À Montmartre, la féérie d’une messe sonnée
Paris Notre-Dame du 27 février 2020
Dans le cadre du Jubilé de la Dédicace de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (18e), la messe dominicale de 18h, le 16 février, a été animée par le Débuché de Paris.
Moment de forte émotion où le son, chaud et grave, des trompes de chasse a rejoint les voix cristallines des religieuses de Montmartre.
Une basilique recueillie. L’ambiance, ce dimanche soir au Sacré-Cœur de Montmartre (18e), était un peu au surnaturel. En tout cas à l’exceptionnel. Des bancs noirs de fidèles. Et puis, dans le chœur, encadrant l’autel, quatorze hommes disposés en V inversé. Ils ont une bombe noire sur la tête, des bottes noires aux pieds, un vêtement rouge feu et dans la main, une trompe de chasse. Un instrument qu’ils portent alternativement à leurs lèvres, tiennent dans leurs mains ou font tourner pour en chasser l’eau emprisonnée.
Pour la première fois depuis longtemps, les quatorze sonneurs du Débuché de Paris se sont réunis le 16 février, à 18h, à la basilique, pour « une messe solennelle pour trompes de chasse ». Ils devaient se retrouver, comme traditionnellement tous les deux ans, en novembre, à l’occasion de la Saint-Hubert – patron des chasseurs – à Notre-Dame de Paris. Mais il y a eu l’incendie du 15 avril… « L’archevêque, Mgr Michel Aupetit, nous a conseillé d’aller à Montmartre », explique Éric Peuchot, de la Fondation pour le rayonnement de la trompe musicale (FRTM). Alors, ils y sont allés. Accueillis chaleureusement par la basilique qui célèbre cette année le jubilé du centenaire de sa consécration (voir PND n°1781).
Pour l’occasion, Sylvain Oudot a composé un Benedictus dédié au Sacré-Cœur. Pièce jouée ce dimanche pendant la communion de cette messe où alternaient des chants entonnés par des religieuses de la congrégation des Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre et des morceaux joués par le Débuché. Et c’est cela qui frappe ce dimanche, 6e du temps ordinaire. Cette alternance entre les voix, cristallines, des sœurs de Montmartre et cette tonalité si particulière de la trompe de chasse. Tonalité grave et chaude qui varie, selon le talent du sonneur, de la force tonitruante à la douceur d’une note légèrement appuyée. Cet instrument fait « résonner notre acclamation, souligne Mgr Jean Laverton, recteur de la basilique en introduction de cette messe qu’il célébrait. Et fait aussi monter notre supplication à l’heure de la douleur et de la peine ». « Cet instrument est celui qui se rapproche le plus de la voix humaine », confie, à l’issue de la célébration, Françoise. Cette fidèle sexagénaire est venue du 16e arrondissement pour vivre ce moment et communier à cet instant. Compliqué à expliquer, mais, pour elle, à travers la trompe, il y quelque chose de l’Alliance qui se ressent, qui se vit concrètement. Comme elle, ils sont nombreux à s’être déplacés pour l’occasion. Mais pas tous par leur foi ou leur spiritualité. Certains ont été poussés par leur passion – la chasse à courre – ou par la musique. C’est le cas de Manon et Claire. Pour les deux vingtenaires « catholiques de tradition », le moment fut émouvant. « J’en ai eu des frissons », confie l’une dont le père fait partie du Débuché. Si elles ne mettent pas de religiosité dans leurs mots, elles parlent toutefois d’un moment « glorifié ».
Isabelle Demangeat @LaZaab
Un peu d’histoire
Né vers le milieu du VIIe siècle, saint Hubert était le fils d’un duc d’Aquitaine, apparenté à Charles Martel. On le dit habitué aux « folles joies de la vie mondaine ». Un jour – un Vendredi saint – qu’il se trouvait engagé dans une partie de chasse dans une partie reculée de la forêt des Ardennes, un cerf, paraissant plus grand et plus beau que les animaux de son espèce, lui apparut avec une croix entre ses bois. Dès lors, Hubert s’engagea dans la vie monastique. Il fut évêque de Maastricht (Pays- Bas), Liège et Tongres (Belgique), et fut reconnu par son zèle à instruire son peuple.
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