« La Résurrection n’est pas pour demain, elle est pour aujourd’hui ! »
Paris Notre-Dame du 1er avril 2021
Alors que nous pouvons être enclins au découragement dans cette crise qui s’éternise, le P. François Potez, récemment nommé curé de St-Philippe-du-Roule après avoir été atteint d’un cancer, nous invite à goûter l’amour de Dieu dans notre vie telle qu’elle nous est donnée.
Paris Notre-Dame – Comme les apôtres après la mort de Jésus, nous avons pu vivre ce moment de sidération avec l’arrivée de cette épidémie. Un an après, et à l’occasion de Pâques, n’est-ce pas le moment de revenir à la vie ?
P. François Potez – Les apôtres attendaient un Messie triomphant qui vienne rétablir la royauté en Israël. Et voilà qu’après avoir été flagellé, vécu sa Passion, Jésus est crucifié et apparaît comme un homme défiguré par la souffrance. On ne se rend peut-être plus compte aujourd’hui à quel point cette histoire est abominable et à quel point les disciples de Jésus ont dû être anéantis. Aujourd’hui, dans les conditions qui sont les nôtres, sans attendre que la pandémie s’arrête, nous sommes invités à vivre. La Résurrection n’est pas pour demain. Elle est pour aujourd’hui ! Elle est déjà en nous parce que nous sommes baptisés. C’est aujourd’hui qu’il faut vivre, pas demain ! Attention cependant à deux dangers. Le premier est de vouloir revenir à la vie d’avant, un peu comme une réanimation de Lazare. Ce n’est pas possible. Des choses ont tellement bougé que nous ne reviendrons pas à la vie d’avant. Le second est de rêver à un monde meilleur où tout le monde aurait une conscience écologique, ferait attention à l’autre… Le monde idéal n’est pas de ce côté de la tombe.
P. N.-D. – Que signifie vivre en tant que ressuscité ?
F. P. – Si nous vivons de la vraie vie, nous ne vivons plus en fonction de nos envies ou d’événements extérieurs. C’est le Christ qui nous fait vivre. Cette vie-là se manifeste par la paix et par la joie. Nous vivons alors avec une autre énergie, une autre finalité : l’éternité. Pour ceux qui croient en Dieu, tout concourt à leur bien. Je ne comprends pas tout ce que Dieu me demande de vivre mais je crois qu’il me donne de vivre cela pour le bien et pour mon bien. Il ne s’agit donc pas d’envoyer en l’air toutes les contraintes qui nous sont imposées aujourd’hui. Les contraintes font partie des conditions de vie que Dieu me donnent aujourd’hui.
P. N.-D. – Vous qui avez traversé, dans votre chair, ce temps de sidération qu’est la maladie, comment avez-vous fait pour continuer à vivre ?
F. P. – C’est une expérience très intéressante de ne pas savoir si vous allez vivre encore dans un mois. Cela oblige à vivre au jour le jour. Il ne s’agit non pas de « profiter du moment présent » mais de savourer l’amour que Dieu me donne maintenant, comme il me le donne. Le profit est toujours un peu intéressé. Savourer le don de Dieu, c’est entrer dans un échange de dons. J’ai proposé un seul effort à mes paroissiens pour le Carême : ne pas râler. C’est le début d’une vie dans la Résurrection ! Une des leçons de cette crise, c’est de parvenir à goûter la vie telle qu’elle nous est donnée. On passe tous par la Croix. On ne peut pas l’éviter. Mais nous pouvons toujours y découvrir le chemin qui conduit à la vie. Il s’agit de consentir à ce qui nous est donné de vivre aujourd’hui. Il y a des choses que je peux changer, je me dois d’y travailler. Il y a aussi des choses qui ne dépendent pas de moi. Soit je me cabre devant elles, soit je les accepte et décide de les vivre pleinement comme la Vierge Marie. Ma maladie n’est pas un mauvais souvenir. Parce que Dieu m’a parlé dans ces moments et je n’ai pas encore découvert tout ce qu’il m’a dit. De la même manière, la pandémie ne sera pas un mauvais souvenir si nous en tirons les leçons que Dieu veut nous donner. Nous devons écouter, chacun, ce que l’Esprit Saint nous dit à travers elle.
Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab
Sommaire
Consulter ce numéro
Acheter ce numéro 1 € en ligne sur les applications iOs et Android