Le sacré dans le créé

Paris Notre-Dame du 8 avril 2021

Que ton règne vienne. C’est le thème de la nouvelle exposition [1] de François-Xavier de Boissoudy. Accrochée à la Galerie Guillaume, elle invite à une contemplation de la main – si ce n’est du règne – de Dieu dans nos vies humaines.

Revenir(II), de François-Xavier de Boissoudy, 125 x 100, lavis d’encre sur papier, 2020
© Luc Paris

Ce visage bienheureux exerce une forte attraction. Comment ne pas être happé par la paix et la douceur qui en émane ? Par ces yeux clos laissant paraître une quiétude ; ces paupières, lourdes, fermées tout entières comme libres de toute tension ? Ce jeune homme dont on ne voit que le visage, semble goûter et savourer une joie intense, proche de la béatitude. L’homme qui l’accueille ne dévoile pas son visage. On le connaît, on le rencontre à travers le bonheur que son amour procure. Et par le chemin, lumineux, qui mène à lui. À l’inverse de la célèbre toile de Rembrandt, ici, c’est par le fils prodigue que l’amour du Père se laisse appréhender. La grâce se révèle par le média qu’elle utilise pour se manifester. Elle se révèle par l’homme, le sacré dans l’homme créé. Voilà peut-être ce qui a animé François-Xavier de Boissoudy dans sa nouvelle série de toiles donnant lieu à une exposition à la Galerie Guillaume (8e) jusqu’au 29 mai. Une exposition née à partir de la souffrance de l’une de ses amies, au printemps dernier, alors que le monde entier commençait à s’enfoncer dans la crise sanitaire et sociale actuelle. « Cette amie était dans une situation terrible, confie aujourd’hui le peintre. Pas loin du suicide. Devant un énorme travail psychique à mener. » Face à cette réalité, une question lui vient : « Comment faire pour que ton règne, Seigneur, vienne à elle, dans son quotidien, dans sa vie, aujourd’hui ? » « Et ce règne que je demande, qu’est-ce que c’est ? » Bien sûr, les réponses ne sont pas données telles qu’elles. François-Xavier de Boissoudy ne les connaît peut-être même pas. Chacun les trouvera selon ce qu’il est. « François-Xavier de Boissoudy laisse la place pour le spectateur, remarque Thibault de Montaigu. Ses œuvres ne sont pas vraiment finies, il laisse du blanc. Comme une ouverture, une main tendue. Il laisse la peinture œuvrer par elle-même. » Invité par le galeriste Guillaume Sébastien, l’écrivain, journaliste et éditeur offre sa lecture de ces tableaux pour le catalogue de l’exposition (éditions Conférence). Lui qui raconte sa fulgurante conversion dans son dernier ouvrage La Grâce (éd. Plon) couronné, en 2020, par le Prix de Flore, a été très touché par la peinture de François- Xavier de Boissoudy. Il explique : « Sa vie a été bouleversée par ce moment, dans son salon, où, en pleine désolation, il a été touché par la Grâce. Son œuvre en a été aussi bouleversée. Je m’y suis complètement retrouvé. » Deux histoires, différentes, mais qui se rejoignent par une expérience commune – celle de l’amour, infini, de Dieu – et par la même nécessité – celle de transmettre cet amour par l’art. Une nécessité qui les dépasse. « Les bons tableaux, on les reconnaît, ils viennent à nous et nous échappent », souffle François-Xavier de Boissoudy. Pas de critique donc face à ceux, si caractéristiquement lumineux, de cette série. Mais de la contemplation. Celle de l’enfant, cet enfant pourtant blessé, mais qui se laisser rejoindre par l’amour et la beauté de Dieu, à travers sa, et la, création.

Isabelle Demangeat @LaZaab

[1L’exposition se tient à la Galerie Guillaume jusqu’au 29 mai. L’accès se fait sur réservation. Une visite virtuelle est disponible sur le site internet de la galerie. 32, rue de Penthièvre, 8e ; tél. : 06 71 00 89 72 ; galerieguillaume.com

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