Ouverture du synode : une Église en chemin
Paris Notre-Dame du 21 octobre 2021
Le P. Christophe Alizard et Marie-Thècle Tranchant, membres de l’équipe diocésaine du synode en mission, confient leur espérance que chaque baptisé puisse se mettre en chemin pour une Église synodale, de l’écoute et de proximité.
Paris Notre-Dame – Votre équipe a été envoyée en mission par Mgr Michel Aupetit dimanche 17 octobre au soir. En quoi consiste cette mission ?
Christophe Alizard – Notre mission, vertigineuse, consiste à répondre à la volonté du pape de vivre une expérience synodale dans chaque diocèse. La particularité du synode sur la vie de l’Église, lancé les 9 et 10 octobre à Rome (Italie), est de se dérouler en trois étapes et sur deux ans. La première phase, dans laquelle nous sommes aujourd’hui, consiste à vivre le synode en Église particulière – c’est-à-dire en diocèse – afin de remettre une forme de synthèse au printemps 2022. S’ensuivra une phase continentale (de septembre 2022 à mars 2023), puis enfin une phase de l’Église universelle à Rome en octobre 2023. Pour le pape François, « le chemin de la synodalité est celui que Dieu attend de l’Église au troisième millénaire [1] ».
Marie-Thècle Tranchant – « Synode » veut dire « faire chemin ensemble ». Nous sommes invités à réfléchir sur la manière dont l’Église doit davantage marcher ensemble. Nous en faisons nous-mêmes l’expérience au sein de notre équipe, composée de plusieurs personnes aux différents états de vie : un prêtre, deux couples, un homme marié et une femme célibataire. Réfléchir ensemble et partager notre expérience d’Église permet de marcher vers toujours plus de vérité et de charité.
P. N.-D. – Frère Aloïs parle « d’un dialogue qui réconcilie » en évoquant le synode. Qu’en pensez-vous ?
C. A. – Le rapport de la Ciase conduit à une prise de conscience douloureuse sur la souffrance endurée par les victimes et notre rapport à leurs paroles… Si la parole du plus souffrant en qui le Christ se reconnaît n’est pas recueillie, alors nous avons échoué. L’esprit de synodalité peut apparaître comme une voie pour mettre en œuvre certaines recommandations du rapport Sauvé, en valorisant une communion de tous les baptisés à l’opposé de tout cléricalisme.
M.-T. T. – Il y a un enjeu vital que tous les baptisés se demandent quelles sont, pour eux, les urgences à traiter dans l’Église actuelle. Cela suppose de pouvoir faire mémoire de tout le bien qu’on a reçu de l’Église, mais aussi de prendre conscience des drames et des blessures vécues en son sein pour ensuite s’interroger : vers quoi veut-on aller ? Notre mission est une proposition, très humble, que chacun puisse prendre la parole.
P. N.-D. – S’agit-il de repenser la gouvernance de l’Église ?
C. A. – Chacun ne va pas écrire sa revendication sur un mur ou entrer dans une forme de démocratie où l’on vote de façon individuelle : « ensemble » a un sens. L’esprit de synode, c’est de mener un discernement commun porté par l’Esprit Saint, où la voix de tous permet de conduire à la vérité et à la lumière pour la vie et la mission de l’Église. Le pape rappelle souvent cette pensée de saint Benoît : « Et si l’Esprit Saint avait choisi le plus petit d’entre nous pour révéler sa vérité ? »
M.-T. T. – Sans Esprit Saint, il n’y a pas de synode. Le logo du synode le montre bien : on voit un peuple qui marche, guidé par l’Esprit Saint. Ce peuple qui marche, c’est le « nous » ecclésial que nous devons retrouver, où tout le monde est inclus, laïcs et clercs, et où chacun peut donner sa voix et être écouté. On peut lire aussi sur ce même logo : communion, participation, mission. Le pape est très clair là-dessus : il n’y aura pas de mission de l’Église si on n’est pas capable de marcher ensemble.
Propos recueillis par Charlotte Reynaud
[1] Discours du pape François lors de la commémoration du 50e anniversaire de l’institution du synode des évêques (17/10/2015).
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