Évry, couronnée de tilleuls
Paris Notre-Dame du 7 septembre 2023
Les Parisiens étant, pour quelques temps encore, privés de cathédrale, Paris Notre-Dame profite de l’été pour élargir l’horizon et suggérer la visite d’autres cathédrales, celles des diocèses de la grande couronne qui appartiennent tous à la province apostolique de Paris. Quatrième escapade, en RER D, jusqu’à Évry-Courcouronnes pour découvrir la cathédrale de la Résurrection Saint-Corbinien qui affiche et assume sa différence.
Elle est là. Face à la gare et non loin de la mairie. En plein centre ville. On ne peut pas la manquer ! La cathédrale d’Évry – Corbeil-Essonnes (Essonne) fait figure d’exception en matière d’architecture, notamment en raison de sa forme cylindrique et des arbres sur son toit taillé en biseau. Mais quelle est l’histoire de cet édifice religieux construit en plein cœur de la préfecture de l’Essonne ?
L’origine de la cathédrale de la Résurrection St-Corbinien – dont le nom évoque l’évêque Corbinien de Freising, né au VIIe siècle à Arpajon, dans l’actuel diocèse d’Évry – remonte à la fin des années 1980. Mgr Guy Herbulot, alors évêque du diocèse d’Évry – Corbeil-Essonnes, souhaite l’édification d’un nouveau lieu de culte pour rassembler les fidèles de cette ville nouvelle qui compte près de 80 000 habitants. Soutenu par la municipalité de l’époque, il demande à l’architecte suisse Mario Botta, mondialement connu pour ses monuments en brique, de dessiner une cathédrale. Le projet est présenté au Vatican en 1990, auprès du pape Jean-Paul II, et rapidement validé. La première pierre est bénie et posée l’année suivante, à Pâques, mais les travaux ne commencent réelle¬ment qu’en juillet 1992. En quelques mois seulement, les deux cylindres en béton qui composent l’ossature de la cathédrale sont recouverts de 670 000 briques roses, fabriquées de manière artisanale à Toulouse (Haute-Garonne). Mario Botta utilise la brique pour la communion des quatre éléments : elle est faite de terre et d’eau, séchée à l’air et cuite au feu. De plus, une brique est faite d’argile… la même matière utilisée par Dieu, dans la Bible, pour créer l’Homme. En 1994, vingt-quatre tilleuls argentés sont plantés sur le toit : ces arbres symbolisent l’ancrage dans le temps, à l’image des vingt-quatre heures d’une journée. Et par leur renaissance, à chaque printemps, ils évoquent aussi la Résurrection. Haut de trente-quatre mètres, le bâtiment est achevé en 1995… mettant ainsi fin à un siècle sans construction de cathédrale en France !
L’intérieur du cylindre est tout aussi atypique que l’extérieur. Pour indiquer que la cathédrale est un lien entre la Terre et le Ciel, l’architecte a mis un sol de granit noir, sombre comme la terre, qui contraste avec la luminosité de la nef, venant du ciel par deux immenses verrières. Les courbes du cylindre – avec sa dimension symbolique du cercle, signe divin – apportent une douceur à cet édifice moderne, sans angles ni parties cachées. On admire aussi les douze vitraux colorés évoquant les douze apôtres, réalisés par le P. Kim en Joong, dominicain et artiste sud-coréen (PND n° 1722), le tabernacle et la croix réalisés par l’artiste Gérard Garouste… Non loin de l’autel, une plaque rappelle la visite du pape Jean-Paul II, le 22 août 1997, venu prier et participer à une célébration. Il est midi. La lumière inonde le chœur. L’angélus sonne. Et quelques paroissiens se mettent à chanter. L’acoustique est parfaite… Venez juger par vous-mêmes, en assistant à une messe de l’évêque du lieu, Mgr Michel Pansard, à une visite guidée [1] ou à la fête de saint Corbinien les 9 et 10 septembre.
Christel Pigeon
[1] Uniquement sur réservation au 01 60 91 17 00.
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