Théâtre : Le P. Henri Planchat monté en Cène

Paris Notre-Dame du 6 octobre 2022

À l’occasion de la béatification prochaine de cinq prêtres assassinés pendant la Commune de Paris, une pièce autour de la figure du P. Henri Planchat se joue au théâtre St-Léon en octobre. Écrite et montée avec talent par Marguerite Kloeckner, cette pièce rend public l’intime de ce prêtre, religieux de Saint-Vincent-de-Paul qui, pour pouvoir sauver les âmes qui lui étaient confiées, a tout donné, jusqu’à sa vie.

De gauche à droite : Grégoire Roqueplo, Alexis Chevalier et Marguerite Kloeckner.
© Trung-Hieu Do

Pas de fioritures, peu de décors, peu de costumes. Seulement le jeu et l’interprétation, nue, de trois comédiens. Alexis Chevalier, Marguerite Kloeckner et Grégoire Roqueplo, seuls membres de la compagnie Le Saut du tremplin qu’ils ont créée. On connait leur engagement, total, sur scène, leur don entier dans leur personnage, leur complicité, leur technique bien rodée. Pour la pièce qu’ils présentent en ce mois d’octobre autour de la figure du P. Henri Planchat, prêtre religieux de Saint- Vincent-de-Paul, leur énergie ne fait pas défaut. Avec peu, ils parviennent à transmettre l’émotion et la profondeur des derniers instants du prêtre tué rue Haxo (20e) pendant la Commune de Paris.

Un gros travail d’écriture et de mise en scène

Le fruit d’un gros travail entamé il y a presque deux ans. À l’époque, le P. Philippe Mura, curé de N.-D.-de-la- Salette (15e) flairant une béatification prochaine de cinq prêtres assassinés pendant la Commune de Paris, demande à Marguerite Kloeckner et Grégoire Roqueplo, paroissiens de N.-D.-de-la-Salette, de réfléchir à une pièce pour « raconter la vie de cet homme ». Une vraie gageure. Peu d’écrits existent sur le P. Planchat. Une seule biographie, quelques livres pour enfants et des lettres. Marguerite Kloeckner, metteuse en scène, aidée de Grégoire Roqueplo, épluche ces textes, se plonge dans la littérature de l’époque, s’imprègne de Victor Hugo, relit Claudel… Et écrit un texte construit sur une boucle : il commence par l’arrestation du P. Planchat et finit par son martyre. Entre temps : des flashs-back ponctués par la lecture d’extraits de lettres écrites par le P. Planchat alors qu’il est incarcéré à la prison Mazas (12e). Deux idées jaillissent alors : celle d’inviter le P. Mura à interpréter ces extraits sur scène, un peu à la manière d’une voix off, et celle de ponctuer le texte par des interludes musicaux. Arnaud Bahuaud, organiste titulaire de la paroisse compose alors des arrangements musicaux ; Mathilde Kohn, chef de chœur, est invitée à prêter sa voix.
Le rendu fonctionne bien. Très bien même. La musique appuie le texte et le rythme – quasi cinématographique – du jeu. Car ça va vite sur scène, ça court, ça crie, ça joue, ça rit. Mais tout avec justesse, rien n’est trop appuyé. La gravité fait place à la légèreté, à la profondeur, avec un naturel désarmant. Même le jeu, encore naïf, du P. Mura, est bien intégré. Il apporte cette petite touche d’humilité qui humanise la pièce. Le P. Planchat, aux abords de sa Cène, apparaît ici touchant de vulnérabilité, de soif de justice et de charité. « Ils cassent le monde en petits morceaux. Ils cassent le monde à coups de morceaux. » Dans la bouche du P. Planchat, ces mots de Boris Vian prennent une autre ampleur. « Ils peuvent casser le monde en petits morceaux. Il en reste assez pour moi. Il en reste assez. »

Isabelle Demangeat @LaZaab

Pratique
Chasseur d’âmes, vie et mort du P. Henri Planchat sous la Commune : les samedis 8 et 15 octobre, à 20h ; les dimanches 9 et 16 octobre, à 17h, au théâtre St-Léon, place du cardinal Amette (15e). Tarifs : 25€ ; 15€ (réduit). Plus d’informations et réservations : billetweb.fr/ chasseurdames ; tél. : 01 45 31 12 16.

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