Présentation par Mgr Laurent Ulrich de ses choix pour l’aménagement liturgique de la cathédrale Notre-Dame de Paris

23 juin 2023

« Ce que je poursuis, dans le choix de ces artistes, c’est de donner à notre cathédrale un mobilier liturgique d’une “noble simplicité”, qui soit le support le plus respectueux et le plus digne pour notre prière, dans le respect de la liturgie de l’Église catholique, capable de toucher le cœur de chaque visiteur y compris en dehors des célébrations, et qui peut se recevoir comme durable dans le temps. »

Préface du dossier de presse par Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris

Depuis le 15 avril 2019, notre cathédrale Notre-Dame de Paris renaît. Dans 18 mois environ, si aucun obstacle ne vient retarder cette échéance, lorsque nous aurons la joie d’y entrer à nouveau pour y célébrer le mystère de notre foi et accueillir largement les visiteurs du monde entier, elle nous apparaîtra dans toute sa splendeur.
Aujourd’hui, il revient à l’archevêque de Paris de choisir le projet de l’artiste qui réalisera le mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris pour sa réouverture à la fin de l’année 2024. Je mesure la responsabilité qui est la mienne. Je ne la prends pas, en ce jour, sans avoir nourri ma réflexion auprès d’experts reconnus dans les domaines de la liturgie, de la conservation des monuments historiques, de la création artistique, et naturellement auprès des plus grands experts de notre cathédrale et ceux qui œuvrent depuis plus de quatre ans à la relever.

C’est le sens de ma décision de m’entourer, à l’automne dernier, d’un Comité artistique pour conduire avec moi la consultation à laquelle ont répondu 69 artistes. Parmi eux, en janvier dernier, j’en ai retenu cinq qui ont travaillé jusqu’à la fin du mois de mai pour préciser leur projet, par écrit, par dessins et par maquettes. Chacun de ces artistes a été accompagné au cours de ces mois ; pour finir, chacun successivement a été auditionné par le Comité artistique qui a pu faire devant moi toutes les observations que suscitaient ces œuvres.

Au début du travail de ces cinq artistes, je leur avais demandé, en raison de la responsabilité propre de l’archevêque, « le grand prêtre de la liturgie de son diocèse » selon l’expression consacré au Concile Vatican II, de travailler leur projet en veillant à ce que je rappelle maintenant.

Le mobilier que nous commandons à l’artiste choisi est constitué de cinq pièces majeures : l’autel, le baptistère, l’ambon, la cathèdre de l’évêque et le tabernacle. La destination et l’usage, ainsi que la localisation de chacune de ces pièces sont précisées dans les pages qui suivent ; si chaque pièce doit montrer de façon claire et lisible sa raison d’être, l’ensemble doit constituer une harmonie qui montre que c’est le mystère même de la foi chrétienne qui est exprimé, ainsi que l’unique vie sacramentelle des fidèles.

J’ajoutais trois indications, majeures de mon point de vue, pour entrer dans la bonne compréhension du travail à faire :

  • Les œuvres présentées devront être respectueuses du lieu, de son histoire, de son fort symbolisme constitué par la mission qu’il a remplie au long des siècles.
  • Les œuvres présentées devront respecter l’esprit de la liturgie catholique, selon les significations et les normes établies à la suite du Concile Vatican II, et présenter un caractère aisément praticable par les ministres et les assemblées qui se réuniront dans la cathédrale.
  • Enfin, nous ne devons pas penser seulement au présent, mais aux générations futures. Il s’agit en effet d’envisager un mobilier qui soit une œuvre d’aujourd’hui, mais puisse se recevoir comme durable :les autels romans, ou ceux de période classique, ont servi souvent pendant des siècles.

Bref, ce qui devait nous être présenté devrait s’inspirer de la « noble simplicité » que revêtent les rites de notre liturgie, selon la Constitution conciliaire sur la sainte liturgie, Sacrosanctum Concilium, et qui s’applique aussi à l’art sacré.

À la réception des travaux qui ont été préparés par les cinq artistes Nicolas Alquin et Marc Alechisnki ensemble, Guillaume Bardet, Pascal Convert, Laurent Grasso et Constance Guisset, j’ai apprécié et mesuré l’immense travail accompli, le désir de répondre aux attentes formulées, la qualité de la recherche entreprise, tant aux points de vue des matériaux choisis que de l’importance accordée aux choix symboliques exprimés dans les textes de présentation et à la réalisation des dessins et maquettes. Lors de cette audition, tous les membres du Comité artistique, avec moi-même, ont été touchés de l’engagement personnel de chacun d’entre eux dans ce travail : la recherche spirituelle, le désir de servir la prière des croyants et d’accompagner la quête intérieure de tous. Manifestement, cette opportunité de concourir à la redécouverte de Notre Dame de Paris a été un moment décisif de leur vie. En ce moment solennel, c’est un grand et sincère remerciement que je désire leur adresser personnellement, mais aussi au nom du Comité artistique et de l’Église diocésaine tout entière.

La richesse des échanges au sein du Comité, que je veux remercier ici d’avoir accepté d’entreprendre cette démarche à mes côtés, m’a conduit à demander à Guillaume Bardet de réaliser les cinq éléments principaux du mobilier liturgique. Sans développer une lecture très approfondie, je voudrais simplement dire quelques raisons fortes de mon choix.

L’ensemble qu’il a construit me paraît présenter des qualités qui se conjuguent bien les unes aux autres et en font un projet cohérent, même si des modifications interviendront pour lui donner encore plus d’unité. Le matériau choisi, le bronze, entre dans un dialogue franc avec l’édifice de pierre, c’est le premier saisissement. Puis s’impose la lisibilité immédiate de chacune des pièces : le surgissement du baptistère dès l’entrée dans la cathédrale ouvre la porte du mystère du Christ ; et le bloc de l’autel, comme une pierre issue de la terre pour le sacrifice, s’apprête en une table fraternelle pour le repas du Seigneur. Mais aussi la pureté des lignes, leur simplicité, est extrêmement accessible voire accueillante ; une puissance de vie, une force apaisée émanent de cette simplicité même. Peu à peu, ces œuvres nous marqueront et toucheront aussi les visiteurs de notre cathédrale, j’en suis sûr.

J’ai également demandé à Ionna Vautrin de réaliser les futures chaises de Notre-Dame. J’avais souhaité que les chaises de Notre-Dame soient « silencieuses », c’est-à-dire qu’elles puissent s’intégrer sans s’imposer dans la cathédrale, tout en garantissant le confort des fidèles. La proposition d’une chaise ajourée, aérienne, m’a paru se conjuguer avantageusement à la fois avec cet impératif, et avec la proposition de Guillaume Bardet pour le mobilier liturgique. Tous deux rejoignent Sylvain Dubuisson, que j’avais déjà retenu pour réaliser le nouveau reliquaire de la Couronne d’épines du Christ, et tous les artistes chargés de travailler sur le chemin de pèlerinage, mais également le son, la lumière, et l’équipement audiovisuel de notre cathédrale.

Leurs œuvres rejoindront, d’ici à l’automne 2024, leur emplacement définitif à l’intérieur de Notre-Dame, que les compagnons, les artisans et les ouvriers restaurent avec passion et courage depuis le lendemain de l’incendie.

À tous, j’adresse mes plus sincères remerciements et mes plus vifs encouragements dans leur mission. Que le Seigneur bénisse le travail de chacun.

+ Laurent Ulrich, archevêque de Paris

Et aussi

 Rencontre avec les membres du comité artistique.
 Rencontre avec Guillaume Bardet, artiste choisi pour le mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris.
 Rencontre avec Ionna Vautrin, artiste choisie pour les chaises de Notre-Dame de Paris.
 Consulter le dossier Incendie de Notre-Dame de Paris.


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