Dans ces temps qui sont les derniers, déjà, Dieu vient
Paris Notre-Dame du 1er décembre 2022
Alors que l’Avent commence ce dimanche, le P. Emmanuel Tois, vicaire général de Paris et directeur de l’Œuvre des vocations, actuellement délégué de l’archevêque pour les vocations, revient sur les vertus, parfois sous-estimées, de ce temps de préparation.
Paris Notre-Dame – Quel sens ce temps d’attente jusqu’à Noël ?
Mgr Emmanuel Tois – Nous nous situons actuellement à une période charnière de notre histoire. Ces temps, qui sont les derniers (He 1, 2), sont situés entre deux bornes : la venue du Christ sur la Terre et les fins dernières. Dieu s’est incarné en la personne de Jésus- Christ et nous sommes invités à veiller dans l’attente de son retour dans la gloire. Entre ces deux bornes, l’Avent est la prise de conscience qu’Il vient, aujourd’hui, sans cesse, dans le plus ordinaire et le plus concret de chacune de nos vies.
P. N.-D. – Quelles sont les vertus de l’attente ?
E. T. – Il y en a deux principales selon moi : la patience et le fait de creuser le désir. Quand nous n’attendons pas, nous n’avons pas, d’une certaine manière, le loisir de désirer. L’imagination, le désir et le rêve ne fonctionnent plus. L’attente avant une rencontre est un temps d’attention à l’autre – que l’on espère – et à soi-même – pour se disposer à le rencontrer le mieux possible. Tout ceci fait grandir le désir, le clarifie, le fortifie. Une des vertus de l’attente est aussi qu’elle crée de la profondeur de champ et élargit nos horizons.
P. N.-D. – Quelle valeur a encore l’attente dans notre société de l’immédiat ?
E. T. – L’attente nous permet de lutter contre ce que la société de l’immédiat a de néfaste, contre le risque de nous laisser submerger par l’immédiateté. Les vertus de l’attente sont importantes pour clarifier ce qui n’a pas à être immédiat… car tout n’a pas à l’être ! Je suis émerveillé, ces derniers temps, par la rencontre avec ces jeunes hommes qui réfléchissent à devenir prêtre. Devoir attendre la rentrée à la Maison Saint-Augustin est pénible pour certains mais, pour la majorité, c’est une joie de réfléchir, mûrir le désir, prendre le temps de respirer. Il ne s’agit pas de ralentir le temps mais de prendre conscience qu’il existe. L’absence de temps ce sera le Ciel... et on ne sait pas trop ce que cela signifie vraiment ! Dans notre société de l’immédiateté, nous avons besoin du temps, de donner du temps aux choses, à la réflexion, à la préparation.
P. N.-D. – Comment vivre l’attente de l’Avent de manière active ?
E. T. – Nous pouvons, je crois, nous appuyer sur les vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité. Nous sommes tous différents et certains vont prendre appui sur leur foi et vont ainsi veiller, prier, réfléchir, méditer... ce qui les incitera à un effort de charité par plus de vigilance et d’attention aux autres. En prenant davantage conscience, dans la prière, que Dieu vient, il va leur apparaître comme une évidence, par exemple, qu’ils n’ont pas pris de nouvelles d’un proche depuis longtemps ou que leur voisine âgée aurait besoin d’aide pour monter ses courses. D’autres vont se donner plus volontiers au service de la charité et vont être conduits par là aux réalités spirituelles et à l’approfondissement de leur foi. J’aime bien cette phrase de saint Jean qui dit : « Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jn 4, 7). Celui qui exerce vraiment la charité n’est jamais loin de Dieu. En cet Avent, entrons à nouveau dans une proximité avec Dieu, que ce soit par la porte de la foi ou celle de la charité. Ces deux chemins conduisent toujours à l’espérance et c’est cela le temps de l’Avent.
Propos recueillis par Mathilde Rambaud
Retraite de l’Avent
Cette année, la retraite de l’Avent est guidée par le P. Emmanuel Tois du 27 novembre au 25 décembre. Neuf enseignements seront donnés sur le thème Soleil levant.
Plus d’informations : oeuvredesvocations.fr
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