Paul VI, Discours à la F.A.O. pour son 25e anniversaire

16 novembre 1970

« Nous voulons souligner l’urgence et la nécessité d’un changement presque radical dans le comportement de l’humanité, si elle veut assurer sa survie. »

Développement des potentialités techniques et détérioration inquiétante de l’environnement

La mise en œuvre de ces possibilités techniques à un rythme accéléré ne va pas sans retentir dangereusement sur l’équilibre de notre milieu naturel, et la détérioration progressive de ce qu’il est convenu d’appeler l’environnement risque, sous l’effet des retombées de la civilisation industrielle, de conduire à une véritable catastrophe écologique. Déjà nous voyons se vicier l’air que nous respirons, se dégrader l’eau que nous buvons, se polluer les rivières, les lacs, voire les océans, jusqu’à faire craindre une véritable “mort biologique” dans un avenir rapproché, si des mesures énergiques ne sont sans retard courageusement adoptées et sévèrement mises en œuvre. Perspective redoutable qu’il vous appartient d’explorer avec soin, pour éviter l’engloutissement du fruit de millions d’années de sélection naturelle et humaine (Cfr. Cérès, Revue FAO, vol. 3, n. 3, Rome, mai-juin 1970 : Environnement : les raisons de l’alarme). Bref, tout se tient, et il vous faut être attentifs aux conséquences à grande échelle qu’entraîne toute intervention de l’homme dans l’équilibre de la nature mise dans sa richesse harmonieuse à la disposition de l’homme, selon le dessein d’amour du Créateur (Cf. par exemple Ps. 64,10-14).

Urgence et nécessité d’une conversion de l’humanité. Dominer sa domination

Nous voulons souligner l’urgence et la nécessité d’un changement presque radical dans le comportement de l’humanité, si elle veut assurer sa survie. Il a fallu des millénaires à l’homme pour apprendre à dominer la nature, “à soumettre la terre” selon le mot inspiré du premier livre de la Bible (Gn 1,28). L’heure est maintenant venue pour lui de dominer sa domination, et cette entreprise nécessaire ne lui demande pas moins de courage et d’intrépidité que la conquête de la nature. La prodigieuse maîtrise progressive de la vie végétale, animale, humaine, la découverte des secrets même de la matière aboutiraient-elles à l’anti-matière, et à l’explosion de la mort ? En cette heure décisive de son histoire, l’humanité oscille, incertaine, entre la crainte et l’espoir. Qui ne le voit désormais ? Les progrès scientifiques les plus extraordinaires, les prouesses techniques les plus étonnantes, la croissance économique la plus prodigieuse, si elles ne s’accompagnent d’un authentique progrès social et moral, se retournent en définitive contre l’homme.

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Écologie : notre responsabilité commune envers l’humanité

Le Vatican et l’écologie