Message du Pasteur François Clavairoly 25 Janvier 2020 à l’Assemblée générale de la Fédération protestante de France
L’Assemblée générale est un rendez-vous annuel, comme un passage obligé où l’on partage, s’informe, délibère et décide ensemble, mais elle est aussi une occasion de reprendre, de ressaisir le sens de nos engagements d’en reformuler inlassablement la pertinence. Le président a parlé des impératifs de la Fédération, de la justice, du souci de l’autre et de la transmission. Il soulignait le rôle des protestants comme vigies, et a appelé à une laïcité de reconnaissance et de débat.
Mesdames et Messieurs les délégués, chers invités, chers amis,
L’Assemblée générale annuelle de la Fédération protestante de France est un rendez-vous important. Elle assemble, comme son nom l’indique, les représentants des Églises, des communautés, des œuvres, des mouvements du protestantisme français, elle représente à travers vous de très nombreux acteurs engagés dans le témoignage de l’Évangile au sein de la société française, par la parole et par le geste, par la prédication et par le sacrement, par le message et par l’action solidaire, par l’enseignement, la réflexion, l’écriture, la transmission de messages, le plaidoyer, de même que par les services, les soins et les accompagnements au long cours des personnes qui nous sont confiées. Parmi vous, certains participent à ce rendez-vous depuis plusieurs années, d’autres, que je salue, découvrent l’événement et y sont présents pour la première fois. Que les uns et les autres soient les bienvenus !
L’Assemblée générale est un rendez-vous annuel, comme un passage obligé où l’on partage, s’informe, délibère et décide ensemble, mais elle est aussi une occasion de reprendre, de ressaisir le sens de nos engagements d’en reformuler inlassablement la pertinence. Le message que je veux vous transmettre en introduction à nos travaux est donc le premier propos de ce rendez-vous qui reprend ce qui nous tient ensemble et qui ouvre quelques perspectives de réflexions pour demain. Mais tout d’abord, je veux saluer la qualité des travaux réalisés par les différents services et les commissions qui se sont illustrés dans différents domaines, répondant aux attentes, proposant des initiatives et des textes de référence, et ouvrant sans cesse de nouvelles perspectives. …
Le renforcement du lien fédératif
Le renouvellement du conseil, des commissions et des services, la consolidation et l’élargissement de la FPF, tout cela aura fait de l’année 2019 une année riche en événements et en initiatives. Je voulais en introduction à ce message saluer aussi tous les membres de la Fédération protestante de France qui en soutiennent les actions, les Églises, les communautés, les œuvres et les associations, les équipes, le staff et le Secrétaire général, le pasteur Georges Michel, avec et grâce à qui tout cela s’est élaboré au cours des mois écoulés « dans le calme et la confiance ». Rencontres, colloques, édition de documents, moments de joie et d’intenses collaborations, l’année 2019 aura préparé de belle manière les enjeux à vivre pour les mois qui viennent autour du renforcement du lien fédératif en vue d’un meilleur témoignage chrétien, autour des actions liées à l’accueil des réfugiés, des exclus et des plus vulnérables, du plaidoyer et des initiatives au sujet de la justice climatique et des enjeux écologiques, d’une attention portée au suivi des relations internationales, de notre engagement dans les relations interreligieuses au sens le plus large du terme.
Trois impératifs marquent notre parcours commun, retiennent notre attention et traversent nos réalités fédératives à la fois comme des défis et comme des promesses : le premier impératif est celui, largement partagé, vécu et commenté, de la justice, cette justice dont l’Évangile se fait l’écho au travers de la vie même, des paroles et des gestes du Christ ; le deuxième est ce que je nomme le souci de l’autre, l’attention portée à autrui, autrement dit la vive conscience que nous avons une responsabilité à l’égard des autres ; le troisième est sans nul doute celui de la transmission, autrement dit de la reformulation et de l’annonce de l’Évangile dans un monde entré de plain-pied dans « l’ultra-modernité » [1].
Les protestants comme vigies pour la justice
La Fédération, dans tous ses engagements, représente donc le protestantisme dans ce pays, le rend présent devant ses partenaires, ses interlocuteurs, les autorités, les associations avec qui elle est en lien, avec les autres confessions, les autres religions et courants de pensée de même qu’avec tous les acteurs qui œuvrent sur les mêmes terrains et ils sont nombreux. La justice, en premier lieu : la mutation de notre société désormais non plus moderne mais que l’on peut qualifier d’ultra-moderne, de même que les développements d’un capitalisme et d’un système d’échange quasiment émancipés de tout ancrage éthico-religieux, appellent de notre part un esprit critique, un discernement, un combat, des luttes. La présence de vigies qui alertent et la garde de sentinelles qui guettent l’aurore mais qui refusent d’avoir peur dans la nuit nous sont ici d’un grand secours. À l’image de trois prix Nobel marqués au sceau du protestantisme, dans des domaines bien différents, chacun de nous peut être en effet institué à son tour vigie, là où il est posté, placé, là où il est responsable. Qu’il s’agisse du docteur Denis Mukwege [2] qui dénonce au travers d’une action exemplaire médicale, psychologique et sociale d’aide aux femmes violées et torturées, que tout un système d’exploitation des ressources d’un pays comme le Congo provoque les pires cruautés et concerne au fond directement chacun de nous, qu’il s’agisse de l’économiste Esther Duflo qui redit avec force combien il est possible d’œuvrer « de bas en haut » pour résoudre efficacement des problèmes complexes et mondiaux ou encore du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed qui s’engage au sujet de la réconciliation entre les hommes, voici des hommes et des femmes qui désignent et exorcisent les malheurs et l’accroissement des inégalités, et malgré tout qui énoncent avec espoir les promesses encore inaccomplies de la responsabilité de chacun, au nom de la justice et de la paix.
Et s’il y a des vigies qui sont en alerte, comme le sont chaque jour les responsables engagés dans des œuvres caritatives, des associations d’entraide, des Fondations reconnues au plan national et international, des ONG chrétiennes de tous ordres, des aumôneries où l’on réfléchit notamment à la justice restaurative [3] , c’est bien parce que nous sommes sur le même bateau : responsables, donc, et appelés sans cesse à être solidaires pour que se poursuive le voyage.
Mais attention, la précarité gagne du terrain [4] , la colère fronce les sourcils devant la fragile démocratie, et l’archipélisation [5] de la République et de nos sociétés que l’on croyait presque établies pour toujours, menace les fondements d’un vivre ensemble qu’on invoque d’autant plus qu’il est mis en question par le réel. En vérité, la vocation à la vigilance n’a jamais eu autant d’importance et n’a jamais autant été une affaire qui nous concerne tous. Pourquoi ? Parce que l’économie, la gestion et la responsabilité de notre « maison commune » expriment sans doute la plus belle des responsabilités humaines à partager : celle dont l’apôtre Pierre nous rappelle le sens profond lorsqu’il écrit : « que chacun de vous utilise pour le bien des autres le don particulier qu’il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons administrateurs (le texte grec écrit même vous serez de « beaux » administrateurs ; oikonomoi, autrement dit « économes ») des multiples dons divins » [6] . Ainsi, à la sécularisation sans frontière qui inquiète, parfois, répond donc heureusement une forme de dissidence spirituelle sans frontière de l’engagement et de la responsabilité de certains, de chrétiens, de chacun de nous, loin des discours politiques énervés qui promettent un grand soir collectif ou l’advenue d’un monde meilleur dans l’au-delà de nos mythes. En réponse à l’abrasion des valeurs chrétiennes, des hommes et des femmes font monter jusqu’au plus haut de la conscience humaine le cri des victimes et surtout l’espoir qu’il existe hic et nunc des solutions opérantes, signes que la justice du royaume trouve mystérieusement sa place, même la plus humble, au cœur des plus grandes détresses. L’attention portée à l’autre, ensuite, relève pleinement pour sa part de la vocation chrétienne qui inspire nos Églises, nos communautés, nos œuvres et nos mouvements. Précieuses en effet sont les personnes qui nous sont confiées et qui ont du prix aux yeux de Dieu, précieux sont les femmes et les hommes que nos Églises accueillent, forment et rendent témoins de l’Évangile et citoyens engagés dans la société.
L’attention à l’autrui : hospitalité et hostilité
Précieux sont les plus vulnérables et ceux qui comptent pour peu aux yeux de beaucoup. C’est ce que se sont dit les chrétiens engagés dans la Cimade [7] lors des années noires de la guerre, et c’est ce qu’ils se disent aujourd’hui-même dans leur lutte pour aider migrants et demandeurs d’asile, nous rappelant à ce qui fonde notre civilisation avec persévérance, à savoir la valeur de l’hospitalité, avec cette conscience vive que l’hospitalité peut se muer en hostilité -ces deux mots ont même origine- si l’on ne la vit pas au quotidien. Une hostilité qui prend aussi le nom d’antisémitisme, ces derniers temps, al ors même que nous commémorons le 75e anniversaire de la libération des camps de la mort de la Seconde Guerre mondiale. Le protestantisme français veut à nouveau affirmer aujourd’hui sa solidarité envers les juifs et sa fraternité sans faille, au moment où cet antisémitisme mute lui-même sous des formes nouvelles et provoque toujours de la souffrance, du mal, des deuils et des douleurs injustifiables [8] .
L’importance des associations protestants dans l’action sociale
La critique exigeante des acteurs protestants de la solidarité, et l’attention portée à l’autre, sont le cœur battant du fait et de l’esprit de l’Évangile comme elles le sont aussi de l’esprit démocratique. C’est ce que dit l’Armée du Salut enracinée dans le terrain et porteuse d’initiatives innovantes, nous rappelant l’urgence de la dignité retrouvée pour les exclus, c’est ce que dit la FEP et toutes les associations qu’elle représente, c’est ce que disent la Fondation John Bost, la Fondation de la maison du Diaconat de Mulhouse ou la Fondation Diaconesses de Reuilly et d’autres encore, non moins illustres, qui nous rappellent à notre devoir de lutte contre l’exclusion, le handicap, la maladie, la solitude et la discrimination sous toutes ses formes. Et pour ce qui est des enjeux liés à l’égalité entre les hommes et les femmes, à la lutte contre les violences faites aux femmes et à cette exigence de paix et de justice entre les uns et les autres, là encore, nous avons du chemin à faire et des décisions à prendre, des initiatives à lancer, des messages à faire passer jusques et y compris dans nos Églises, dans nos œuvres et au sein de la société. Les protestants dans leur diversité restent ainsi sur le qui-vive, face à tous ces défis, ils agissent et attendent pour 2020 de chacun, des responsables, des partenaires et des autorités qui ont en charge ces sujets, des réponses humaines et dignes de notre société.
La transmission : la reformulation et l’annonce de l’Evangile dans le monde actuel
Le troisième impératif, last but not least, est celui de la transmission. La transmission par le truchement de l’enseignement, de la catéchèse, de la mission, de l’évangélisation pourrait-on même dire, si ce mot n’était moqué ou même redouté par nos contemporains parfois en proie à une fièvre obsidionale dont la menace ne serait pas à leurs yeux d’ordre sanitaire mais bien d’ordre spirituel. Comme si la spiritualité était un danger. Comme si nous devions vivre en humain sans verticalité de vue, de foi et de pensée, sans transcendance, comme si l’horizontalité de l’existence était la seule dimension possible, celle d’une citoyenneté exclusivement laïque.
C’est que la laïcité elle-même est en crise, « travaillée en profondeur par une insuffisance de contenu, une panne de sens, une ruine des croyances républicaines » au point même que l’État laïc apparait parfois comme « demandeur » de sens, une demande qui s’adresse au religieux en général, perçu comme gardien du sens, de l’éthique, des valeurs ou de la morale [9] . Ici, le message chrétien fait sens, lorsqu’il dit avec joie et conviction que chaque être humain est précieux, qu’il a du prix aux yeux de Dieu [10] , que Dieu le considère et « croit en lui plus que lui-même croit en Dieu », au point qu’il peut recevoir cette bonne nouvelle de justice et de paix et en vivre. Ce message fait sens lorsqu’il prend au sérieux cette dimension présente en chaque être humain, celle de la spiritualité.
Cette injonction à la transmission, cette vocation à l’annonce de l’Évangile à tout homme et à toute femme, à tout humain, dans toutes ses dimensions, culturelle, intellectuelle et donc, aussi, spirituelle, requiert en premier lieu l’étude et la formation. L’un des marqueurs du protestantisme, né en grande partie de l’Université et de l’étude des textes, reste et demeure cette exigence de la formation afin que la transmission soit de qualité, adaptée, informée, mise à jour et sans cesse interrogée par les travaux contemporains des chercheurs, des théologiens, des sociologues, des philosophes, des linguistes, des exégètes, des historiens. Dans un monde où la transmission de l’Évangile est le sujet d’un défi - certains depuis longtemps parlent même d’une crise [11] -, la formation des cadres, des membres des Églises, des jeunes, et des pasteurs doit demeurer pour chacun un enjeu décisif. Je veux saluer ici les catéchètes, les formateurs, les enseignants et les docteurs qui œuvrent dans ce sens [12] . La foi ne peut en effet se laisser assigner à résidence au passé, à l’ignorance, à l’irrationalité ou à l’obscurantisme. Fides et ratio se « challengent » dans le cœur des croyants et l’Évangile se donne à connaître dans la société comme une parole véritablement articulée, comme un message qui fait sens et non pas seulement comme un souvenir entretenu dans un esprit de nostalgie, comme un cri inarticulé, comme une conviction ou un ressenti principalement émotionnels : la foi qui cherche sa propre pertinence et se déploie avec intelligence [13] dans la grande conversation du monde rencontre ses interlocuteurs qui l’interpellent et qui attendent avec raison des réponses. Ces interlocuteurs sont ceux qui se nomment indifférence, ignorance du fait religieux, athéisme, science, ou qui représentent les autres propositions de foi alternatives dans le concert des religions.
L’appel à une laïcité de reconnaissance et de débat
Se pose ainsi toute une série de questions liées à ce désir de transmettre : la question de la mise en cause par l’athéisme ou l’agnosticisme de la notion de toute vérité religieuse, la question à tiroir de la laïcité, le questionnement sur les peurs largement reprises ou relayées d’un islam menaçant qui percuterait ou bouleverserait le christianisme, et cette interrogation large et profonde au sujet d’une perte civilisationnelle qui oublierait - du moins en Occident - et en une forme d’un deuil collectif, tout ce que la foi chrétienne a offert et donné à l’humanité. Nous pourrions ici nous sentir désarmés et découragés une bonne fois pour toutes, comme par anticipation, devant un effacement définitif de tout référent chrétien dans nos sociétés ultra-modernes.
Mais voilà, le protestantisme ne manque pas de ressources. Il se veut l’infatigable défenseur de la réflexion, du débat, de la conversation et donc de la transmission. Lui qui a appris dans le sang ce que guerre de religions signifie et qui ne veut plus connaitre cela, il sait qu’aujourd’hui le principe de la laïcité est le cadre qui protège la liberté de conscience. Il sait que la République est laïque mais non pas la société qui est faite de chaque être humain constitué de chair d’os et de transcendance. Il sait qu’une laïcité d’exclusion, pour reprendre les mots du politologue Olivier Roy, ou d’exculturation des religions et des cultes pour parler avec la sociologue Danièle Hervieu-Léger, amène les chrétiens à se tenir en situation de témoins et de messagers, jamais en surplomb, bienveillants et critiques, toujours partenaires. Il sait aussi que malgré la réalité d’une référence chrétienne en voie d’effacement dans la mémoire oublieuse d’une République entrée de plain-pied dans l’ultra-modernité, l’ultra-modernité n’est pas le lieu d’une société sans religion, loin de là [14], mais d’une religion vécue « autrement », comme l’analyse le sociologue des religions Jean-Paul Willaime [15]. Le protestantisme plaide alors pour une « laïcité de reconnaissance et de débat », une « laïcité non pas d’incompétence (au sens de la compétence juridique) mais d’intelligence », pour reprendre une expression de Régis Debray dans son rapport sur le sujet en 2002 [16] , une laïcité refusant de courir le risque de déserter le terrain de la rencontre et du dialogue, une laïcité refusant surtout, il est grand temps de s’en rendre compte, d’humilier les cultes ou d’en dénier la valeur symbolique, humaniste, civilisationnelle, spirituelle et sociétale, sous peine de préparer lentement, sournoisement, et voir revenir, le temps des conflits ou des guerres que l’on appelait civiles, au XVIe siècle, mais en réalité des conflits violents à forte charge confessionnelle. Des conflits qui pourraient se trouver liés à un besoin irrépressible de réaction, à une outrance revendicative, ou comme le disait le Président Emmanuel Macron lors des vœux aux responsables des cultes de ce début d’année, « à une exaltation identitaire des religions » qui pourraient se sentir ignorées ou critiquées, qui se considèreraient comme surveillées et punies, le cas échéant, et qui se placeraient, cette tentation existe notamment chez certains chrétiens, dans une posture victimaire vécue comme inexpugnable et légitime dans une recherche de défense pour leur survie ou pour faire valoir quelques « fondamentaux » qu’ils croiraient mis en cause.
Conclusion
En conclusion, je reformulerai ce qui précède en quelques mots :
– l’évolution de la loi dans notre pays,
– l’état d’esprit qui a dû prendre en compte en quelques années non pas la menace mais bien la réalité tragique des attentats meurtriers commis sur notre sol, en plein cœur de la capitale notamment, mais aussi à Toulouse, Marseille, Nice ou Strasbourg,
– l’entrée à la fois intime et collective dans une « société de vigilance », pour reprendre encore un mot présidentiel récemment prononcé dans la cour d’honneur de la Préfecture de Paris devant les cercueils et en présence des familles endeuillées et des orphelins, une expression, celle de « société de vigilance », qui va tout de même à rebours de ce que bien des citoyens espéraient être plutôt une « société de confiance »,
– la diffusion désormais commune par les médias et les réseaux sociaux de propos de haine, en particulier contre les juifs et les musulmans, sans que le discours politique s’en émeuve trop ou en organise sérieusement la critique,
– les provocations de tel élu régional ou de tel responsable par l’instrumentalisation de la thématique de la laïcité définie par eux comme un antidote à l’extrémisme ou invoquée comme une sorte d’expression liturgique républicaine faisant de la laïcité le sacrement qui sauverait la cité des dangers islamistes.
Tout cela laisse penser que le consensus pourrait laisser place à une controverse sans cesse recommencée. Il nous faut donc dans ce contexte rester de constants et persévérants partisans du dialogue et donc de la rencontre fraternelle. Cette année s’ouvre pour la FPF sous le signe de ces mots du prophète Esaïe que nous avons choisis pour vous, des mots qui nous sont adressés personnellement de la part de celui qui conduit mystérieusement chacune de nos vies : « Tu es précieux à mes yeux, n’aie pas peur car je suis avec toi ». Il est donc possible et permis, il est même souhaitable, sous le signe de ces mots du prophète, de poursuivre notre mission sur cette terre en toute confiance. Sur cette terre habitée par les hommes et les femmes, sur cette oikumènè dont va nous entretenir avec pertinence [17] dans une conférence le Secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, le pasteur Olav Fykse Tveit, qui a bien voulu accepter notre invitation et honorer de sa présence notre assemblée générale. Il nous rappellera combien le mouvement œcuménique, loin d’être une sorte de programme institutionnel ou une organisation univoque et unique, est bien une communauté d’Églises en mission, répondant aux trois impératifs de ce message, celui de la justice, celui du souci de l’autre différent et enfin celui de la responsabilité de la transmission de l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre.
Bonne Assemblée générale 2020, à chacune et à chacun.
François Clavairoly, Président de la Fédération protestante de France 25 Janvier 2020
(Titres de la rédaction)
[1] Jean-Paul Willaime, La guerre des dieux n’aura pas lieu, Genève, Labor et Fides, 2019
[2] Denis Mukwege, Plaidoyer pour la vie, L’archipel, Paris, 2016
[3] ‘Justice pour restaurer et guérir’, in Foi et Vie, N°2, juillet 2019
[4] ‘Nouvelles richesses, nouvelles pauvretés, repenser nos solidarités’, in Foi et Vie, N° 4, décembre 2018
[5] Jérôme Fourquet, L’archipel français, Paris, Seuil, 2019.
[6] 1 Pi 4, 10
[7] La CIMADE, une histoire, 2019
[8] Déclaration fraternelle du protestantisme au judaïsme : Cette mémoire qui engage, FPF, Olivetan, 2017, 2019
[9] Jean-Claude Guillebaud, ‘La fragilité laïque’, in La Vie, p 98, 21 nov. 2019.
[10] 10 Esaïe 43, 4-5
[11] Michel Bertrand, Qu’est-ce que transmettre ? ETR, 2008, 3, Tome 83, p 389-404
[12] Les « rendez-vous de la pensée protestante » adossés aux cinq instituts de formation théologiques français qui ont répondu favorablement à l’invitation de la FPF, s’inscrivant dans cette dynamique.
[13] Simon Butticaz, Le Nouveau testament sans tabou, Genève, Labor et Fides, 2019
[14] ‘Le réveil des religions, Questions internationales’, janvier-avril 2019, La Documentation française.
[15] Jean-Paul Willaime, ‘Une Europe sans christianisme ? – Du religieux autrement’, in Esprit, novembre 2018, p 43 ss.
[16] Philippe Gaudin, Vers une laïcité d’intelligence, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 2014.
[17] Le titre de l’hebdomadaire Réforme N° 3864, 23 janvier 2020, donne à penser à cet égard : « François est-il trop protestant ? »