Meaux, la blanche
Paris Notre-Dame du 31 août 2023
Les Parisiens étant, pour quelque temps encore, privés de cathédrale, Paris Notre-Dame profite de l’été pour élargir l’horizon et suggérer la visite d’autres cathédrales, celles des diocèses de la grande couronne, qui appartiennent tous à la province apostolique de Paris. Troisième escapade, en train de banlieue, jusqu’à Meaux, où la cathédrale surplombe la ville, impressionnante par sa tour et la blancheur de sa pierre.
Elle accueille le visiteur dès sa sortie du train. Belle de la blancheur de sa pierre nacrée, la cathédrale de Meaux (Seine-et-Marne) surplombe la ville en lui donnant, par son aspect gothique, un air solennel. À ses pieds, en contrebas, coule la Marne. À ses alentours, les visiteurs et habitants se pressent en ce mercredi midi d’été pour dénicher une table où bien manger. Elle, fraîche, offre le répit à celui, qui, plombé par la chaleur de cette fin d’été, cherche un lieu où souffler. Des notes pop jaillissent à l’intérieur. « En prévision, et répétition, d’un mariage qui se tient le samedi suivant », apprend-on à l’accueil. Peu de fioritures. Un seul vitrail ancien (datant du XIVe siècle) illumine le chœur. Mais beaucoup de lumière. Celle-ci inonde le chœur et la nef et donne une impression de douceur. Et pourtant, la cathédrale St-Étienne ne porte pas son nom – en hommage au protomartyr – pour rien. Débutant en 1175, sa construction s’achève quatre siècles plus tard, après de nombreuses péripéties et assauts de l’histoire. Cinquante ans après l’édification de son chœur, il faut procéder à sa reconstruction-restauration – les fondations ayant été mal faites, le chœur primitif, doté de tribunes trop lourdes, était en train de s’affaisser. En 1358 , suite à une jacquerie paysanne, les travaux doivent cesser. Ils reprennent pour s’interrompre peu de temps après, par… la guerre de Cent Ans ou encore l’occupation de la ville par les Anglais (de 1422 à 1439)… Enfin, en 1540, la cathédrale est achevée. Elle se caractérise par une impressionnante et harmonieuse tour flamboyante qui la surmonte, par la grande élévation de ses cinq vaisseaux… Quelques années plus tard, en 1562, la voilà pourtant déjà endommagée. Les Huguenots la pillent et décapitent notamment les statues de saints ornant le portail sud. Elles sont toujours là ces statues sans têtes, et donnent à l’entrée latérale une note vulnérable, abimée, à l’image de l’histoire de l’humanité. Peut-être Bossuet l’écrivain aurait-il fait ce rapprochement ? Lui qui, évêque de ces lieux de 1681 à à 1704, « volant haut » et ne craignant pas de viser le « Roi Soleil », était surnommé « l’aigle de Meaux ». Il a en tout cas laissé des traces là où siégeait sa cathèdre. Un « tapis de l’aigle », exécuté au point de tapisserie sous l’épiscopat de Mgr Emmanuel de Briey au XIXe siècle recouvre le sol du chœur. Et une imposante statue, « Le Grand monument de Bossuet », accueille tout visiteur, dans le bas-côté nord. De nombreux évêques ont, depuis, pris sa suite. Jusqu’à Mgr Jean-Yves Nahmias, en 2012. L’ancien évêque auxiliaire de Paris rejoint alors l’un des diocèses historiques d’Île-de-France qui couvre le département de Seine-et-Marne et fait partie de la province ecclésiastique de Paris. À ses côtés : Mgr Guillaume de Lisle, évêque auxiliaire ; cent cinquante prêtres ; cinquante diacres permanents ; quatre-vingt douze salariés laïcs en responsabilité, de nombreux bénévoles et fidèles… Invités, toujours, dès leur sortie de train, ou d’autoroute, à venir recevoir un peu de lumière de leur cathédrale St-Étienne.
Isabelle Demangeat @LaZaab
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