« Accueillir ensemble la miséricorde de Dieu »
Paris Notre-Dame du 8 juin 2016
Paris Notre-Dame – Monseigneur, pourquoi avoir souhaité réunir les prêtres du diocèse de Paris le 3 juin dernier ?
Mgr André Vingt-Trois – Chaque année, nous avons une rencontre du presbyterium parisien. C’est un temps de partage spirituel et fraternel qui renforce nos liens dans le service de la mission. Cette année, Année sainte de la miséricorde, le pape François a décidé que le jour de la fête du Sacré-Coeur serait un jour de jubilé pour les prêtres. En communion avec le jubilé que lui-même célébrait à Rome, j’avais invité les prêtres de Paris à vivre ensemble une démarche jubilaire à la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre (18e). Tout au long de l’Année sainte, les prêtres appellent les chrétiens à la conversion et les accompagnent dans leur accueil de la miséricorde de Dieu. Il était important qu’ils aient, eux aussi, un temps pour vivre cette démarche de conversion et accueillir ensemble la miséricorde de Dieu. Nous avons été heureux de ce temps consacré à nous remettre ensemble devant l’amour de Dieu et d’en ressentir les bienfaits. Dans le cours de cet après-midi, j’ai eu l’occasion de partager avec les prêtres quelques-unes des préoccupations qui sont les miennes pour notre mission. Notamment, j’ai insisté sur le fait que nous sommes d’abord des ministres de la miséricorde et de la réconciliation. J’ai aussi invité les prêtres à travailler à l’accueil de l’exhortation apostolique Amoris Lætitia, à sa réception par les fidèles et à sa réception par les acteurs de la pastorale, au premier rang desquels sont les prêtres. Enfin, j’ai rappelé les exigences missionnaires auxquelles notre presbyterium doit répondre.
P. N.-D. – Cette journée a été l’occasion de présenter le renforcement du dispositif mis en place par le diocèse pour lutter contre la pédophilie. Dans quel esprit ces mesures ont-elles été prises ?
Mgr André Vingt-Trois – Parmi les questions qui concernent aujourd’hui l’ensemble des prêtres, les accusations publiques d’abus sexuels méritaient que les orientations du diocèse soient clairement fixées et exprimées. Il faut que les chrétiens se souviennent que l’immense majorité de nos prêtres sont des hommes exemplaires qui donnent leur vie au service des laïcs qu’ils accompagnent dans leur chemin de foi. Les rares cas d’abus sexuels dont nous avons une connaissance claire sont une honte pour l’Église et pour les prêtres en premier. J’ai déjà eu l’occasion de dire, et je l’ai répété, que nous demandons collectivement pardon à ceux qui ont eu à en souffrir et que nous devons développer les moyens d’avoir connaissance de ces cas. Nous devions donc améliorer les moyens d’écoute et d’accompagnement des victimes éventuelles de ces abus en leur facilitant la possibilité d’être entendues. Avant de le publier, j’ai voulu présenter aux prêtres la mise en place de ce dispositif de lutte et de prévention contre les abus sexuels. Il est le résultat du travail de plusieurs années mené avec des personnes qui ont une réelle compétence professionnelle dans ce domaine. Chacun doit être assuré que les cas qui nous sont présentés sont pris au sérieux, mais tous doivent aussi être convaincus que le jeu médiatique ou l’usage des réseaux sociaux ne confèrent pas de crédibilité à des accusations anonymes. ❏ Propos recueillis par Priscilia de Selve