L’espérance des étudiants face à la Covid-19
Paris Notre-Dame du 25 février 2021
« La foi soutient les étudiants catholiques dans la crise » : c’est la conclusion d’une consultation organisée par le Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations, rendue publique le 18 février 2021. Décryptage du P. Régis Peillon, aumônier national de la pastorale étudiante.
Paris Notre-Dame – Comment est venue l’idée de cette consultation ?
P. Régis Peillon – Nous étions interpelés par la crise que vivaient les étudiants. Pour compléter les études qui sortaient, nous avons voulu nous mettre à l’écoute de notre réseau, et connaître ce que les étudiants avaient à dire dans la spécificité de leur foi. Quelque 2600 étudiants entre 18 et 23 ans – dont deux tiers de femmes – ont répondu au questionnaire en ligne entre fin janvier et début février.
P. N.-D. – Comment ces étudiants abordent-ils la crise en tant que catholiques ?
R. P. – La première conclusion, c’est qu’ils sont éprouvés au même titre que leur génération : ils sont plus de 71% à trouver que les mesures sanitaires sont injustifiées et ont des conséquences lourdes sur leur rythme de vie et sur leur vie spirituelle. La moitié d’entre eux souffre de l’absence de rencontres informelles dans les groupes de jeunes, et de lieux d’approfondissements de la foi (week-ends, retraites, pèlerinages). Mais un des points essentiels qui ressort, c’est que pour 94% d’entre eux, la foi constitue un soutien. Ici on parle vraiment de la présence de Dieu comme moteur de la résilience : ils nous disent que c’est d’abord la confiance et l’espérance en Dieu qui leur ont permis de tenir ; ils parlent du soutien de la prière ; dans un second temps seulement, 31% disent que ce sont les relations sociales qui les ont soutenus dans la foi (famille, amis). Enfin, un jeune sur trois dit avoir été soutenu par son groupe chrétien, plus que par sa paroisse. Ils ont besoin qu’on s’adresse à eux spécialement, que l’on crée des lieux spécifiques, avec des propositions qui leur sont adaptées.
P. N.-D. – Globalement, les jeunes chrétiens sont plus confiants que défiants ?
R. P. – La foi leur donne une espérance, et pas seulement pour eux, pour les autres aussi. Ils ne sont pas repliés sur eux-mêmes, ils ont conscience que nourrir leur foi, c’est aussi aller servir autrui. À la question de ce qu’ils seraient prêts à faire pour le Bien commun, les trois quarts ont répondu : soutenir les plus fragiles. Ensuite vient la défense de la liberté de culte. Ces deux engagements arrivent avant le respect des normes sanitaires (40%).
P. N.-D. – Quelles sont vos propositions à partir de cette consultation ?
R. P. – Au niveau pastoral, il faut encourager la fraternité, la proximité, au sein de notre maillage local. Nous avons organisé par exemple un partenariat avec des entrepreneurs et dirigeants chrétiens, afin de relayer des stages, des contrats d’apprentissage, des premiers jobs pour étudiants. Il faut aussi entretenir le lien, rompre la solitude, permettre des rencontres intergénérationnelles. Les groupes de jeunes de diverses villes ont développé des épiceries solidaires, des paniers repas, des aides à la précarité étudiante. Spirituellement enfin, le temps liturgique redonne un horizon : aujourd’hui leur avenir semble bouché, ils ont du mal à se projeter, le Carême permet de réinvestir le temps par des échéances et de vivre la crise avec le Christ.
Au niveau national, comme Église, nous partageons les mêmes appels que les autres acteurs de la vie étudiante : la reprise des cours dans les locaux des universités au moins une fois par semaine, demandée à 83% par nos jeunes ; la réouverture des Crous pour qu’ils bénéficient des repas à un euro.
Propos recueillis par Anne Kurian-Montabone
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