Il y a cent ans, la Grande Guerre frappait l’Europe

Paris Notre-Dame du 10 juillet 2014

P. N.-D. – Pourquoi commémorer une ancienne guerre ?

Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées.
© Agnès de Gélis

Mgr Luc Ravel – C’est une nécessité pour l’Église de commémorer l’histoire, comme le rappelle le pape François dans son exhortation apostolique : « Le croyant est fondamentalement quelqu’un qui fait mémoire ». La foi est un acte de mémoire qui a valeur de promesse et oriente notre futur. L’Ancien Testament est parcouru par ce refrain « Souviens-toi, Israël… » L’art ecclésial de la mémoire culmine dans l’Eucharistie, qui récapitule les mystères de la Passion et de la Résurrection. Jésus est lui-même le centre du monde et de toute l’histoire. Mais nous ne devons pas seulement nous souvenir des événements propres à l’Église. Il faut aussi rappeler ceux qui appartiennent à l’histoire de tous les hommes. Dieu n’est pas absent de cette première guerre mondiale. Concrètement, l’idée n’est pas de faire une apologie des aumôneries militaires, mais de faire mémoire de cette période de façon chrétienne.

P. N.-D. – Quelle est la manière chrétienne de commémorer la guerre ?

Mgr L. R. – Il ne s’agit pas de désigner des victimes et des coupables, ni de s’enfermer dans le passé. Nous avons mieux à apporter au monde. Commémorer, c’est relire les événements dans leur globalité, avec une lumière transcendante, comme on peut le faire quelquefois sur sa propre vie. Nous devons porter un regard de foi sur ce qui s’est passé. Un centenaire, c’est un bon moment pour faire cet exercice. En mars, la Conférence des évêques de France (CEF) a publié le Documents Épiscopat que j’ai voulu écrire sur la mémoire chrétienne de la Grande Guerre [1]. J’y livre quelques pistes de réflexion et je pose des questions : le champ de bataille est-il un lieu pour l’apostolat ? Quelle a été la place de la haine dans le cœur des soldats chrétiens ? Peut-on séparer guerre et morale ? On peut aussi se demander ce qui a provoqué ce conflit mondial, ce qui aurait pu être évité…

P. N.-D. – Comment vont se passer les commémorations ?

Mgr L. R. – Nous souhaitons participer au centenaire avec nos contemporains. C’est pour cela que nous avons organisé, le 26 juin, un colloque sur les religions dans les tranchées, à l’Hôtel de Ville, avec les personnalités de la mairie et quatre aumôniers de différentes religions. Parce que les chrétiens doivent aussi prendre leur place dans cette commémoration, la messe du dimanche 13 juillet, à 18h30, à Notre- Dame, sera célébrée par le cardinal André Vingt-Trois en souvenir des victimes et pour l’affermissement de la paix. Nous y avons invité les 72 délégations de pays qui seront en France le 14 juillet pour le lancement du cycle international des commémorations de la Grande Guerre. Tout le monde y sera également bienvenu. En souvenir de la bataille de la Marne, notamment, le diocèse de Meaux a aussi prévu de nombreuses actions pastorales et culturelles qui débuteront en septembre et se dérouleront jusqu’en 2018. • Propos recueillis par Agnès de Gélis

[1Pour vous procurer le Documents Épiscopat (n°3, 2014) appelez le 01 72 36 68 52 ou écrivez à documents.episcopat@cef.fr.

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