La restauration du chemin de croix de l’église St Médard
Le chemin de croix lauréat au Grand Prix Pèlerin 2023 pour financer sa restauration
Le chemin de croix de l’église Saint Médard à Paris vient d’être restauré en raison de son intérêt artistique et patrimonial. Réalisé dans les années 1930 par Marthe Flandrin, Simone Flandrin-Latron et Simone Lorimy-Delarozière, cet ensemble s’inscrit dans la mouvance des Ateliers d’art sacré. Il se distingue par son unicité, contrairement à de nombreux chemins de croix produits en série. De plus, la collaboration des trois artistes reflète l’esprit de communauté propre à ces ateliers, fondé sur le partage et la mise en commun des savoir-faire.
Avant restauration, les quatorze stations étaient fortement encrassées et assombries par un vernis épais, altérant leur lisibilité. L’éclairage existant ne les mettait pas en valeur, et certaines couleurs présentaient des craquelures prématurées. Face à cet état de dégradation, la commission diocésaine d’art sacré a souhaité redonner visibilité et importance à cette œuvre unique réalisée par des femmes peintres.
Pour financer la restauration, le chemin de croix a été présenté au Grand Prix Pèlerin 2023 et a remporté le prix de la création et de la restauration du patrimoine d’Île-de-France, avec le soutien des Chantiers du Cardinal.
Le travail a été réalisé dans l’atelier de Julie Chanut à Paris. Vous pourrez dès à présent apprécier son travail de restauration dans l’église, où les œuvres ont retrouvé leur place au début du Carême.
Focus sur les artistes peintres :
Marthe Flandrin, petite-fille du peintre Paul Flandrin, se forme aux Beaux-Arts de Paris, où elle apprend la fresque et le dessin. Engagée dans le renouveau de l’art sacré aux côtés de Maurice Denis et George Desvallières, elle participe à la décoration de l’église du Saint-Esprit, de Sainte-Geneviève de Nanterre et de plusieurs pavillons d’Expositions Internationales. Son style intime et sobre s’inscrit dans la volonté de l’époque d’ancrer le mystère chrétien dans la vie quotidienne.
Sa belle-sœur, Simone Flandrin-Latron, rejoint les Beaux-Arts en 1925 et s’implique dans le mouvement catholique de l’art sacré. Elle collabore régulièrement avec Marthe Flandrin sur des projets artistiques, notamment pour le musée des Monuments Français. Elle se distingue également dans l’art du vitrail, contribuant à la reconstruction après-guerre sous la direction de son beau-frère Yves-Marie Froideveaux.
Simone Lorimy-Delarozière, plus discrète, est connue pour sa peinture orientaliste et ses vues du Maroc. Formée à l’Académie Julian, elle conçoit en 1932 la crèche de Notre-Dame de Paris avec son futur mari, l’architecte Jean Delarozière. Enseignante en dessin et peinture, elle se consacre plus tard à la tapisserie religieuse, avec des œuvres conservées à l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Les stations du chemin de croix de Saint-Médard comptent parmi ses rares peintures religieuses encore existantes.