Jeanne d’Arc, « sainte de l’énergie nationale »
Paris Notre-Dame du 10 octobre 2019
Le centenaire de la canonisation de Jeanne d’Arc, initié par le diocèse de Saint-Dié (Vosges) avec d’autres diocèses johanniques, s’ouvrira le 1er novembre à Domremy (Vosges). L’occasion de revenir sur le court séjour de la sainte combattante aux portes de Paris en 1429, et de s’interroger sur ce modèle chrétien étonnant.
On dit que Jeanne d’Arc se serait agenouillée là en septembre 1429, au bas du deuxième pilier à droite, en entrant. » Jacques François, paroissien de St-Denys de La Chapelle (18e) depuis près de quarante ans, est un fin connaisseur de l’histoire de son église, où il guide les visiteurs occasionnels.
Il aime faire remarquer que dans cet édifice gothique datant de 1204 – ce qui en fait une des plus anciennes églises de Paris, contemporaine de la cathédrale Notre-Dame –, règne une atmosphère particulière. Des piliers, seuls les chapiteaux sont encore d’époque. Est-ce la voûte en bois, l’intimité de cette ancienne église de campagne ? Ici, on a les pieds plantés hors du temps. On peut aisément imaginer Jeanne, là où certains placent le premier tombeau de saint Denis, entourée des gentilshommes qui l’accompagnaient, recevant la communion quotidienne durant ces quelques jours qui préparaient l’assaut de la ville de Paris avec les troupes de Charles VII début septembre 1429.
« Cette église, c’est un peu “le reliquaire” parisien du souvenir de Jeanne », fait remarquer Jacques François. Un reliquaire discret néanmoins, accueillant quelques pèlerins attachés à la sainte ; et accueillant surtout la vie pastorale de la paroisse, ancrée dans ce quartier populaire de la capitale. L’église St-Denys de La Chapelle est aujourd’hui couplée en une seule paroisse avec la basilique attenante, dédiée à sainte Jeanne d’Arc, née à la suite du vœu d’un vicaire général de Paris confirmé par le cardinal Léon Alphonse Amette, en septembre 1914. Ce dernier fi t la promesse de faire construire un sanctuaire à Jeanne d’Arc si elle protégeait Paris des armées allemandes...
« Jeanne d’Arc, c’est plutôt la Loire que Paris, remarque le P. Jean-Jacques Launay, délégué épiscopal pour la commission diocésaine d’art sacré. Elle habite tout de même la capitale par de nombreuses représentations… et par l’ouverture de son procès de réhabilitation à N.-D. de Paris (4e) le 7 novembre 1455. » Quel modèle de sainteté nous apporte-t-elle ? « La vie de paroisse ne change pas parce que Jeanne est passée par là ! », réagit Jacques François. « Néanmoins, elle est venue là. C’est un témoignage de foi », ajoute celui qui regrette que cette figure se soit « laissée voler par divers combats politiques » et « qu’un certain nombre de catholiques soient, du même coup, mal à l’aise avec elle ». Et d’expliquer : « Jeanne, c’est celle qui parle, lors de son procès dont on a le détail, avec une simplicité de vocabulaire et une clarté déconcertantes. C’est celle qui nous apprend, à partir de son “Messire Dieu, premier servi”, à donner la priorité absolue à Dieu, en orientant nos vies à sa lumière. Elle nous invite aussi à nous mettre en action dans la confiance : “Les gens d’armes batailleront, et Dieu donnera la victoire”, dit-elle. » « Jeanne, c’est la sainte de la vérité et de la justice », conclue le P. Jean-Jacques Launay. Et il n’y a pas de mal à dire qu’elle est aussi la sainte de l’énergie nationale. Dans un contexte social morose, nous pouvons prier cette combattante chrétienne, non pas comme une figure étriquée dans un nationalisme enfermant, mais comme une inspiration pour travailler à l’unité nationale dans son sens fraternel. »
Propos recueillis par Laurence Faure@LauFaur
Pour visiter la basilique,
contacter St-Denys de La Chapelle
au 01 46 07 35 52.
En association avec les diocèses johanniques, les festivités du centenaire de la canonisation de Jeanne d’Arc (16 mai 1920) s’ouvriront par une célébration solennelle le 1er novembre 2019, en la fête de la Toussaint, à 10h, à la basilique Ste-Jeanne-d’Arc à Domremy (Vosges).
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