À écouter : Pardonner une fois, oui, 70 fois 7 fois, non !
« Pardonner (...) ce n’est plus seulement accorder des pardons ponctuels et répétés, c’est entrer dans un nouveau regard sur nos frères. C’est vivre à leurs côtés enveloppés de la miséricorde du Père qui nous restaure dans notre liberté d’enfants bien-aimés capables d’aimer malgré tout. » Une chronique de Mgr Denis Jachiet, vicaire général.
Si quelqu’un se met à dire du mal de moi dans mon dos d’une façon injuste et mensongère, il ne sera pas facile de lui pardonner. Si après avoir été pardonnée, cette personne se remet à déblatérer contre moi sans souci de la vérité, je serai tenté de mettre en doute sa sincérité et sa droiture et il sera très difficile, nous le savons, de lui pardonner de nouveau. On se demande si c’est juste et héroïque ou bien idiot et inutile de passer l’éponge une seconde fois. On se dit pardonner une fois oui, deux à la rigueur… mais c’est tout !
Pierre a dit à Jésus « Dois-je pardonner jusqu’à 7 fois au frère qui aura péché contre moi ? » Pierre dit cela avec un cœur généreux. Vouloir redonner 6 fois sa chance au fautif lui semble être le maximum, l’idéal évangélique absolu. Et Jésus le stupéfie par sa réponse : « Je ne te dis pas jusqu’à 7 fois mais jusqu’à 70 fois sept fois. » Jésus demande à Pierre quelque chose d’humainement impossible et il l’explique par la parabole d’un débiteur ayant refusé de remettre une dette de 100 deniers alors que son maître lui avait remis une dette de 60 millions de deniers. Jésus veut faire comprendre que ce qu’il faut regarder c’est le pardon que nous recevons de Dieu et qui est sans commune mesure avec celui que nous avons à donner.
A Dieu nous devons tout, l’être et la vie, à Dieu nous donnons si peu. Lui il ne mesure pas ce qu’il donne. Il pardonne sans limite à qui regrette sa faute. Il nous remet nos péchés alors que tout montre que nous allons recommencer. Il ne règle pas des comptes avec nous. Il fait miséricorde. Il agit selon ce qu’il est : l’Être de miséricorde.
Jésus demande à Pierre, à chacun de nous, de découvrir la démesure de la miséricorde du Père pour nous et de se laisser transformer par elle. Sa miséricorde nous précède, nous enveloppe, nous accompagne. Elle nous rend capables de vivre et d’agir malgré notre péché. Conscient d’être des pécheurs pardonnés, nous pouvons regarder différemment le frère qui nous blesse. Ce regard différent sur notre frère qui a péché initie une attitude de cœur radicalement nouvelle entre frères également pécheurs pardonnés.
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »
Pardonner 70 fois 7 fois ce n’est plus seulement accorder des pardons ponctuels et répétés, c’est entrer dans un nouveau regard sur nos frères. C’est vivre à leurs côtés enveloppés de la miséricorde du Père qui nous restaure dans notre liberté d’enfants bien-aimés capables d’aimer malgré tout.