Jean-Paul II, Encyclique sur la question sociale et le développement
30 septembre 1987
« le développement, (…), l’usage des ressources et la manière de les utiliser, ne peuvent pas être séparés du respect des exigences morales. »
L’exploitation des ressources naturelles est soumise à des exigences morales. La domination sur la nature n’est pas un pouvoir absolu
Il est évident que le développement, la volonté de planification qui le guide, l’usage des ressources et la manière de les utiliser, ne peuvent pas être séparés du respect des exigences morales. L’une de celles-ci impose sans aucun doute des limites à l’usage de la nature visible. La domination accordée par le Créateur à l’homme n’est pas un pouvoir absolu, et l’on ne peut parler de liberté “d’user et d’abuser”, ou de disposer des choses comme on l’entend. La limitation imposée par le Créateur lui-même dès le commencement, et exprimée symboliquement par l’interdiction de “manger le fruit de l’arbre” (cf. Gn 2,16-17), montre avec suffisamment de clarté que, dans le cadre de la nature visible, nous sommes soumis à des lois non seulement biologiques mais aussi morales, que l’on ne peut transgresser impunément.
Tenir compte de la nature de chaque être, vivant ou inanimé, et de ses liens mutuels dans un système ordonné
Le caractère moral du développement ne peut non plus faire abstraction du respect pour les êtres qui forment la nature visible et que les Grecs, faisant allusion justement à l’ordre qui la distingue, appelaient le “cosmos”. Ces réalités exigent elles aussi le respect, en vertu d’une triple considération sur laquelle il convient de réfléchir attentivement.
La première consiste dans l’utilité de prendre davantage conscience que l’on ne peut impunément faire usage des diverses catégories d’êtres, vivants ou inanimés - animaux, plantes, éléments naturels - comme on le veut, en fonction de ses propres besoins économiques. Il faut au contraire tenir compte de la nature de chaque être et de ses liens mutuels dans un système ordonné, qui est le cosmos.