Partager un repas et l’Évangile avec des personnes démunies
Paris Notre-Dame du 19 décembre 2013
Une fois par mois, des jeunes de la paroisse de l’Immaculée Conception (12e) offrent un petit-déjeuner et une oreille attentive à des personnes démunies, isolées et souvent sans-abri. Le repas est suivi d’un échange autour de la Bible. Récit.
Il est 8h, en ce dimanche froid et ensoleillé. À l’approche de Noël, « le petit-déjeuner de sainte Catherine Labouré » prend des airs de fête. Nappes dorées et guirlandes argentées embellissent les tables d’une salle paroissiale de l’Immaculée Conception (12e). Lancée en 2008, cette initiative mobilise un dimanche par mois des jeunes de 16 à 30 ans qui aident des personnes fragilisées à s’évader un moment de leur quotidien difficile. Sa protectrice, sainte Catherine Labouré (1806-1876), était une Fille de la Charité qui donnait de son temps aux plus pauvres.
Une chaleur humaine
Ce matin, ils sont sept bénévoles pour accueillir une vingtaine d’invités, venus par le bouche à oreille ou par le biais d’invitations déposées chez une communauté des Petites sœurs des pauvres. Le repas est soigné, avec entre autres de la vaisselle non jetable, du pain frais et du café. « Nous recevons peu de monde, notre accueil est donc plus personnalisé, pour qu’ils se sentent comme chez eux », explique Raphaël, 26 ans, à l’origine du projet avec sa femme Lucie. Les invités ressentent cette chaleur humaine : « L’ambiance est sereine. C’est apaisant par rapport au monde d’agression de la rue », confie Caroline. « C’est convivial. Je sens que le sourire des bénévoles est naturel et sincère. J’apprécie que ce service soit organisé par une paroisse catholique. La galère ne m’a pas fait perdre la foi, bien au contraire. Je ne me sens jamais seul grâce à Dieu », renchérit Didier, avec son accent flamand. Cette bienveillance, les bénévoles la puisent dans leur foi : « En tant que chrétiens, nous considérons les personnes que nous accueillons avant tout comme des enfants de Dieu. Nous ressentons la présence du Christ à travers eux » , affirme le P. Camille Millour, aumônier du groupe et vicaire à l’Immaculée Conception. Pour Agathe, 20 ans, qui a rejoint l’équipe après avoir vécu les JMJ de Madrid en 2011, le lien entre cette action de charité et sa foi est évident : « Cet engagement donne du sens à ma foi parce qu’être chrétien ne doit pas se réduire à aller à la messe. » Aujourd’hui, Caroline et Didier discutent avec Raphaël et Agathe de l’économie française ou encore de l’Union européenne. Un peu plus loin, une femme, au visage marqué par les épreuves de la vie, rit aux éclats en évoquant des dessins animés de Walt Disney. Autour du petit-déjeuner, les barrières sociales peuvent tomber. « Au fil du temps, nous tissons des liens forts. Nos échanges nous enrichissent mutuellement et me font relativiser mes soucis personnels », témoigne Lucie, bénévole de 26 ans.
Des échanges profonds
Vers 9h30, c’est l’heure du partage sur l’Évangile du jour. Quatre personnes accueillies sont restées. Cette fois-là, il s’agit d’un passage de saint Matthieu (24, 37-44). Autour de la table, chacun exprime ce qu’il ressent face au texte. Des échanges profonds, sur un pied d’égalité. « Certains participants sont non croyants mais la Bible leur donne l’occasion de parler de sujets profonds. Pendant ce temps, je me rends compte à quel point l’Évangile est universel et peut toucher tout le monde. Il m’aide aussi à tendre vers l’essentiel », commente Lucie. Les cloches sonnent, il est 10h. Après avoir dit au-revoir à leurs invités et rangé la salle, les jeunes bénévoles se rendent à la messe. Eux aussi, ils ont été nourris par ce petit-déjeuner, humainement et spirituellement. • Céline Marcon
Les prénoms des personnes accueillies ont été modifiés.