“Il est né le divin Enfant”… sur la piste des Folies Gruss !

Paris Notre-Dame du 5 janvier 2023

L’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, a présidé le 24 décembre [2022] la messe de minuit sous le chapiteau de la compagnie Alexis Gruss. Retour sur cette traditionnelle célébration de la Nativité qui réunit chaque année 3 000 fidèles.

© Olivier Brajon

Le rituel est le même depuis 1979. Chaque 24 décembre, après le spectacle nocturne proposé par la compagnie équestre d’Alexis Gruss, la piste du cirque situé en lisière du bois de Boulogne (16e) se vide. Mais les lumières ne s’éteignent pas. Les portes du chapiteau ne se referment pas. Une partie du public qui a assisté au spectacle voit alors un autel et un ambon installés à l’endroit même où quelques instants plus tôt chevaux et artistes virevoltaient au rythme de la musique. Tout commence il y a quarante-trois ans. Se produisant aussi le soir de Noël, la famille Gruss éprouvait des difficultés à trouver une messe de minuit commençant suffisamment tard pour lui permettre d’y assister. C’est donc d’abord en costumes de scène et en petit comité qu’artistes, techniciens et employés, rejoints par tel ou tel ami prêtre, ont célébré la naissance du Christ – en 2005, c’est le cardinal Jean-Marie Lustiger qui vient présider la messe, une première pour un archevêque de Paris. Au fil des années, aux quarante personnes de départ se sont ajoutés les fidèles et curieux jusqu’à constituer aujourd’hui l’une des assemblées les plus nombreuses de Paris, près de 3 000 fidèles encore cette année.

Pour passer en douceur de l’euphorie du spectacle au recueillement de la célébration, la messe était, cette année, précédée d’une veillée animée par les chanteurs de la Maîtrise Notre-Dame, revêtus de leurs traditionnelles aubes bleues. Une première pour Manoëla, 26 ans, qui a rejoint le chœur il y a un peu plus d’un an. « Nous étions installés sur la piste, un peu en hauteur, tels les anges dans le ciel qui chantent la gloire de Dieu qui se fait homme. Quand nous avons entonné Les anges dans nos campagnes, c’était pour moi particulièrement saisissant. » « C’est très émouvant de prendre part à cette célébration qui perdure ainsi dans le temps, confie Adèle, sa collègue du même âge, pour qui l’expérience était également nouvelle. C’était une soirée fervente et sereine. Et la présence de l’archevêque de Paris a permis que la veillée ne se transforme pas en concert mais reste un véritable temps de prière. »

Des jongleurs aux torches enflammées pour l’alléluia

Il s’agissait d’une première aussi pour le P. Édouard Dacre-Wright, aumônier des circassiens et forains depuis 2021, particulièrement marqué par la procession qui a mené la quinzaine de concélébrants depuis la sacristie improvisée jusqu’au centre de la piste. « La transformation de la piste de sciure de bois en chapelle d’un style épuré et simple, propice au recueillement, était une réussite. » Un des moments forts de la célébration a été l’acclamation de l’Évangile : « Des membres de la famille Gruss sont arrivés avec des torches enflammées, raconte l’aumônier. Ils se sont mis en ligne et ont jonglé pendant tout l’alléluia. La rencontre du cirque mis au service de la liturgie était magnifique. Ces torches de feu avaient quelque chose de magique au cœur de la nuit de Noël. »

Une rencontre qui inspire également Alexis Gruss, directeur de la compagnie qui porte son nom : « Il faut continuer à se retrouver, à partager. Noël n’est pas juste un événement dans le calendrier mais le commencement de beaucoup de choses… » Et d’enchérir : « L’archevêque a été très émouvant en abordant la vie et sa fragilité. Le monde a trop souvent tendance à oublier que la vie est fragile. » « Qu’est-ce qui est encore fragile dans la vie des hommes ?, s’est en effet interrogé Mgr Laurent Ulrich dans son homélie. La paix. La paix du cœur, la paix dans les familles, la paix entre les peuples. Le Seigneur nous la confie cette paix, il veut que nous habitions en paix. » Le patriarche de la famille Gruss conclut : « L’archevêque a touché beaucoup de monde avec ses mots justes. Nous vivons dans une société remplie de trop de paroles inutiles. Je préfère les bonnes paroles, les paroles justes, qui nourrissent, comme celles-ci. »

Mathilde Rambaud

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