Les couples appelés à la sainteté
Le sacrement de mariage n’est pas une vêture magique plaquée sur l’union de l’homme et de la femme et qui lui donnerait un surcroît de dignité, de garantie, de solidité, indépendamment des époux qui s’engagent. Le sacrement de mariage fait entrer l’union originelle de l’homme et de la femme dans la participation au Mystère de la Rédemption, les épousailles du Christ et de son Église. L’appellation de la cellule familiale « petite Église », « sanctuaire de l’Église à la maison ; ! » ne conforte pas la famille en l’enfermant sur elle-même, mais l’inscrit dans l’œuvre de la rédemption du monde, à l’appel du Christ.
Il est proposé à l’un et à l’autre époux, puis à l’un par l’autre, de découvrir le chemin de la « suite du Christ ». Chacun et les deux ensemble trouveront, dans ce lien sacramentel qui les a unis, le lien même de la charité, dût-elle prendre un tour sacrificiel qui n’est pas destruction de soi, mais don de soi. Le don de soi conduit à un dépassement qui est toujours un renoncement à soi-même. Ce chemin vécu comme une perte, une mort, donne accès à la plénitude de la vie. Il permet aux méandres des profondeurs de la conscience humaine, aux contradictions de l’affectivité, aux soubresauts du désir, aux zones obscures de la haine, du ressentiment, de la soif de vengeance, d’être traversées par un trait de lumière qui vient de Dieu, un feu qui brûle et purifie pour atteindre cette paix, cet amour, ce bonheur que Jésus commente dans les Béatitudes.
Autrement dit, c’est le chemin de la sainteté, fait non pas uniquement d’épreuves et de renoncement, mais toujours de dépassement et d’amour véritable, de distance prise par rapport aux échecs et aux difficultés, jusqu’à y trouver sa joie. Cet élargissement de l’amour conjugal, s’il est vécu chrétiennement, c’est à dire dans le Mystère du Christ, ouvre le chemin d’un dépassement qui, loin de détruire l’amour, lui donne une fécondité insoupçonnée.
Cardinal Jean-Marie Lustiger, Couples appelés à la sainteté (extrait)
in Tychique, revue de formation œcuménique, pages 3-8