« L’unité sera atteinte lorsque nous pourrons communier à la même eucharistie »

Paris Notre-Dame du 23 janvier 2025

La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens – catholiques, orthodoxes et protestants – a lieu du 18 au 25 janvier. Ce temps œcuménique se tient chaque année depuis 1908 et répond à un grand besoin de paix. Explications avec le P. Jérôme Bascoul, vicaire épiscopal à l’œcuménisme du diocèse de Paris.

P. Jérôme Bascoul, vicaire épiscopal à l’oecuménisme du diocèse de Paris.
© Charlotte Reynaud

Paris Notre-Dame – Que signifie la recherche de l’unité entre les chrétiens ?

Jérôme Bascoul – L’unité des chrétiens a été donnée par le Christ mais elle a été abîmée par les hommes tout au long de l’histoire. La première grande crise de l’unité de l’Église remonte au IVe siècle. Arius, un théologien alexandrin, et ses disciples diffusent une doctrine fondée sur la négation de la divinité de Jésus. Un concile œcuménique, appelé le Concile de Nicée, est convoqué par l’empereur Constantin en 325. L’Église a alors été capable de trouver son unité au-delà de la crise et de professer une foi commune. Nous fêtons d’ailleurs cette année les 1 700 ans du premier concile œcuménique. Mais cette unité a été rapidement compromise par les grandes divisions : l’Orient et l’Occident, les latins et les grecs, la Réforme au XVIe siècle… À chaque division, il y a eu des tentatives d’union mais elles n’ont jamais abouti. Pour quelles raisons ? Au-delà des questions théologiques, il y a des enjeux politiques et culturels. Ainsi, les incompréhensions théologiques sont devenues des facteurs d’identification contre les autres : le Filioque entre grecs et latins ou encore la question de la justification entre protestants et catholiques. Malgré tout, nous réussissons aujourd’hui à trouver un langage commun en dépit des fractures.

P. N.-D. – La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est donc une des solutions ?

J. B. – L’œcuménisme n’est pas un vœu pieux mais un très long travail avec un objectif : l’unité sera atteinte lorsque nous pourrons communier à la même eucharistie, partager la même foi et les mêmes sacrements. C’est la grande différence avec le dialogue interreligieux. Prière, dialogue théologique et actions communes, caritatives ou autres, sont les trois directions possibles de l’œcuménisme. La semaine dédiée à l’unité des chrétiens s’inscrit donc dans ce cadre.

P. N.-D. – Pouvez-vous faire un état des lieux de l’œcuménisme à Paris ?

J. B. – À Paris, les relations œcuméniques sont plutôt bonnes au niveau institutionnel et local. Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, a montré son intérêt pour ces questions en invitant, par exemple, les représentants des différentes Églises à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, le 8 décembre dernier, ou encore par sa prédication au Temple de l’Annonciation, le 21 janvier, lors de la célébration régionale. De leur côté, les partenaires œcuméniques ont le souci de le rencontrer pour établir de bonnes relations. À l’échelle paroissiale, la plupart des curés de Paris connaissent leurs homologues protestants et orthodoxes du quartier. Les relations sont harmonieuses. Les freins à l’œcuménisme sont surtout liés au contexte mondial. En Occident, toutes les Églises sont confrontées aux mêmes pressions culturelles et sociétales : les scandales liés aux abus, l’accès des femmes aux ministères ordonnés, la question de l’homosexualité, etc. En Orient, les Églises sont très liées aux pouvoirs en place et jouent un rôle important dans la société. La manière de répondre à ces défis en interne diffère entre les Églises et cela peut susciter l’incompréhension, voire la division entre chrétiens. À Paris, nous essayons de créer des espaces de dialogue entre les partenaires œcuméniques pour qu’ils puissent être des relais dans leur propre Église.

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