Notre-Dame-du-Bon-Conseil : des vitraux dans un état alarmant

Paris Notre-Dame du 6 janvier 2022

Pour assurer la restauration des vitraux de N.-D.-du-Bon-Conseil, une collecte de dons est actuellement en cours. Chargée de l’inventaire et de la conservation au sein de la commission diocésaine d’art sacré, Caroline Morizot nous en dit plus sur ces chefs-d’œuvre méconnus, aujourd’hui en péril.

© CDAS

Paris Notre-Dame – Quelles sont les particularités de ces vitraux ?

Caroline Morizot – Située dans le 18e arrondissement, N.-D.-du-Bon-Conseil, construite à la toute fin du XIXe siècle par les religieux de Saint-Vincent de Paul, ne possédait pas de vitraux à l’origine. Il s’agissait d’une chapelle modeste édifiée pour accueillir la population galopante de cet arrondissement. Réalisée par un atelier de renommée internationale – la maison Mauméjean – une quinzaine de vitraux ont été installés dans les années 1930 et 1940. Ce programme a été confectionné sur mesure pour N.-D.- du-Bon-Conseil. Côté style, les vitraux, aux couleurs variées, allient iconographie traditionnelle et style contemporain. Une partie des pièces évoquent le vocable de l’église à travers différentes apparitions mariales. D’autres vitraux, plus originaux, font référence à l’histoire de l’église et du quartier. Par exemple, on retrouve une représentation de saint Vincent de Paul en train de recevoir un don d’une riche bienfaitrice. Rappelons que les religieux de Saint-Vincent de Paul veillent toujours sur cette paroisse et le patronage situé à côté. Un vitrail est particulièrement intéressant : sur ce chef-d’œuvre commandé après la Seconde Guerre mondiale, une Vierge accueille des soldats morts pendant les deux conflits mondiaux. On y voit l’église en train d’être bombardée par des avions alliés. Un fait réel : en avril 1944, le quartier a été dévasté par des bombardements. N.-D.-du-Bon-Conseil a été relativement épargnée. Le souffle de l’explosion a néanmoins endommagé certains des vitraux.

P. N.-D. – Dans quel état sont ces vitraux aujourd’hui ?

C. M. – Les vitraux sont dans un état alarmant. Beaucoup de verres cassés tiennent debout par l’opération du Saint-Esprit ! Le réseau de plomb, qui est comme la colonne vertébrale des vitraux, n’a jamais été changé. Or le plomb est sensible à l’humidité, la pluie, la grêle… Aujourd’hui, il n’assure plus sa fonction d’étanchéité et de maintien. Ainsi, ça et là, des morceaux de verre commencent à se déchausser. Beaucoup de vitraux ne sont plus droits. Ils prennent la forme d’un accordéon. Au fi l des années, des trous ont été comblés bon gré mal gré avec des bouche-trous mais aucune restauration digne de ce nom n’a jamais été réalisée. Selon notre dernier devis, l’intégralité de la restauration coûte environ 200 000 euros.

P. N.-D. – Comment seront financés les travaux ?

C. M. – Afin de réunir les fonds nécessaires, différentes solutions ont été envisagées. Nous sommes d’abord lauréat pour le département de Paris de l’opération Sauvons nos monuments, permettant l’obtention d’une aide financière de la région Île-de-France. Par ailleurs, plusieurs paroisses parisiennes ont accepté de financer une partie de la restauration. Enfin, une collecte menée par la fondation Prévost, propriétaire de l’église, est actuellement en cours. Impossible encore de connaître la durée des travaux tant la restauration de vitraux représente un chantier colossal. Au sein de l’atelier du maître-verrier, chaque morceau de verre est examiné, nettoyé, recollé si besoin… Un travail de fourmis qui permettra à la paroisse, à l’avenir, de continuer d’être un témoignage vivant de l’histoire catholique du 18e arrondissement.

Propos recueillis par Alice Papin

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