enfants, des acteurs politiques fomentent la guerre. Il n’est pas possible de ne pas dénoncer ces crimes, de ne pas juger ceux qui les commettent. Pourtant Jésus nous a dit « ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. » Ne faut-il pas alors réserver cette parole de miséricorde aux petites fautes et chicaneries et s’engager dans le jugement et la condamnation quand on est devant le déchaînement du mal et de la haine ?
Le jour viendra où tous nous seront jugés, la vérité ultime de notre existence terrestre apparaîtra devant le Christ en pleine lumière. Seul Dieu peut sonder les cœurs et les reins et connaître les dispositions secrètes de chacun. Les hommes par contre arrêtent leur jugement à ce qui apparaît, à ce qui est superficiel, tandis que seul le Père peut regarder le fond des cœurs. Ne pas juger ni condamner les personnes, c’est renoncer à se mettre à la place de Dieu le Père. Cessons de prétendre connaître les intentions profondes et les conditionnements multiples qui ont motivé les actes commis. Même devant les criminels, ne portons pas de jugement définitif sur les personnes.
Sur les actes, par contre, nous pouvons exercer notre jugement. Il est donné à l’homme une conscience morale capable de discerner le bien et le mal. Il lui est donné de pouvoir reconnaître ce qui est mal et de le dénoncer pour servir la justice, parfois au prix de représailles ou de persécutions. Oui il est possible de juger des situations, et c’est même souvent nécessaire. La justice humaine se porte sur les actes, pas sur les cœurs.
Juger les personnes, ce serait les enfermer dans le mal qu’elles ont pu commettre, les exclure du dessein de miséricorde du Père. En cette année de la Miséricorde, apprenons à poser davantage sur nos frères le regard du Père qui attend le retour de son enfant.
Comme l’écrit le pape : « Ne pas juger et ne pas condamner signifie, de façon positive, savoir accueillir ce qu’il y a de bon en toute personne et ne pas permettre qu’elle ait à souffrir de votre jugement partiel et de votre prétention à tout savoir » (Misericordiae Vultus n° 14)
En condamnant les crimes et en posant un regard de miséricorde sur les criminels, nous apprendrons à devenir « Miséricordieux comme le Père ».