Inauguration de la rue Mère Marie Skobtsov
A cette occasion on a lu des extraits de ces souvenirs de Mère Marie par Geneviève de Gaulle-Anthonioz apparus en 1966.
À cette occasion ont été lus deux textes sur Mère Marie, le premier par Antoine Arjarkosky-Klépine, petit-fils du Père Dimitri, et le second par Monseigneur Jean.
Mère Marie par Geneviève de Gaulle-Anthonioz, paru dans Voix et Visages (Bulletin de l’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance), n° 102, 1966, à l’occasion du 20e anniversaire de la mort de mère Marie.
Geneviève de Gaulle, nièce du Général de Gaulle, fut active dans la Résistance après l’occupation de la France par les Allemands pendant le Seconde Guerre mondiale. Arrêtée et déportée au camp de Ravensbrück où était en même temps Mère Marie, elle survécut et rentra en France. Elle devint Présidente de l’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance. Ces souvenirs de Mère Marie parurent dans Voix et Visages, le Bulletin de l’Association, en 1966.
Ce ne sont pas les circonstances, mais nous-mêmes, qui ferons de notre mort une mort pleinement consentie. Dietrich Bonhoeffer
Cette parole triomphante du pasteur luthérien allemand Dietrich Bonhoeffer, pendu au camp de Flossenburg, le 9 avril 1945, pour sa résistance au nazisme, Mère Marie, religieuse orthodoxe russe, aurait pu l’écrire. Gazée à Ravensbrück, probablement le Vendredi saint 1945, comme cette autre religieuse, catholique et française, Mère Élisabeth, elle n’a pas subi sa mort, mais elle a donné sa vie. Il est temps pour nous de porter témoignage, non seulement des crimes nazis, mais aussi des oblations volontaires qui ont répondu à ces crimes et qui font – c’est du moins ma conviction – que, même dans l’univers concentrationnaire, le mal ne l’a pas emporté !
Si beaucoup d’entre nous se souviennent de Mère Marie, car elle frappait autant par sa rayonnante charité que par l’originalité de toute sa personne et par ses dons artistiques et littéraires, peut-être ignorent-elles la courbe d’une vie qui a fait de cette petite fille heureuse dans la grande maison familiale au bord de la mer Noire une jeune socialiste révolutionnaire, puis une religieuse héroïque vouée au service des plus pauvres après avoir été mariée deux fois, divorcée et mère de trois enfants !
Et cependant, dans cette existence apparemment pleine de contradictions, quelle logique implacable ! Celle de l’amour qui l’arrache avec ses exigences à toute espèce de sécurité, de confort, pour la jeter avec une sorte d’avidité dans le don complet d’elle-même. Il y a le même désintéressement passionné chez la jeune femme qui décide de tuer Trotsky après le coup d’État du 25 octobre 1917, parce qu’elle lui attribue la responsabilité de la terreur exercée par la Tcheka, et chez la religieuse qui, à Paris, cache, aide, nourrit des centaines de Juifs et réussit même à faire évader quatre petits enfants du Vélodrome d’hiver, en juillet 1942, après les avoir cachés dans des poubelles.
Les parents d’Élisabeth Pilenko (nom de naissance de Mère Marie) étaient des notables des environs d’Anapa sur la côte nord-est de la mer Noire. Dans la maison longue et basse, entourée de vignes et d’un grand domaine fertile qui descendait jusqu’au rivage, Élisabeth – Lisa pour ses proches – et son frère Mitia ont passé une enfance heureuse. Youri, leur père, fils d’un général de Cosaques, avait épousé une descendante du gouverneur de la Bastille, massacré le 14 juillet 1789, Sophie Delaunay.
Lisa a treize ans quand ont lieu les révoltes et les répressions sanglantes de 1905, comme la mutinerie du cuirassé Potemkine. Son père dirige alors à Yalta une école de viticulture, dont les élèves adhèrent aux idées révolutionnaires, et lui-même – d’esprit libéral et généreux – les défend contre la police et les violences des " Centaines Noires ". Lisa, en l’absence de son père, prévient une perquisition dans l’école : c’est son premier acte de " résistance ". Mais la mort de Youri Pilenko, atteint prématurément par les événements qui frappent la Russie, est un drame pour elle. Révoltée contre le monde tel qu’il est et contre Dieu, elle écrit " qu’on ne trouve sur terre que méchanceté, chagrin et injustice ". Mme Pilenko vient alors habiter Saint- Pétersbourg avec ses deux enfants, qui doivent poursuivre leurs études.
" Ce fut la période la plus affreusement triste de ma vie ", dit plus tard Mère Marie. Mon âme aspirait à quelque chose d’héroïque. J’aurais voulu périr pour toutes les déficiences du monde. " En fait, Lisa semble déchirée par toutes sortes d’aspirations confuses et contradictoires. Avec la même ardeur passionnée elle lit, étudie, écrit des poèmes, mais aussi s’intéresse aux idées politiques et religieuses que l’on discute autour d’elle à l’université. C’est là qu’elle rencontre Dimitri Kouzmine-Karavaïev, président de l’Association des étudiants. D’une famille bourgeoise comme elle, comme elle aussi d’idées socialistes et fréquentant les cercles littéraires d’avant-garde, il paraissait désabusé et mélancolique. À dix-huit ans, Lisa l’épousa " pour lui donner une discipline de travail et le sauver " (Après son divorce, Dimitri Kouzmine-Karavaïev émigra en France, devint catholique, puis fut ordonné prêtre.)
Ce mariage ne l’empêche ni de poursuivre ses études – elle est la première femme orthodoxe à obtenir l’autorisation de suivre des cours de théologie à l’Académie ecclésiastique de Saint- Pétersbourg – ni de continuer son activité " au service du peuple ". Elle rêve de s’identifier aux plus humbles, donne des cours du soir dans une usine et adhère en 1917 au parti socialiste-révolutionnaire, héritier de la tradition russe d’idéalisme humanitaire. Ses amis sont des poètes : André Biély, Alexis Tolstoï, surtout Alexandre Blok, pour lequel elle éprouve un sentiment plus passionné, en même temps que quasi maternel. Et aussi des philosophes comme Nicolas Berdiaev, rencontré souvent à " La Tour ", appartement de l’écrivain Ivanov, proche du Palais de Tauride et dont le toit en forme de coupole domine la Douma. Lisa et son mari y passent des nuits entières dans la fumée opaque des cigarettes (on va voir l’aube se lever sur la coupole après qu’on a apporté rituellement les œufs sur le plat et le dernier samovar !), discutant indéfiniment de l’existence de Dieu et de la nécessité de la révolution. " Nous ne vivions pas, a écrit Lisa, mais jouissions de ce qu’il y a de plus raffiné dans la vie... Nous étions cyniques et impudiques, mais inconsistants et inagissants dans l’existence même... Nous lancions courageusement des ponts sur l’avenir. En même temps, cette profondeur et ce courage s’associaient à une sorte de déclin, à l’esprit de la mort, au sentiment de caractère spectral, éphémère, de toute chose. Nous vivions le dernier acte de la tragédie, la rupture entre le peuple et l’intelligentsia. "
Pendant ce temps, Lisa en est très consciente, la révolution se prépare, et Lénine et Trotsky se préoccupent des moyens de la faire aboutir. Il faut, pense-t-elle, être prêt au sacrifice suprême. Ces intellectuels " étaient incapables de comprendre que, mourir pour la révolution, cela signifie sentir la corde autour de son cou, laisser pour de bon la vie derrière soi, par une aube grise et endormie, mourir réellement, physiquement ".
Aussi, quand surviennent la guerre et la révolution, Lisa milite-t-elle dans le parti socialiste-révolutionnaire qui jouera un rôle important sous Kérensky. De cette époque, elle nous a parlé plusieurs fois à Ravensbrück, et ses portraits des principaux leaders de la révolution sont gravés dans nos mémoires. Elle a assisté avec angoisse à l’éviction des modérés, au coup d’État du 25 octobre 1917 (comme déléguée d’Anapa, elle faisait partie du Congrès pan-russe des soviets), au début de la " terreur rouge " (c’est alors qu’elle veut tuer Trotsky). Ses amis cherchent à l’éloigner de Petrograd ; ils y réussissent. À la fin de 1917, elle rejoint – après un terrible voyage où elle a failli être fusillée par les gardes bolcheviks – la maison familiale d’Anapa.
Elle y retrouve sa mère et sa petite fille Gaïana, âgée de 4 ans (elle a divorcé d’avec Dimitri). C’est la dernière période de sa vie politique. Lisa est élue maire de sa ville en pleine guerre civile, partageant le pouvoir avec le soviet local, et doit défendre la population – elle y réussit – contre une écrasante contribution de guerre exigée par les marins révolutionnaires. Anapa tombant à la fin de 1918 aux mains des Blancs, Lisa est arrêtée, inculpée de collaboration avec les bolcheviks. Le président de la Chambre cosaque qui la juge est un géant, ancien instituteur : Danilo Skobtsov. Non seulement Lisa n’est condamnée qu’à deux semaines de prison, mais quelques jours plus tard elle épouse le président du tribunal !
C’est avec lui, avec le petit Youri qu’elle a mis au monde à Tiflis en 1920, avec sa mère et sa fille Gaïana que Lisa quitte " provisoirement " la Russie au moment de la débâcle de l’armée Wrangel. Elle ne reverra plus jamais son pays. Seule, Gaïana y rentrera beaucoup plus tard, jeune femme, avec son mari, et ce sera pour y mourir, en 1935, d’une fièvre typhoïde.
À Constantinople, Lisa met au monde sa deuxième fille, Anastasia. En 1922, toute la famille Skobtsov et Mme Sophie Pilenko s’établissent à Paris, partageant les privations et les difficultés de leurs compatriotes. Danilo Skobtsov est chauffeur de taxi, Lisa fait des travaux de broderie. Il semble que la vie personnelle du couple ne soit pas très heureuse ; sans qu’il y ait divorce, les époux se séparent. La mort de la petite Anastasia, en 1924, est à la fois pour sa mère une atroce épreuve et une " visitation du Seigneur ".
Quel a été jusque-là l’itinéraire spirituel de celle qui deviendra bientôt Mère Marie ? On le devine à travers quelques-uns de ses écrits. Elle cherche Dieu aussi passionnément qu’elle se donne aux autres. Pendant son action révolutionnaire, elle a nié Dieu, mais s’est apitoyée sur le Christ : " Lui aussi mourut, il saigna, il fut souffleté... Nous effleurons légèrement ses blessures sans être brûlées par son sang ". Mais son sang, ses blessures, ne cesseront de s’imprimer de plus en plus profondément dans l’âme de Lisa, jusqu’à faire d’elle cette image du Christ que deviennent les saints et les martyrs. Quelques mois plus tard, elle écrit à sa mère : " J’ai acheté un gros tuyau de plomb, je l’ai aplati avec un marteau et je le porte sous ma robe comme une ceinture. Tout cela pour trouver le Christ, pour l’obliger à se révéler, à m’aider... Non, simplement, à me faire savoir s’il existe. "
Ce Christ qu’elle cherche, elle l’a déjà trouvé sans le savoir, et c’est au chevet de sa petite fille qui agonise interminablement d’une méningite, que Lisa, dans la douleur, découvre enfin sa voie. " Au côté de Nastia, a-t-elle écrit, je sentis que ma vie, mon âme avaient toujours suivi des chemins étroits, bornés... J’aspirai à m’engager dans une autre voie, plus large, plus claire... Quoi qu’on pense, il n’existe pas de paroles plus grandes qu’" Aimez-vous les uns les autres ". Croyez en ces paroles, et toute votre vie en sera éclairée. "
Et elle y croit. Elle prend en charge dans le mouvement des étudiants chrétiens russes les plus déracinés, les épaves.
Va vivre au milieu des vagabonds et des pauvres,
Entre eux et toi, entre le monde et moi,
Noue un lien que rien ne pourra rompre.
(Mère Marie : Stikhi (Poèmes), 1949.)
Quelques années plus tard, en mars 1932, la profession monastique de Lisa est reçue par le métropolite Euloge dans l’église de l’Institut Saint-Serge à Paris. La forme de vie religieuse à laquelle Mère Marie se sent appelée est celle d’un monachisme ouvert au monde et apportant, surtout aux plus misérables, le témoignage de l’amour absolu. La maison de la rue de Lourmel (au 77) où siège l’Action orthodoxe qu’elle a fondée est en quelque sorte une " fraternité ". Les malheureux y côtoient des prêtres, des écrivains, des philosophes. Mère Marie va chaque jour aux Halles pour approvisionner tout son monde, quémandant auprès des commerçants. On y connaît son costume insolite de moniale orthodoxe, ses gros souliers, mais aussi son sourire de bonté inépuisable.
À Ravensbrück, Mère Marie m’a raconté un souvenir de cette époque. Parmi les nombreuses visites qu’attirait rue de Lourmel sa personnalité rayonnante, il y eut un jour Trotsky. Après avoir évoqué les luttes et les oppositions de naguère, puis l’avenir, que Trotsky voyait très sombre, avec la guerre imminente : " Tu devrais venir dans le Nouveau Monde, dit-il à Mère Marie, sinon tu n’échapperas pas à l’emprisonnement et à la mort ". Et, comme elle lui répondait en souriant que rien d’autre ne comptait désormais que le service des pauvres et la volonté de Dieu, il la supplia une dernière fois : " Dis-moi si, en souvenir du passé, je puis faire encore quelque chose pour toi. " " Eh bien ! Va payer la note du charbonnier, répondit-elle ". Et Trotsky paya une note en effet considérable, car Mère Marie prenait souvent à crédit de quoi chauffer de pauvres gens, autres que ceux de la rue de Lourmel. " Dieu l’a sauvé à cause du charbon ", ajoutait-elle avec malice, se souvenant de ses propres projets pendant la révolution.
Comment, au milieu de cette existence constamment vouée aux autres, sans cesse dérangée, trouvait-elle le moyen d’écrire ces admirables poèmes qui sont pour nous le plus précieux témoignage de sa vie intérieure ? Certains ont des accents de prémonition assez surprenants :
Là-bas la chair de la terre
Se consume dans un feu noir.
Dans le ciel, lueur d’incendie,
Cratère que voile un nuage
Écoutez, mes amis, mes frères,
Mon âme, mon âme brillera.
Ou celui-ci, qui évoque encore sa fin par le feu :
Mon bûcher brûlera
sur une terre étrangère.
Des branches mortes monte une mince fumée,
Le feu apparaît à mes pieds,
Le chant funèbre devient plus fort.
Mais la ténèbre n’est pas mort ni vide,
En elle se dessine la Croix.
Ma fin, ma fin consumée.
Mère Marie ne faisait pas qu’écrire des poèmes et de très beaux textes d’inspiration plus théologique, elle peignait comme elle avait peint naguère à Saint-Pétersbourg. C’était les mêmes dons artistiques, la même passion, la même force qui animaient la jeune intellectuelle de " La Tour " décrite par Ilya Ehrenbourg (Les Années et les Hommes), mais l’unité s’était faite dans son âme indomptable.
Dès le début de l’Occupation allemande, Mère Marie ne se contente plus de recueillir les chômeurs et les malades russes sortis des hôpitaux psychiatriques, elle accepte de cacher ceux qui sont traqués par la Gestapo et en particulier les Juifs. Depuis 1939, le desservant de la chapelle de la rue de Lourmel était un jeune prêtre dont la spiritualité profonde, la volonté de sacrifice et la générosité de cœur étaient à l’unisson de ceux de Mère Marie : le père Dimitri Klépinine. Ensemble, ils poursuivront leur action jusqu’à ce qu’ils soient arrêtés, ainsi que Youri, le fils de Mère Marie. Mais que de Juifs ils auront sauvés ! Faux certificats de baptême chrétien donnés par le Père Dimitri, faux papiers d’identité, vêtements, nourriture, cachettes... Mère Marie cache aussi des prisonniers de guerre russe évadés, des résistants français et russes. Elle est en contact avec plusieurs d’entre eux : Jacques Rabinovitch, Serge Svern, David Rapaport, Boris Vildé. Avec quelle joie ne ferait-elle pas partie de la résistance militaire si ses amis ne lui faisaient pas observer qu’elle porte suffisamment de responsabilités !
Le 8 février 1943, la Gestapo vient l’arrêter. Elle est absente, mais revient volontairement rue de Lourmel. À sa mère, Mme Sophie Pilenko (elle est morte très âgée, vers 1963), l’agent du S. D. qui dirige l’opération crie : " Vous ne reverrez jamais votre fille ! " Quelque temps auparavant, Mère Marie a écrit : " Je suis ton message. Jette-moi comme une torche dans la nuit. Que tous voient, que tous apprennent ce que tu demandes aux humains, quelle sorte de tes serviteurs tu envoies au sacrifice. "
Après plusieurs mois passés à Romainville, Mère Marie est déportée à Ravensbrück à la fin d’avril 1943. Ce que fut sa vie au bloc 27, nous le savons toutes. Ses camarades l’entourent de respect. Elle parvient encore à peindre, entre autres une émouvante icône de la Vierge qui tient dans ses bras Jésus crucifié. Le jour de Pâques 1944, les fenêtres de sa baraque sont décorées par elle d’étonnants découpages en papier. Sur sa paillasse, elle tient de véritables petits cercles où elle parle de la révolution russe, du communisme, de ses expériences politiques et sociales et parfois, plus profondément, de son expérience religieuse. Dans un Manuel du chrétien qu’une de nos camarades a pu sauver de la fouille, Mère Marie lit un passage des Évangiles ou d’une Épître. Elle le médite en quelques mots.
Près d’elle, nous prions et chantons parfois, mezzo voce. Ces réunions qui nous ont laissé un souvenir inoubliable ont lieu souvent dans d’autres blocs, où il est plus facile de se cacher, ou dans une allée du camp, près du mur d’enceinte, tandis que l’une de nous fait le guet. Mère Marie va souvent au bloc des " soldates " russes, qui l’accueillent avec affection. Elle nous parle avec admiration de leur courage. Retrouve-t-elle dans ces jeunes visages celui de sa fille Gaïana, qui a voulu retourner en Russie après avoir épousé un étudiant soviétique et qui y est morte ?
Quand vint le cauchemar des derniers mois, je fus définitivement séparée de Mère Marie. Je n’appris qu’à mon retour, avec une grande douleur, sa mort dans la chambre à gaz de Ravensbrück. D’après plusieurs témoignages de nos camarades et surtout celui de Jacqueline Péry, elle atteignit la limite extrême de ses forces au début de 1945 :
" Toujours couchée entre les appels, ne parlant plus ou presque plus, elle s’absorbait dans une méditation sans fin... Son visage était impressionnant à regarder, non pas à cause des traits ravagés – car nous étions habituées à ce spectacle –, mais de l’expression concentrée de terrible souffrance intime qu’il reflétait. Il portait déjà les stigmates de la mort. Cependant Mère Marie ne se plaignait pas. Elle gardait les yeux clos et semblait en état d’oraison. C’était, je crois, son Jardin des Oliviers " (cité dans One, of Great Price, de Serge Hackel, chez Darton, Longman et Todd).
Le Père Dimitri Klépinine mourut à Dora le 11 février 1945. Youri quitta Dora un peu plus tard. On le vit monter dans un camion, puis il disparut.