La Chandeleur, fête de la lumière
Paris Notre-Dame du 30 janvier 2014
Quarante jours après la Nativité, la Chandeleur vient clore le temps de l’attente messianique [1]. À quoi se réfère cette tradition ? Le point sur cette fête avec le P. Thierry Vernet, coresponsable du département « Judaïsme et Christianisme » au Collège des Bernardins.
P. N.-D. : La Chandeleur est la célébration de la Présentation de Jésus au Temple. Que signifie cette tradition juive ?
P. Thierry Vernet – Dans son Évangile, Luc insiste sur le fait que Marie et Joseph, en montant au Temple, respectent la loi de Moïse. Selon la loi juive, la jeune accouchée est en état d’impureté rituelle pendant quarante jours après la naissance d’un garçon – et quatre vingts pour une fille – et doit offrir un sacrifice pour sa purification : un agneau ou, si elle n’en a pas les moyens, un couple de tourterelles. Le jeune ménage apparaît donc ici comme pauvre. Or, dans la Bible, les pauvres de Dieu sont ceux qui lui sont fidèles jusqu’au bout. Mais Luc associe à ce rite un autre rite : le rachat du premier né. Tout premier-né mâle appartient à Dieu et il faut le racheter symboliquement en offrant une certaine somme.
P. N.-D. : La fête de la Présentation au Temple clôt le temps de l’attente messianique. Pourquoi ?
T. V. – Cette fête intervient quarante jours après la Nativité, car c’est le temps que Marie a attendu pour monter au Temple. Comme la naissance de Jésus, la Présentation au Temple marque la fin du temps de l’attente. Les témoins de la scène, Anne et Syméon, représentent ceux qui attendaient le Messie comme la consolation et la libération d’Israël. Ce jour-là, le Messie est présenté au Père, il est offert et reconnu. Désormais, Jésus peut entrer dans sa vie cachée et faire l’apprentissage de la vie d’homme à Nazareth.
P. N.-D. : Comment cette fête est-elle célébrée ?
T. V. – La liturgie insiste beaucoup sur la lumière, annoncée par Syméon qui compare l’enfant à la « lumière des nations ». C’est pourquoi, la liturgie comprend une bénédiction des cierges et une procession de la lumière. D’ailleurs, le mot chandeleur vient du latin, candelarum, qui signifie chandelle. Cette fête nous invite à méditer sur le Christ, lumière, et à être nous-mêmes lumière pour le monde.
P. N.-D. : Pourquoi fête-t-on aussi les consacrés ce jour-là ?
T. V. – Tous les personnages présents au Temple ce jour-là sont, à leur façon, consacrés : aussi bien les membres de la Sainte Famille qu’Anne et Syméon, qui ont tous les deux donné leur vie au Seigneur. Ce sont des beaux modèles de vies passées à attendre le Messie. Jésus inspire toujours des hommes et des femmes à lui offrir leur vie. C’est l’occasion de rendre grâce pour le don de la vie consacrée. • Propos recueillis par Agnès de Gélis
[1] Le temps de Noël, dans la liturgie, s’achève avec la fête du baptême du Christ. La tradition invite à garder les crèches jusqu’au 2 février.