« Nous avons besoin de soutien »
Paris Notre-Dame du 15 février 2018
Deux semaines après le violent passage, le 6 septembre, de l’ouragan Irma sur les îles de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, le cyclone Maria secouait les terres guadeloupéennes. Leur diocèse sera soutenu par les fidèles parisiens en ce Carême 2018. Le point avec Mgr Jean-Yves Riocreux, évêque de Basse-Terre, Pointe-à-Pitre, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy.
Paris Notre-Dame – Votre diocèse, ainsi que deux autres causes [1], seront spécifiquement soutenus par le diocèse de Paris durant ce Carême 2018. Comment le vivez-vous ?
Mgr Jean-Yves Riocreux – C’est une façon, pour tous, de vivre la communion de l’Église dans les situations difficiles. Tout en bénéficiant de la générosité du diocèse de Paris, nous participons, bien sûr, aux œuvres de Carême. Nous soutenons notamment les étudiants irakiens, dont nous nous sentons particulièrement proches depuis le mois d’août 2014, après le témoignage, sur notre île, du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, revenant d’Erbil (Irak), mais aussi de membres de l’Aide à l’Église en détresse et de l’Œuvre d’Orient. J’ai aussi été très sensible au témoignage de Mgr Youssif Thomas Mirkis, archevêque de Kirkouk (Irak), lors de l’assemblée des évêques de France en novembre dernier. Il a rappelé alors que l’Église locale comptait beaucoup sur les jeunes pour la reconstruction du pays, encore très meurtri.
P. N.-D. – Cinq mois après le passage des ouragans Irma et Maria, où en est la reconstruction dans les territoires touchés ?
J.-Y. R. – Ils se reconstruisent lentement. Au sein de la population, le choc passe peu à peu. Je suis édifié par sa capacité de résilience – sans nier la souffrance de personnes qui ont tout ou beaucoup perdu. M. Bruno Magras, maire-président de « Saint-Barth », me disait encore récemment mi-fataliste mi-rieur : « C’est mon 9e cyclone ! » Il n’en reste pas moins que les dégâts matériels restent impressionnants. Deux des trois églises de Saint-Martin ont subi des dégradations importantes, de même qu’à Saint-Barth, où le clocher de l’église de Gustavia a été détruit. À Saint-Martin, la moitié des élèves a quitté l’île pour la Guadeloupe ou la métropole, en raison des dévastations de bâtiments scolaires. Certains reviendront, d’autres non. En ce moment, la population vit une phase délicate : elle a vu débarquer sur l’île de nombreuses personnes dans le cadre des secours organisés, qui repartent peu à peu. Parallèlement, elle doit compter sur ses propres moyens, en attendant que les assurances se débloquent. À Saint-Barthélemy, les écoles Sainte-Marie et Saint-Joseph, durement frappées, ont rouvert mais les maisons des enseignants sont complètement détruites. Les Guadeloupéens sont très généreux mais ils ont besoin de soutien !
P. N.-D. – Comment peut-on vivre le Carême après une lourde épreuve comme celle-ci ?
J.-Y. R. – C’est un moment que l’on vit comme un Chemin de croix, en Église. Chez nous, et particulièrement cette année, le mercredi des Cendres est toujours très suivi par les habitants de nos îles, tout comme le sera le Vendredi saint, qui sont des jours chômés ici. À Noël, encore très marqués par les événements, nous nous sommes également fortement sentis en communion. La plupart des fidèles, ici, vivent ces moments dans l’offrande de leur souffrance à Dieu.
Propos recueillis par Laurence Faure
[1] Mgr Michel Aupetit propose aux catholiques parisiens de soutenir trois causes en ce Carême 2018 : les étudiants réfugiés irakiens, le diocèse de Guadeloupe et la Fondation Insertion par le Logement (FIPL). Pour envoyer vos chèques et faire vos dons, retrouvez toutes les informations pratiques sur : www.cheminerverspaques.fr.