Mieux connaître les chrétiens d’Orient

Paris Notre-Dame du 26 mai 2016

Paris Notre-Dame – En avril, vous avez publié Chrétiens d’Orient, résisté sur notre terre (Éd. Cherche midi). Pourquoi ?

Mgr Pascal Gollnisch, prêtre du diocèse de Paris, directeur général de l’Œuvre d’Orient et vicaire général du cardinal André Vingt-Trois à l’ordinariat des catholiques orientaux en France.
© ARIANE ROLLIER

Mgr Pascal Gollnisch – L’OEuvre d’Orient est amenée à faire un certain nombre de conférences sur les chrétiens d’Orient, dans toute la France, à la demande de paroisses, d’établissements scolaires ou de communes. Leur situation suscite une véritable émotion et un souhait de les connaître davantage. Le livre permet à ceux qui le veulent d’approfondir le sujet.

P. N.-D. – « Il y a encore, malgré tout, des raisons de garder confiance », écrivez- vous. Malgré l’aggravation des conflits, pourquoi continuez-vous à vous battre pour le maintien des chrétiens en Orient ?

Mgr P. G. – C’est tout le sens du livre et de nos actions à l’œuvre d’Orient. Les médias évoquent plus les chrétiens d’Orient qui s’exilent. Il ne faut pas oublier ceux qui restent, ils sont d’ailleurs plus nombreux. Au premier abord, ils expriment l’envie de partir vu la situation actuelle. Toutefois, si vous prenez le temps de discuter avec eux, ils disent qu’au fond de leur coeur, ils préféreraient rentrer chez eux dans des conditions de sécurité et de dignité, mais qu’ils n’y croient pas. Un chrétien d’Irak est un Irakien, un chrétien de Syrie est un Syrien. Leur désir est de rester sur leur terre. Pour les aider, il faut neutraliser Daesh, notamment sur la plaine de Ninive, en Irak.

P. N.-D. – Votre livre aborde la question de la présence chrétienne au sein de sociétés musulmanes. Quelles sont vos pistes de réflexion ?

Mgr P. G. – Le projet islamiste ne fait pas l’unanimité chez les musulmans d’Orient. La majorité d’entre eux veulent que leurs pays avancent vers plus de modernité. Les chrétiens et les autres minorités d’Orient peuvent être à la fois des éléments moteurs et des bénéficiaires de cette évolution.
Il me semble important de se battre pour l’accès à la pleine citoyenneté pour tous, et le développement d’une laïcité à l’orientale – en prenant en compte la réalité du fait religieux, sans la tenir en mépris comme parfois en France, tout en séparant le pouvoir politique et le pouvoir religieux.

P. N.-D. – Que retenez- vous de vos rencontres avec ces chrétiens ?

Mgr P. G. – Ces personnes, qui vivent une grande épreuve, sont profondément chrétiennes, pacifiques et dynamiques. Je me rappelle le témoignage d’une femme âgée avec qui j’ai récité un Notre-Père, en Irak : « J’ai tout perdu, sauf la vie et la foi. Là est l’essentiel. […] Un jour, il faudra bien que Dieu me donne la force de pardonner à ceux qui m’ont fait du mal. » Ce sont des paroles fortes. Il y a quelques semaines, avec Mgr Georges Pontier, Mgr Stanislas Lalanne et Mgr Olivier Ribadeau Dumas, nous avons inauguré, dans un camp à Erbil, en Irak, une église construite en quinze jours par une entreprise française. J’ai remarqué que la plupart des camps de réfugiés chrétiens se sont construits, en véritables communautés, autour des prêtres. ❏ Propos recueillis par Céline Marcon

*Fondée il y a cent soixante ans, l’œuvre d’Orient est une organisation française qui vient en aide aux chrétiens d’Orient dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la vie des églises, du patrimoine culturel et de l’aide humanitaire d’urgence. Informations : 01 45 48 54 46 ; oeuvre-orient.fr

Article de Paris Notre-Dame – 26 mai 2016

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