Pierre Teilhard de Chardin, un exemple de fidélité envers l’Église
Paris Notre-Dame du 14 mars 2024
La pensée de Pierre Teilhard de Chardin n’a pas fini de nous élever vers Dieu. Grande figure du christianisme du XXe siècle, il a consacré sa vie à réconcilier la science et la foi. Une parole qui résonne encore aujourd’hui. Entretien avec Marie Bayon de La Tour, petite-nièce de Pierre Teilhard de Chardin et vice-présidente de l’association des Amis de Pierre Teilhard de Chardin.
Paris Notre-Dame – Quelle est la spiritualité de Pierre Teilhard de Chardin ?
Marie Bayon de La Tour – Pierre Teilhard de Chardin est prêtre jésuite. Sa particularité est qu’il était aussi un paléontologue et géologue, reconnu comme tel dans le monde. Il est jésuite dans son fonctionnement : le cœur de sa mission est d’être dans le monde et évangéliser le monde, en voulant faire tenir ensemble la science et la foi. Par sa formation, il s’est rendu compte que l’histoire de la Terre est notre histoire. Sa pensée peut se lire en trois temps tuilés : la notion d’évolution, l’homme vu comme phénomène et l’émergence en l’homme du Personnel. Pour lui, l’évolution est la modalité de la Création et se poursuit. L’homme en est la clé car cet homme qui émerge va avoir une conscience. Consciences qui vont pouvoir s’unir en Dieu s’il en fait le choix. Par l’Incarnation, Dieu vient nous rejoindre. Pierre Teilhard a une phrase magnifique : « Il n’a pas ramené à Lui les derniers plis de la Robe de chair et d’amour que lui forment ses fidèles. » Nous sommes libres, mais appelés à constituer le corps du Christ. Pierre Teilhard est inspiré de saint Paul : « Dès la fondation du monde, le Père nous attend. »
P. N.-D. – En quoi son œuvre est-elle encore d’actualité ?
M. B. L. T. – Pour lui, tout est appelé à converger vers le Christ, Celui qui ramène au Père. Cela donne une dimension telle¬ment plus forte à la Création. Je pense que l’écologie gagnerait aujourd’hui à s’inspirer de Pierre Teilhard de Chardin, car l’homme est appelé par Dieu à prendre sa part en tant que co-créateur. Comme beaucoup d’autres, il n’a pas été compris en son temps. L’Église de son époque était très différente de celle que nous connaissons. Il a beaucoup souffert de cette incompréhension mais s’est toujours soumis à Rome. C’est une fidélité de vision, car l’Église lui donnait le Christ, qu’il aimait tant, et il n’était pas question pour lui de la quitter. Nous avons à recevoir de cette attitude, en ces temps où l’Église traverse une crise, où nous pouvons parfois être déçus par elle. La fidélité de Pierre Teilhard de Chardin reste un exemple. Il demeure un témoin fidèle qui nous entraîne vers ce « Christ toujours plus grand » qu’il n’a cessé d’annoncer.
P. N.-D. – Un colloque aura lieu aux Facultés Loyola Paris sur Pierre Teilhard de Chardin, pouvez-vous nous en dire plus ?
M. B. L. T. – Beaucoup ont une idée fausse de sa pensée, car c’est une pensée vaste et en mouvement, la pensée d’un scientifique tourné vers l’avenir et en recherche. Je me rends compte combien, dite à sa juste place, la parole de Pierre Teilhard de Chardin touche vraiment beaucoup. Pour lui, Dieu crée en unissant, la montée vers le Christ entraîne une recherche d’unité, notamment par la charité. Cependant, Teilhard n’élude pas le fait que l’humanité puisse ne pas aboutir. Aussi, pour construire la paix et la démocratie il faut regarder « en avant et en haut » comme il aimait à le dire, c’est-à-dire vers le Christ. Animée par l’espérance si présente chez Teilhard, cette fraternité, qui se vit dans différentes dimensions, est le cœur de notre colloque.
Propos recueillis par Marie-Charlotte Noulens
Pour aller plus loin :
Penser la fraternité aujourd’hui avec Teilhard. Une lecture renouvelée du Phénomène humain.
Colloque les 15 et 16 mars, de 9h à 18h, Facultés Loyola Paris,
35 bis, rue de Sèvres, 6e ;
tél. : 06 35 53 18 23 ;
loyolaparis.fr
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