Pourquoi annoncer le Salut ?

Paris Notre-Dame du 7 avril 2016

Paris Notre-Dame – Depuis quelques décennies, le besoin de salut de l’humanité s’est considérablement transformé. Pourquoi l’homme moderne dans sa toute-puissance, réelle ou supposée, aurait-il encore besoin de Dieu ? Pourquoi devrait-il être sauvé ?

Mgr Éric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris.
© Agnès de Gélis

Mgr Éric de Moulins- Beaufort – Cette question, le concile Vatican II l’a posée ouvertement dans le document Lumen Gentium (constitution sur l’Église). La réponse est qu’il est d’autant plus urgent d’annoncer le salut que nous sommes dans un monde où l’humanité apprend à se soigner, à guérir certaines maladies, à s’organiser politiquement, avec l’espoir de créer un monde plus juste et plus fraternel. Pourquoi, dès lors, attendre un salut qui viendrait de l’extérieur ? Un salut qui vient de Dieu ? Et c’est là que nous découvrons que, dans ce monde sophistiqué, dans lequel l’homme déploie d’immenses capacités techniques, quelque chose est faussé dans le cœur humain. Il faut bien reconnaître que, même si nous ne le voulons pas, nous faisons du mal, parfois même en voulant faire le bien ! Y compris dans des lieux d’affection comme le couple, la famille, la paroisse. Comment sortir de cette fatalité ? Comment créer des relations porteuses de vie pour les uns et les autres ? La réponse est dans la grande promesse du salut voulu par Dieu : celle de nous purifier de telle sorte que nous puissions être, les uns vis-à-vis des autres, dans l’immense diversité des êtres humains, dans une communion porteuse de vie pour l’éternité. Dans ce contexte, le salut est synonyme de guérison, de libération, de renouvellement de la liberté. Ce salut se traduit dans le Christ par la nécessité d’une nouvelle naissance. Toute l’histoire d’Israël le prouve : il ne suffit pas de nous rappeler ce que Dieu veut, il ne suffit pas d’exhorter les hommes à faire le bien, nous avons besoin de cette nouvelle naissance pour espérer entrer dans la vie éternelle, entrer dans la communion de Dieu et entre nous.

P. N.-D. – Si, comme le rappelle Vatican II, Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et que toutes les religions contiennent, enfouies en elles, autant de lumières sur Dieu et sur l’homme, à quoi sert le baptême ?

Mgr É. de M.-B. – Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, et ce salut passe par l’élection d’Israël, peuple auquel Dieu confie une responsabilité qu’il ne confie pas aux autres. Cette responsabilité s’exprime dans la loi de Dieu et aboutit à Jésus comme personnalité unique. Nous croyons que le Christ, par sa mort et sa Résurrection, devient le Seigneur de l’histoire. Ce n’est pas un événement pour quelques juifs seulement. La puissance du salut du Christ s’exerce très au-delà du cercle limité de ses disciples revendiqués. Ce qui relance la question : à quoi sert-il d’être ses disciples ? Ce que le Christ nous apporte et que lui seul, le Fils, peut nous donner, c’est d’entrer dans la filiation de Dieu, de devenir « par lui, avec lui et en lui », fils et filles du Père. À la question « pourquoi devenir chrétien ? » il faudrait préférer « pourquoi ne pas le devenir ? ». Cela ne veut pas dire que tous ceux qui ne sont pas chrétiens soient voués à l’enfer, bien au contraire. Le Christ agit pour sauver tous les hommes. Pour cela les chrétiens sont envoyés dans le monde avec la mission de permettre aux autres hommes de pouvoir vivre de telle manière qu’ils puissent être sauvés. ● Propos recueillis par Priscilia de Selve

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