Message de Pâques de Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée Ier

« Que signifie, cependant, la fête de Pâques, la victoire de la vie sur la mort, dans un monde de violence et de guerres, menées de surcroît au nom de la religion et de Dieu ? De nombreux savants ont tenté de trouver une solution au problème de la mort et de la transcender par diverses théories. Nous, les chrétiens orthodoxes, fêtons la résurrection du Christ d’entre les morts et proclamons fermement l’abolition de la mort. »

Frères et enfants bien-aimés dans le Seigneur,
Depuis le siège du Patriarcat œcuménique, nous vous adressons de tout cœur la salutation joyeuse « Christ est ressuscité ! ». La Résurrection du Christ est le centre de notre foi orthodoxe. Sans la Résurrection notre foi est « vide » (I Co. 15, 14). Par Sa Résurrection, le Verbe de Dieu a immortalisé et déifié l’être humain, créé à l’image de Dieu, blessé et terni par le péché. Il lui a redonné la possibilité de parvenir à la ressemblance dont il avait été privé à cause de sa désobéissance.
Que signifie, cependant, la fête de Pâques, la victoire de la vie sur la mort, dans un monde de violence et de guerres, menées de surcroît au nom de la religion et de Dieu ?

De nombreux savants ont tenté de trouver une solution au problème de la mort et de la transcender par diverses théories. Nous, les chrétiens orthodoxes, fêtons la résurrection du Christ d’entre les morts et proclamons fermement l’abolition de la mort. Nous savons que le Verbe de Dieu est dispensateur de vie, en Qui « était la vie » (Jn 1, 4). Nous possédons l’expérience joyeuse de l’Église que la mort a été vaincue par la Résurrection du Christ. « L’univers fut rempli de joie à la nouvelle de la Résurrection ». Cette foi illumine toutes les manifestations de la vie ecclésiale et se résume dans la divine Eucharistie. Le fait que, dans la chrétienté, c’est principalement l’Église orthodoxe qui a sauvegardé la divine Eucharistie comme centre de sa vie et de sa spiritualité est indissociable du fait que la Résurrection est le noyau de la foi, du culte et de l’ethos ecclésial. C’est pourquoi, la liturgie eucharistique est toujours laudative et joyeuse, associée primordialement au dimanche, le jour de la Résurrection du Seigneur.

L’expression et interprétation la plus bouleversante de la Résurrection et de sa puissance de renouveau est l’image de la descente aux enfers de notre Seigneur Jésus Christ, telle que nous l’admirons ici dans le monastère de Chora. Le Seigneur de gloire descend aux enfers et se relève victorieux, ressuscitant avec lui Adam et Ève, c’est-à-dire le genre humain tout entier depuis le début jusqu’aux fins dernières. « De lumière, maintenant, est rempli tout l’univers, au ciel, sur terre et aux enfers. » (Dimanche de Pâques, Matines, Ode 3.) La création échappe au ténébreux royaume de la mort pour entrer dans la lumière sans déclin du Royaume de Dieu. Le croyant, participant de la Résurrection, est appelé à annoncer l’Évangile de la liberté en Christ « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac. 1, 8).
L’Église Mère, vivant en même temps le mystère de la Croix et de la Résurrection, nous appelle aujourd’hui à « venir tenant nos lampes allumées » et à « fêter ensemble la Pâque salvatrice de Dieu ».

Car, grâce à la Résurrection du Sauveur, nous sommes devenus un peuple, l’humanité ; nous nous sommes unis en un seul corps. Au moyen de Sa Croix et de Sa Résurrection, Christ a définitivement tué la haine. De la sorte, notre Église orthodoxe, une, sainte, catholique et apostolique, est l’Église de réconciliation de tous, l’Église de l’amour envers tous, amis et ennemis. Tous réconciliés, pleins de nouvelle, de vraie vie, nous sommes désormais des concitoyens des saints, nous sommes de la famille de Dieu. (cf. Ep. 2, 15-20.)

Malheureusement, le terrorisme, les guerres et, en général, les vies humaines ôtées, sévissent encore aujourd’hui. Les lamentations et l’angoisse des victimes, diffusées rapidement par les moyens technologiques modernes, traversent l’atmosphère et déchirent notre cœur. C’est pourquoi, les chefs de l’humanité, politiques, spirituels et ecclésiastiques, tous, nous avons le devoir et l’obligation d’agir par amour et faire tout ce qui est indiqué pour éviter ces situations de désordre.

Dans ce « monde absurde », nous, les chrétiens orthodoxes, sommes appelés à donner le bon témoignage d’amour et de don envers le prochain.
Pour les croyants orthodoxes, Pâques n’est pas une évasion momentanée de l’odieuse réalité du mal dans le monde. C’est une certitude inébranlable qu’ayant anéanti la mort par la mort et s’étant ressuscité des morts, Christ est avec nous « tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt. 28, 20).

Enfants et frères, voilà cette année encore le message pascal émanant du très saint Trône œcuménique apostolique et patriarcal, le centre sacré de l’Orthodoxie, adressé à tous nos prochains : que Christ est ressuscité et le pouvoir de la mort est anéanti ; que la puissance du pouvoir exercé par le fort sur le faible est abolie ; que « la vie règne », embrassant l’humanité de part en part dans la douceur d’amour, l’abîme de miséricorde et la Grâce inépuisable du Christ ressuscité ; il suffit que nous, les humains, comprenions que Jésus Christ est la vraie lumière et qu’en Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes (cf. Jn 1, 3-4). C’est notre message aux chefs politiques et spirituels de ce monde.

Venez prendre la lumière à la Lumière sans déclin du Phanar qui, comme lumière du Christ, lumière d’amour, éclaire tout le monde ; et en Lui « de ténèbres il n’y pas trace » (cf. I Jn 1, 5). Écoutons, frères et enfants, cet Évangile de joie et d’amour et nous, les orthodoxes, adoucissons par notre amour et notre sacrifice la souffrance de l’humanité contemporaine.

Gloire au dispensateur de vie, à celui qui a montré au monde et à chaque être humain personnellement, la lumière, l’amour et la paix ; gloire au Roi de gloire Jésus Christ, au maître de la mort et souverain de la vie.

Phanar, saintes Pâques 2016.

† Bartholomaios de Constantinople votre fervent intercesseur dans le Christ Ressuscité

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