Prêtre, derrière le costume
Paris Notre-Dame du 13 octobre 2022
Il y six ans, Jean Mercier, journaliste à La Vie, touchait la sphère ecclésiale avec son livre Monsieur le curé fait sa crise qui proposait, avec humour, une plongée dans le quotidien d’un curé. La maison Première Partie en propose aujourd’hui un seul en scène destiné à tourner dans les paroisses qui le souhaitent. Un bon moment de détente qui laisse apparaître la vie intime de l’homme derrière le clergyman.
Il arrive, d’un pas alerte, accroché à son téléphone portable. Sa voix est teintée d’inquiétude, sa mine laisse apparaître le trouble et les prémisses du burn out. Le P. Benjamin Buquoy, curé dévoué de la paroisse St-Germain de Villeneuve, répond à chaque appel qui apparaît sur son écran. Il y a Guillemette, la « catho typique », mère de six enfants ; Brigitte qui s’indigne de la manière dont Guillemette choisit et dispose les fleurs de l’église ; Enguerrand, paroissien scandalisé par le rachat d’une chapelle par un « homme issu de l’immigration » ; et, bien sûr, Mgr Vignon, son évêque... Le P. Buquoy prend le temps de parler à chacun, d’écouter les récriminations, d’amorcer des terrains d’entente, de glisser à son supérieur ses désirs intérieurs. On sent le trop-plein, la désillusion qui pointe. « J’en ai marre de gérer des conflits ridicules ou de gérer des problèmes administratifs, finit-il par lâcher. C’est pas pour cela que j’ai signé. Je suis devenu prêtre avec le désir de rapprocher les âmes de Dieu ! »
Mous et remous de la sphère ecclésiale contemporaine
Ce cri du prêtre contemporain, c’est un laïc qui le lançait en 2016. Jean Mercier, alors rédacteur en chef adjoint de l’hebdomadaire La Vie écrivait, de sa plume caustique mais précise, le livre Monsieur le curé fait sa crise (éd. Quasar). Un roman qui reprenait en sous-main les nombreuses confidences de prêtres à ce journaliste spécialiste des questions religieuses en racontant le quotidien du prêtre d’aujourd’hui. À l’époque, le livre avait fait mouche. Il faut dire qu’il parvenait à retranscrire, avec beaucoup d’humour, les mous et remous de la sphère ecclésiale contemporaine. Tout le monde, que ce soit le catho tradi, le bobo écolo ou encore le nostalgique des années 1970, en prenait pour son grade, mais avec bienveillance et respect, toujours. Touché par cette œuvre, Grégory Turpin, chanteur et codirecteur de la maison de production et d’édition Première Partie, a rapidement senti le potentiel de mettre sur scène le texte sous la forme d’un seul en scène. Il en parle, un jour, à Mehdi, comédien connu notamment pour son one man show Coming out, qui le suit dans son idée en lui proposant d’en devenir le metteur en scène. Le texte est alors adapté ; le casting lancé, Reynold de Guenyveau choisi pour en être l’interprète, et le spectacle se monte peu à peu… Jusqu’à être présenté début octobre à St-Honoré-d’Eylau (16e), en partenariat avec le Congrès Mission.
Le pari est assez réussi. Reynold de Guenyveau, par son grand engagement sur scène, parvient à transmettre les émotions que traverse le personnage du livre de Jean Mercier. On rit parfois, sourit souvent. On est surtout touché par le désir, fort, de cet homme qui choisit de claquer la porte de sa paroisse pour renouer avec le cœur même de sa vocation de prêtre. La mise en scène est parfois un peu trop appuyée, mais elle permet tout de même au fidèle, quel qu’il soit, de passer un bon moment de détente, tout en approchant la pâte (et l’âme) humaine qui se cache derrière la figure du prêtre.
Isabelle Demangeat @LaZaab
Pratique
Après avoir été donné pour la première à St-Honoré-d’Eylau (16e), le spectacle Monsieur le curé fait sa crise sera donné les 18 et 19 octobre, à 20h45, à l’église St-Symphorien de Versailles (Yvelines) et le 20 octobre, à 20h30, à l’église N.-D. du Perpétuel-Secours d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Pour le faire venir dans sa paroisse : contact@mrlecure-spectacle.fr
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