Le Vendredi saint chez soi avec les Petites sœurs de Bethléem
Cette année, nous ne pourrons pas prendre part physiquement aux offices de la Semaine sainte. Les religieuses du Monastère de la Présence de Dieu à Paris nous proposent des gestes concrets et des pistes de “liturgie domestique” pour vivre pleinement ce Triduum pascal.
Dans l’icône de la Trinité de Roublev que nous pouvons avoir devant nous, le visage du Père est incliné vers le Fils Bien-Aimé. Dans l’icône de la crucifixion que nous aimons contempler en ce jour, le visage du Christ est incliné vers sa mère, vers l’Église. Jésus sur la Croix ouvre les bras vers Celle qui naît de son côté transpercé.
L’office du matin célébré dans la pénombre, appelé les saintes souffrances du Christ est un regard sur Jésus condamné, blessé, bafoué, renié.
Nous privilégions la lecture de la Passion selon Saint Jean que l’on interrompt par un moment de prosternement silencieux lorsque l’on dit les mots annonçant la mort de Jésus : « inclinant la tête, Jésus remit son Esprit. » Avec Marie et toute l’Église nous contemplons, nous adorons celui qui prend sur lui notre mort. Dans sa chair, Jésus inscrit toutes les souffrances et toutes les maladies de l’homme.
Le Maître de la création est amené à Pilate. (Marc 15, 1)
Il est livré à la Croix Marc 15,15 comme un agneau qui se laisse conduire,
(Isaïe 52,13-53)
Il est frappé au Visage le Libérateur du monde (Marc 15, 5)
Il est tourné en dérision par ses propres serviteurs, l’Artisan de toutes choses (Matthieu 26, 67)
Il est transpercé de clous, (Jean 19,18)
Il est abreuvé de vinaigre Celui qui faire pleuvoir la manne (Jean 19, 29-30)
Il a le côté percé d’une lance (Jean 19,34)
Le Vendredi saint, l’Église offre une grande prière universelle. Cette année, en ce temps d’épidémie, le Pape propose une intention spéciale. Nous pouvons la faire notre en suppliant et en y joignant nos intentions particulières.
Seigneur notre Dieu,
Qui es riche en miséricorde et qui avec diligente sagesse, guides notre vie, écoute notre prière, accueille notre repentir pour nos péchés, mets un terme à l’épidémie contagieuse qui touche le monde tout comme tu as mis un terme au châtiment de ton Peuple au temps du Roi David.
Toi qui es le médecin de nos âmes et de nos corps, accorde la santé à ceux qui sont atteints de la maladie, en les faisant promptement se lever de leur lit de douleur, pour qu’ils puissent Te glorifier, Toi le Sauveur miséricordieux, et préserve de toute maladie ceux qui sont en bonne santé.
Bénis, fortifie et garde, Seigneur, par Ta grâce, tous ceux qui, avec amour pour les hommes et esprit de sacrifice, soignent les malades dans leurs maisons ou dans les hôpitaux.
Éloigne toute maladie et souffrance de ton Peuple. Apprends-nous à apprécier la vie et la santé comme des dons qui viennent de Toi. Accorde-nous, Seigneur, Ta Paix et remplis nos cœurs d’une foi inébranlable dans Ta protection, d’espérance en Ton aide et d’amour pour Toi et pour notre prochain.
Conclusion
Car c’est à Toi qu’Il appartient de nous faire miséricorde et de nous sauver ô notre Dieu, et nous Te rendons gloire, Père, Fils et Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.
Le jeûne de toute l’Église en ce jour nous associe particulièrement à toutes ces intentions. « C’est pour cette heure que je suis venu », nous dit Jésus. Jésus prononce au nom de tous ceux dont il porte la détresse, le oui définitif et total au Père, afin de les faire fils à leur tour, comme Lui-même est Fils.
À 15h, avec Marie debout près de la Croix, et toute l’Église, épouse du Christ, ôtons les "sandales" de nos pieds comme Moïse au buisson ardent, et accompagnons Jésus doux et humble qui est fixé à la Croix. Après avoir mis à une belle place la Croix de la maison, nous nous prosternons devant cette Croix de lumière offerte à notre adoration. Nous pouvons répéter avec amour cette antienne proposée par la Liturgie :
« — Devant Ta Croix, o Christ, nous nous prosternons et Ta Sainte Résurrection nous l’attendons.
— Ô Amour du Maître pour les hommes, Toi qui intercèdes pour ceux qui Te crucifient en disant : “Père, pardonne leur péché, car ils ne savent pas ce qu’ils font”, nous Te bénissons et T’adorons. »
« Joseph d’Arimathie alla trouver Pilate et demanda le Corps de Jésus » (Luc 23, 50-52) Nous accompagnons ensuite le Christ jusque dans son ensevelissement sachant que son Corps est affranchi de toute corruption. Si l’on veille habituellement devant les corps de ceux qui nous ont quittés, il est tout à fait légitime de vénérer le corps du Christ reposant au tombeau et d’attendre auprès de lui l’instant où il se lèvera vivant d’entre les morts. C’est ce que font nos frères d’Orient en célébrant le soir du Vendredi Saint, la Sépulture du Seigneur.
On peut apporter un tissu brodé ou peint représentant le Christ au tombeau avec Marie sa Mère, (appelé épitaphion). On peut le déposer sur le petit "autel" de l’oratoire… en y joignant une veilleuse qui peut durer jusqu’à la Vigile pascale en signe d’espérance et d’attente de la Résurrection de Jésus.
Rends-nous dignes, Vierge Marie, de voir la Résurrection de Ton Fils.