Le génie romantique de Delacroix
Paris Notre-Dame du 16 juillet 2015
Ce deuxième volet de la série d’été de Paris Notre-Dame, autour de grands artistes dont les œuvres ornent les églises parisiennes, vous emmène à la découverte de peintures du célèbre Eugène Delacroix.
« Je n’aime pas la peinture raisonnable », affirme Eugène Delacroix (1798-1863) dans son Journal. L’exacerbation des sentiments est visible dans ses œuvres. Ce chef de file du mouvement romantique joue admirablement avec les couleurs, la lumière et le mouvement. Bien que l’artiste se soit déclaré athée, il a su peindre avec profondeur des sujets religieux. Les promeneurs peuvent se laisser emporter dans le tourbillon d’émotions de Delacroix dans trois églises parisiennes.
Le Christ au jardin des Oliviers
Dans le quartier du Marais, l’église St-Paul-St-Louis (4e) accueille une toile de jeunesse d’Eugène Delacroix, achevée en 1827 : Le Christ au jardin des Oliviers. Ce grand tableau, situé dans le transept gauche de l’église, est une commande du préfet de Paris. C’est une représentation originale d’une scène souvent peinte par des artistes. Delacroix a donné au Christ, face à trois anges au regard éploré, deux attitudes qui peuvent sembler contradictoires : il lève son bras vers le ciel (en signe d’appel à l’aide ?) et en même temps garde la tête baissée.
La Pietà
Il suffit de marcher quelques centaines de mètres pour découvrir une autre œuvre de Delacroix. Située dans la chapelle de la Vierge de St-Denys du St-Sacrement (3e), elle s’appelle la Pietà ou Le Christ descendu de la croix. C’est Delacroix lui-même qui a choisi ce thème classique de la peinture lorsque le préfet de Paris lui a passé une commande pour cet édifice. Il l’a peinte en dix-sept jours seulement, en 1844. L’écrivain Charles Baudelaire résume bien l’impression laissée par ce tableau : « Ce chef-d’œuvre qui laisse dans l’esprit un sillon profond de mélancolie. »
La chapelle des Saints-Anges
Le parcours se termine dans le centre de Paris, à St-Sulpice (6e), par l’une des œuvres majeures de Delacroix. À la suite d’une commande officielle, il a entièrement peint la décoration de la chapelle des Saints-Anges, située à droite en entrant dans l’église. Ce grand chantier l’a occupé de 1849 à 1861. La toile Saint Michel terrassant le dragon, marouflée au revers de la coupole, représente un sujet classique dans l’art. Quant aux scènes Héliodore chassé du Temple et du Combat de Jacob avec l’ange, peintes directement sur les murs sur une surface préalablement enduite, elles sont des représentations originales de deux autres passages bibliques. Michel Rougé, guide bénévole de l’église St-Sulpice, livre son commentaire : « Il se raconte que Delacroix était mécontent du sujet imposé des anges car il en craignait la mièvrerie. Il a trouvé dans la Bible trois récits de combats pour donner libre cours à son tempérament. Certains des anges qu’il a peints se battent avec fureur. Dans le Combat de Jacob avec l’ange, l’ange se comporte, lui, comme un moniteur sportif qui aide Jacob à se perfectionner. Delacroix ne s’est pas contenté de peindre le sujet qu’on lui prescrivait, mais il a cherché à en pénétrer le sens profond. » • Céline Marcon
Note : Visites gratuites d’églises organisées sous l’égide de l’association diocésaine Art, culture et foi - Paris. Pour St-Sulpice, visite tous les dimanches, à 14h30, et sur demande pour les groupes. Tél. : 01 42 34 59 98. Pour St-Paul- St-Louis, visites tous les premiers et deuxièmes dimanches du mois, à 15h, ainsi que les quatrièmes dimanches du mois, à 15h, sauf en juillet et août, et sur demande. Tél. : 01 42 72 30 32.