François, Audience générale, Rome
5 juin 2013
« Cette “culture du rebut” tend à devenir une mentalité commune, qui contamine tout le monde. »
Sortir de la culture du rebut
Nous vivons actuellement un moment de crise ; nous le voyons dans l’environnement, mais surtout, nous le voyons dans l’homme. La personne humaine est en danger : cela est certain, la personne humaine aujourd’hui est en danger, voilà l’urgence de l’écologie humaine ! […]
Ce qui commande aujourd’hui, ce n’est pas l’homme, c’est l’argent, l’argent, le gain commande. Et Dieu notre Père a donné le devoir de garder la terre non pas à l’argent, mais à nous : aux hommes et aux femmes. Nous avons ce devoir ! En revanche, les hommes et les femmes sont sacrifiés aux idoles du profit et de la consommation : c’est la « culture du rebut ». Si un ordinateur se casse, c’est une tragédie, mais la pauvreté, les nécessités, les drames de tant de personnes finissent par faire partie de la normalité. Si une nuit d’hiver, tout près d’ici, via Ottaviano, par exemple, une personne meurt, ce n’est pas une nouvelle. Si dans tant de parties du monde, il y a des enfants qui n’ont rien à manger, ce n’est pas une nouvelle, cela semble normal. Il ne peut pas en être ainsi ! Et pourtant, ces choses entrent dans la normalité : que certaines personnes sans domicile fixe meurent de froid dans la rue, cela n’est pas une nouvelle. En revanche, une baisse de dix points dans les bourses de certaines villes représente une tragédie. Quelqu’un qui meurt, ce n’est pas une nouvelle, mais si les bourses chutent de dix points, c’est une tragédie ! Ainsi, les personnes sont mises au rebut, comme si elles étaient des déchets.
Cette « culture du rebut » tend à devenir une mentalité commune, qui contamine tout le monde. La vie humaine, la personne, ne sont plus considérées comme une valeur primaire à respecter et à garder, en particulier si elle est pauvre ou handicapée, si elle ne sert pas encore – comme l’enfant à naître – ou si elle ne sert plus – comme la personne âgée. Cette culture du rebut nous a rendus insensibles également aux gaspillages et aux déchets alimentaires, qui sont encore plus répréhensibles lorsque dans chaque partie du monde malheureusement, de nombreuses personnes et familles souffrent de la faim et de la malnutrition. Jadis, nos grands-parents faisaient très attention à ne rien jeter de la nourriture qui restait. Le consumérisme nous a poussés à nous habituer au superflu et au gaspillage quotidien de nourriture, à laquelle parfois nous ne sommes plus capables de donner la juste valeur, qui va bien au-delà des simples paramètres économiques. Rappelons-nous bien, cependant, que lorsque l’on jette de la nourriture, c’est comme si l’on volait la nourriture à la table du pauvre, à celui qui a faim ! J’invite chacun à réfléchir sur le problème de la perte et du gaspillage de la nourriture, pour identifier des façons et des moyens qui, en affrontant sérieusement cette problématique, puissent être des instruments de solidarité et de partage avec les personnes le plus dans le besoin.