"Les soins palliatifs ne sont pas de l’acharnement thérapeutique"
Radio Notre Dame - 14 novembre 2009
Radio Notre Dame : Une proposition de loi sur l’euthanasie doit être présentée jeudi prochain à l’Assemblée Nationale. On voit au fil des sondages que les personnes interrogées sont de plus en plus nombreuses à être favorables à une légalisation ou une dépénalisation de l’euthanasie, y compris chez les catholiques pratiquants. Que vous inspire ce projet de loi ?
Cardinal André Vingt-Trois : J’ai surtout l’impression d’une répétition perpétuelle. Chaque fois que ce thème est abordé, on fait comme s’il n’y avait rien eu. Or la loi Leonetti a été votée en 2005 et un rapport remis l’an passé. Nous ne sommes pas sur un terrain où il n’y a rien. Au contraire, beaucoup de dispositions ont été prises. Je ne dis pas qu’elles sont toutes appliquées, mais ce n’est pas parce que l’on tuera les gens que les dispositions seront mieux appliquées.
La question est de savoir si on considère qu’une société a la responsabilité d’accompagner ses membres dans toutes les vicissitudes de leur vie et y compris dans leur fin de vie, ou bien si elle doit organiser la manière de se débarrasser de ceux qui sont devenus encombrants. Périodiquement, nous verrons des groupes proposer un projet de loi sur l’euthanasie puisque leur objectif, c’est d’obtenir une loi sur l’euthanasie envers et contre tout.
Radio Notre Dame : Il y a souvent une peur de l’acharnement thérapeutique chez ceux qui demandent une dépénalisation de l’euthanasie. Où se situe la limite entre le respect de la vie et l’acharnement thérapeutique ?
Cardinal Vingt-Trois : C’est très clairement défini depuis longtemps ! On appelle acharnement thérapeutique le fait de prodiguer des soins qui n’ont pas pour objectif d’obtenir la guérison mais qui ont pour objectif de faire quelque chose même si cela ne sert rien. Or les soins palliatifs ne sont pas de l’acharnement thérapeutique puisqu’ils mettent en œuvre une procédure d’accompagnement qui soulage la douleur et qui permet au malade de garder le plus longtemps possible sa conscience et sa capacité de relations. On le sait, cela a été dit, expliqué, redit, réexpliqué.
Mais la vraie question n’est pas celle-là, elle est bien de savoir si oui ou non, nous pouvons prendre le pouvoir sur la vie de notre prochain.
– Écouter l’entretien du cardinal André Vingt-Trois du 14 novembre 2009.