À écouter : La joie de Dieu va vers le pécheur pardonné. Faut-il passer par l’expérience du péché pour la connaître ?
« Ce qui réjouit le plus le cœur de Dieu, c’est le retour du pécheur. La source de la joie du Père est dans ce premier mouvement de conversion de son fils perdu. C’est ce repentir qui lui permet d’exercer sa miséricorde. ». Une chronique de Mgr Denis Jachiet, vicaire général.
« Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentir. » C’est la conclusion de Jésus à la parabole de la brebis perdue et retrouvée. Ce qui réjouit le plus le cœur de Dieu, c’est le retour du pécheur. La source de la joie du Père est dans ce premier mouvement de conversion de son fils perdu. C’est ce repentir qui lui permet d’exercer sa miséricorde. Il permet au Père de pardonner et de célébrer le retour à la vie de ce fils. Qui ne désire un jour partager cette joie ? Qui ne voudrait jubiler dans les bras du Père ?
Alors demandons-nous, est-ce que tous peuvent goûter cette joie ?
Ces 99 justes qui n’ont pas besoin de repentir vont-ils connaître cette joie ? Ce frère ainé qui n’a jamais quitté la maison paternelle pourra-t-il se réjouir avec son père ? Ceux qui, tout en se reconnaissant pécheurs, n’ont pas conscience de jamais s’être gravement éloignés de Dieu ? Peuvent-ils connaître intensément la joie du pardon ?
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus s’est posé la question de savoir si elle allait pouvoir aimer autant que Marie-Madeleine à qui Jésus a remis davantage de péchés. Car « celui à qui on remet moins, aime moins. » Elle qui n’avait pas commis de péché grave se demandait si, du coup, elle aimerait moins son Seigneur.
Elle écrit : « Je reconnais que sans le Bon Dieu, j’aurais pu tomber aussi bas que sainte Madeleine, (…) mais je sais aussi que Jésus m’a plus remis qu’à sainte Madeleine, puisqu’il m’a remis d’avance, m’empêchant de tomber » (Manuscrit A, 39r). Et elle note aussi : « J’imite la conduite de Madeleine. (…) Quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui peuvent se commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien il chérit l’enfant prodigue qui revient à lui. » (Manuscrit C, 37v)
L’expérience de Thérèse est lumineuse. Elle a compris que le cœur brisé de repentir et de reconnaissance qui s’ouvre aux flots de la miséricorde divine est aussi pour elle. Certes elle a été préservée du péché mortel mais c’est par l’œuvre prévenante de la miséricorde de Dieu.
Ce qui permet de partager la joie du Père à pardonner, ce n’est pas la quantité ou la gravité des péchés commis et pardonnés. C’est la confiance éperdue dans l’amour du Seigneur qui fait entrer dans l’expérience de sa joie.