La joie, « une proposition de vie »
Paris Notre-Dame du 19 septembre 2024
Vertu chrétienne, fruit de l’Esprit Saint, la joie revient régulièrement dans les Écritures. Le Collège des Bernardins y consacre, à partir du 23 septembre, un nouveau mooc – cours vidéo en ligne – gratuit. Rencontre avec le philosophe Martin Steffens qui a conçu et animera ce parcours.
Paris Notre-Dame – Le thème de votre mooc La joie, sentiment du réel sonnerait presque comme une provocation au vu de l’actualité… Quel est le sens de votre approche ?
Martin Steffens – J’espère qu’il sonne comme une provocation ! Car le but de ce mooc est de découvrir ce qu’est la vraie joie. La vraie joie qui est à distinguer du plaisir ou du bonheur et, bien entendu, de la souffrance. C’est d’ailleurs ce qui est intéressant. Le plaisir, sentiment du réel ou Le bonheur, sentiment du réel auraient été faux. Mais la joie, peut-être précisément parce qu’elle advient lorsque nous sommes en vérité avec ce qu’il y a de plus réel dans le réel et qui, par-là, peut survivre aux épreuves, devient alors une manière même de vivre ces épreuves. Nous ne pouvons pas être joyeux en faisant abstraction de notre propre vie, la joie étant une adhésion à ce qu’il y a de plus substantiel dans notre vie.
P. N.-D. – L’atteindre est-il l’objectif d’une vie ou peut-elle être un état d’esprit au quotidien ?
M. S. – Si la joie n’est pas un but que l’on peut se fixer, elle est en revanche une décision, une sorte de manière pour chacun d’aller au monde. Et elle ne tient à rien tout en étant, dans le même temps, une expérience très quotidienne. Lorsque nous sommes de mauvaise humeur par exemple, il suffit souvent d’un rien pour nous laisser séduire par ce qui est plus grand que notre « petite » mauvaise humeur. Il y a là comme un appel à notre volonté, celle de nous laisser emporter par la proposition de vie qui nous est faite. Je dirais donc qu’il s’agit plutôt d’une tonalité affective avec laquelle nous avançons dans le monde et qui nous permet d’être plus en phase avec ce qui se donne vraiment. La joie est, en ce sens, indispensable à toute vie et nous permet de nous donner davantage.
P. N.-D. – Quelles sont les clés pour réussirà s’ancrer dans cette joie ?
M. S. – Il nous faut avant tout apprendre à lareconnaître. C’est vraiment le but de ce mooc dont les deux premières séances s’attachent à définir ce qu’est la joie... et surtout ce qu’elle n’est pas ! Ayant fait ce travail d’identification, nous pouvon s mieux retenir nos joies en notre demeure, les chérir afin, pour paraphraser Bach, « que notre joie demeure ». Dans cette rencontre, elle nous invite à trouver de nouveaux points d’équilibre, entre l’involontaire et le volontaire, l’intériorité et l’extériorité. La joie vient à nous mais il dépend de nous de la retenir et de l’entretenir. À certains moments, il nous faut être patients, fidèles à notre vie et à d’autres, au contraire, la flamme se rallumant, il dépend de nous de souffler dessus.
P. N.-D. – À qui est destiné ce mooc ?
M. S. – Il s’adresse à tous ceux qui, à partir de 15 ans, en ont le désir parce qu’il s’agit tout de même du principe de la philosophie – philo signifie amour en grec. Et je donnerais ce conseil : si certaines séances semblent plus compliquées, continuez ! En philosophie, ce n’est pas grave de ne pas tout saisir immédiatement. Il n’y a que les modes d’emploi qui sont conçus dans ce but ! L’expérience philosophique consiste à se laisser dire quelque chose qui, peut-être, nous devance un peu.
Propos recueillis par Mathilde Rambaud
Informations pratiques
La joie, sentiment du réel avec Martin Steffens,
dès le 23 septembre, inscription gratuite sur lecampusdesbernardins.fr ; trois vidéos de six minutes mises en ligne chaque lundi pendant six semaines ; mooc disponible jusqu’au 23 décembre.
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