Lourdes, « avec nos fragilités »
Paris Notre-Dame du 14 juin 2018
Le pèlerinage Chemins de fraternité, organisé à Lourdes (Hautes-Pyrénées) du 8 au 11 juin à l’initiative du Vicariat pour la solidarité et soutenu par la Fondation Notre Dame, a rassemblé quelque 290 pèlerins : personnes fragiles ou précaires, paroissiens et acteurs diocésains. Témoignages.
P. Benoît Bourgoin
Conseiller spirituel pour le service diocésain de la solidarité
« Ensemble, nous sommes venus à Lourdes pour nous confier à la sainte Vierge, avec le poids de la fatigue et des soucis de chacun, pour intercéder pour tous ceux que nous avions dans notre cœur. Parmi les participants : des personnes sans-abri ou du monde de la prostitution, des personnes en grande précarité, notamment des migrants, ou encore des personnes ayant des fragilités psycho¬logiques. Les sensibilités religieuses étaient également variées. Mais tous, nous nous sommes très naturellement tournés vers Dieu par Marie, qui nous rassemblait, pour vivre, au-delà de nos barrières, un temps de ressourcement très fort, par l’amitié et la prière. »
Propos recueillis par Laurence Faure
Micheline
Bénévole de St-Joseph des Nations (11e)
« Nous étions 25, issus des “Petits déjeuners du dimanche”, une mission paroissiale créée avec les personnes démunies du quartier. Nous avons vécu des moments très intenses, notamment une veillée de miséricorde, organisée dimanche soir. La fraternité a été vécue en actes : personne ne cherchait à savoir qui était accompagnant ou fragile. En tant que bénévole, je rentre renforcée pour vivre mon service paroissial avec une nouvelle ardeur : toutes les personnes que nous accompagnons ne sont pas catholiques ; mais en venant à Lourdes, elles touchent du doigt la source de notre engagement. Et nous, nous la partageons avec elles, enrichis par leur présence et leur témoignage. »
Propos recueillis par Laurence Faure
Emmanuel
Personne précaire, St-Joseph des Nations (11e)
« Ce n’est pas la première fois que je viens à Lourdes avec Chemins de fraternité mais à chaque fois, il y a une grâce, quelque chose de fort qui passe et qui rend ce moment unique et différent de la fois d’avant. J’ai été marqué par les paroles et l’accompagnement de Mgr Benoist de Sinety [vicaire général du diocèse de Paris, NDLR] mais aussi par notre participation à l’atelier chants organisé avec le musicien Laurent Grzybowski, qui nous a invités à animer plusieurs célébrations. Nous avons aussi échangé sur les paroles de certains chants, qui nous parlent du combat de la vie et de la confiance. Ce pèlerinage me pousse à aller de l’avant. Il m’a donné du tonus. »
Propos recueillis par Laurence Faure
Angèle
Partie avec Aux captifs, la libération
« J’ai rencontré les Captifs en 1998, alors que je me prostituais au Bois de Boulogne. Quand ils m’ont pro-posé de partir à Lourdes, j’ai tout de suite accepté. Je voulais remercier Dieu. En effet, l’an dernier, j’ai été menacée par une personne. J’avais alors demandé l’aide de Dieu pour m’accompagner dans cette épreuve. J’ai passé plusieurs mois dans une profonde angoisse. Et puis, un jour, la peur s’est envolée. Je sais que c’est grâce à Dieu.
Aujourd’hui, je reviens de ce pèlerinage exténuée. Mais je me sens heureuse. Et garde dans le cœur ce souvenir devant la grotte, samedi. Nous étions recueillis, en silence. Et l’intensité dans la prière était forte, presque palpable. Une sensation de paix dans le cœur et dans l’âme. »
Propos recueillis par Isabelle Demangeat