« Catéchumènes : ce qu’ils nous apprennent »

Donald et Monique, accompagnateurs

Paris Notre-Dame du 17 janvier 2008

P. N.-D. : En tant qu’accompagnateurs, vous êtes aux premières loges pour observer l’œuvre de Dieu dans la vie des personnes. Comment Dieu se manifeste- t-il ?

Monique Monroe : Je suis souvent déroutée par sa façon d’agir. Dans bien des cas, il semble que Dieu se serve d’événements que nous considérons comme négatifs, déstabilisants, pour entrer dans la vie des personnes et commencer un dialogue. Je suis également surprise par la diversité des profils des catéchumènes. Ils viennent vraiment de tous pays, de tous milieux... Généralement, leur cheminement spirituel débute par un fait : un divorce, un deuil... Cet événement ouvre une longue période de maturation qui les mène, plus tard, à demander le baptême.

P. N.-D. : Quels sont les éléments de la foi chrétienne qui sont difficiles à comprendre et à accepter pour ces catéchumènes ?

Donald Monroe : Je suis incapable de vous le dire. Et je crois que si vous demandiez à d’autres accompagnateurs, beaucoup vous donneraient la même réponse. Malgré notre bonne volonté, nous avons du mal à percevoir ce que vivent vraiment les catéchumènes. Ces personnes ont tout un cheminement intérieur et secret que nous n’atteignons pas. Ce défaut de perception rend l’accompagnement plus difficile.

P. N.-D. : A quoi est dû ce « défaut de perception » ?

D. M. : Au fond, nous n’avons peut-être pas suffisamment conscience de l’importance de notre mission. Nous sommes de généreux amateurs mais avons-nous le courage d’approfondir sérieusement notre foi ? Avant de s’engager, chaque accompagnateur devrait se demander si sa relation à Dieu est suffisamment sincère et forte pour qu’il entreprenne d’accompagner quelqu’un. Se forme-t-il régulièrement ? Prie-t-il quotidiennement ? Lit-il des ouvrages de spiritualité ?

P. N.-D. : Si vous êtes si loin de ce qui se passe dans le cœur des personnes, quel est votre rôle ?

M. M. : Permettre aux gens de découvrir que Dieu les aime gratuitement et qu’il peut les amener à vivre autrement. Pour cela, nous les aidons à mettre en place, dans leur vie, des éléments qui les soutiendront : participation à la messe, prière, lecture de la Bible... Le catéchuménat leur offre une première expérience d’Eglise qu’ils auront à vivre et à poursuivre. Notre rôle consiste aussi à leur permettre de s’exprimer en toute liberté. C’est pourquoi nous donnons de l’importance à l’écoute, nous apprenons à nous oublier pour être présents aux autres et à laisser nos idées reçues et nos jugements au placard. Pour cela, il me semble indispensable d’être soi-même accompagné. Par moments, il faut aussi savoir témoigner de ce qu’on a pu vivre avec le Seigneur.

P. N.-D. : Qu’est-ce que l’accompagnement des catéchumènes vous a appris sur l’évangélisation ?

D. M. : Personnellement, je rencontre des chrétiens qui excluent totalement la vie professionnelle de leur vie de foi ou qui taisent leurs convictions lorsqu’ils sont en famille. Or, en accompagnant les catéchumènes, je constate que c’est une erreur. Certains commencent un cheminement après avoir été touchés par l’attitude et les propos d’un collègue de travail chrétien. Nous devons nous réveiller, courir le risque d’être d’authentiques chrétiens chaque jour, dans notre travail, dans notre famille, pour que le jour où l’on nous demande pourquoi nous agissons de telle façon, ou tenons tel propos, nous puissions annoncer Jésus Christ. Evidemment, être chrétien n’est pas toujours facile, mais il faut pourtant l’être radicalement. Non pas dans le sens de la morale, de nos exigences vis-à-vis des autres, mais intérieurement, pour nous-mêmes, dans notre relation au Seigneur, dans notre cœur ! Sincèrement, le monde entier cherche le Christ ! Il est urgent d’aller au-devant de toutes ces personnes.

Recueillis par Sylvain Sismondi

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