Août Secours Alimentaire, plus que jamais
Paris Notre-Dame du 23 juillet 2020
Août Secours Alimentaire a débuté mi-juillet. Une opération on ne peut plus nécessaire dans un contexte sanitaire et social tendu par la crise du Covid-19. Les bénéficiaires affluent, les bénévoles aussi.
On voit son large sourire malgré son masque. Les yeux de Gérard [1], plissés, presque fermés, le laissent transparaître. Ainsi qu’un petit rire que le quinquagénaire laisse échapper. Gérard accuse depuis quelque temps des problèmes de santé. Les soins, en partie remboursés, qu’il reçoit, lui demandent de l’argent. Il rogne beaucoup sur son budget alimentaire. Alors, il vient, en semaine, pendant l’été, récupérer un colis distribué par Août Secours Alimentaire (ASA). Ce jeudi 16 juillet, il attend, rue Blomet, à quelques pas de la paroisse St-Lambert de Vaugirard (15e). Autour de lui, bénéficiaires et bénévoles prennent un verre, échangent. Dans le contexte sanitaire, tout le monde porte un masque, la distribution se fait à l’extérieur. « Deux sortes de sacs sont donnés, explique Stéphane, responsable du centre Vaugirard. L’un contient un repas chaud pour ceux qui disposent, dans leur logement, d’une cuisine. L’autre, d’un repas froid. »
Quand tout est fermé, le réflexe ASA
Dans ce centre, cinq à six cents paniers-repas sont distribués, chaque jour. Les bénéficiaires, envoyés par des associations partenaires, sont divers. « Il y a des personnes sans domicile fixe, explique Stéphane. Des personnes percevant le revenu de solidarité active, ou en situation de migration, quelques étudiants… » Cette année, l’opération, soutenue par la Fondation Notre Dame, attend de nouveaux venus. « Nous avons achalandé plus de stocks, délivré davantage de cartes aux associations partenaires », souligne Anne-Marie Bredin, coordinatrice Août Secours Alimentaire.
Compliqué de savoir si cette augmentation de la demande est due à la paupérisation de certaines catégories provoquée par la crise du Covid-19 ou encore à la visibilité dont a bénéficié l’opération… Car Août Secours Alimentaire a joué un grand rôle dans l’aide aux plus démunis pendant le confinement. « Dès le 17 mars, les coups de fil ont commencé à affluer, raconte Anne-Marie Bredin. De la part de la ville de Paris, du diocèse, des associations…
Nous avons vraiment réalisé que le réflexe, pour tous, quand tout est fermé, est de se tourner vers ASA. » En quarante-huit heures, les équipes d’ASA, en partenariat avec le diocèse, les associations et la mairie, montent le centre de collecte et de distribution alimentaire du Collège Stanislas (6e). Au fil des jours, les bénévoles affluent. Beaucoup y prennent goût. « Certains y ont trouvé un sens à leur vie, remarque Anne-Marie Bredin. » Pour Christian, l’engagement social date de plus longtemps, de son départ à la retraite. Il rejoint à l’époque les Restos du Cœur et ASA ; ne s’en lasse pas. Cet été, il se rend présent, rue Blomet, tous les après-midi, jusqu’au 31 juillet. « Je me sens utile, ici, confie-t-il. Il y a une bonne ambiance. Les bénéficiaires nous sont reconnaissants de notre investissement. » Ils sourient, remercient. C’est le cas de Philippe. Lunettes sur le nez, casquette sur le crâne, il déambule et discute aisément. « Vous savez, j’ai de la réserve, sourit-il en montrant son ventre. Je pourrai me passer de manger pendant une semaine. Mais pas de rencontrer du monde, de discuter, d’échanger. »
Isabelle Demangeat @LaZaab
[1] Le prénom a été modifié
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