À écouter : La miséricorde remplace-t-elle la justice ?
« La justice humaine veut que chacun reçoive ce qui lui est dû. Elle est au fondement de la vie sociale, de notre système législatif et judiciaire. » Une chronique de Mgr Denis Jachiet, vicaire général.
Nous sommes tous attachés au respect de la justice dans les rapports humains. Et cela depuis l’enfance, souvenons-nous des exclamations « c’est pas juste ! » que nous avons pu maugréer lorsque nous nous sentions lésés. La justice humaine veut que chacun reçoive ce qui lui est dû. Elle est au fondement de la vie sociale, de notre système législatif et judiciaire.
Nous sommes aussi désireux de miséricorde. Nous voulons bénéficier d’un pardon, d’une deuxième chance. Nous désirons aller au-delà de ce que la loi exige dans sa lettre pour exercer la solidarité envers les plus démunis et l’indulgence envers les coupables repentis.
Comment intégrer justice et miséricorde dans les rapports humains ?
Du point de vue de Dieu, les choses se présentent différemment. Dans l’Ancien Testament, Dieu se révèle juste lorsqu’il juge, qu’il récompense ou qu’il punisse. Il se montre plus juste encore lorsqu’il délivre et sauve. Dans sa justice Dieu va jusqu’à libérer l’homme esclave du péché. Jésus dévoile que la justice de Dieu consiste à rendre l’homme juste. « La miséricorde, écrit le pape, n’est donc pas contraire à la justice mais illustre le comportement de Dieu envers le pécheur […] Si Dieu s’arrêtait à la justice, il cesserait d’être Dieu ; il serait comme tous les hommes qui invoquent le respect de la Loi. C’est ainsi que Dieu va au-delà de la justice avec la miséricorde et le pardon » (Misericordiae Vultus n°21). On peut conclure qu’en Dieu la miséricorde est l’accomplissement de la justice.
Est-ce à dire qu’il n’y a plus besoin de justice pour le croyant ? Non, dit le pape « Cela ne signifie pas de dévaluer la justice ou la rendre superflue, au contraire. Qui se trompe devra purger sa peine, mais ce n’est pas là le dernier mot, mais le début de la conversion en faisant l’expérience de la tendresse et du pardon. Dieu ne refuse pas la justice. Il l’intègre et la dépasse dans […] l’expérience de l’amour, fondement d’une vraie justice ».
Intégrons donc nos besoins de justice, de rétribution ou de réparation dans notre chemin de conversion. Il nous conduit à aimer comme Jésus nous aime, par pure miséricorde.